François Hollande sur TF1 : comment il a tenté de reconquérir l'opinion

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Jean-Michel Comte
Publié le 07 novembre 2014 - 00:17
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François Hollande a dressé le bilan de sa première moitié de quinquennat, jeudi soir sur TF1.
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A mi-mandat, François Hollande était jeudi soir "en direct avec les Français", titre de l'émission exceptionnelle de TF1 et RTL dans laquelle le chef de l'Etat s'est expliqué sur le bilan de sa moitié de quinquennat. Et a tenté de donner un second souffle à son action, pour la seconde moitié qui reste.

Président le plus impopulaire de la Ve République (12% d'opinions favorables selon le dernier sondage YouGov France pour Le Huffington Post et i>Télé), François Hollande a tenté jeudi soir, à mi-mandat, de reconquérir une partie de l'opinion et de lutter contre le pessimisme ambiant.

"Ce que n'accepte pas, ce que je n'accepterai jamais, c'est qu'on touche à la France", a dit le chef de l'Etat, volontariste, lors d'une émission en direct sur TF1 et RTL. Une France qu'il veut "plus forte, plus juste, plus cohérente" en 2017, dans 30 mois, à la fin de son mandat.

Interrogé par les journalistes Thierry Demaizière, Gilles Bouleau et Yves Calvi ainsi que par quatre Français sélectionnés par TF1, François Hollande a reconnu que le terme de "président normal" qu'il avait employé lors de sa campagne de 2012 avait perdu son sens dès les premières semaines de sa fonction "exceptionnelle". Mais "je ne me plains jamais" et "je me cramponne", a-t-il dit, "je dois avoir le cuir tanné, je dois être serein, je dois avoir du sang-froid".

Sur le fond, il n'a fait que quelques annonces, dont aucune vraiment spectaculaire. Pour l'ensemble des Français, la plus retenue sera sans doute un "engagement solennel" concernant les impôts: "à partir de l'année prochaine, il n'y aura pas d'impôt supplémentaire sur qui que ce soit".

Sur l'emploi, il a reconnu avoir commis une erreur en promettant d'inverser la courbe du chômage avant 2013. Il a annoncé pour les jeunes "15.000 emplois d’avenir supplémentaires dans les emplois verts, sans conditions de diplômes", et pour les seniors des contrats aidés leur permettant d'avoir davantage de trimestres de cotisations pour parvenir à la retraite en tant que salariés et non en tant que chômeurs.

En matière d'éducation, il a rappelé l'ambition du gouvernement de lancer "un grand plan numérique" qui permettra d'enseigner l'informatique aux élèves et se traduira par l'octroi, dès la rentrée 2016, d'une tablette numérique à chaque élève entrant en 5ème.

Il s'est dit favorable à une extension du service civique existant, qui a remplacé le service militaire et qui est peu développé. Il s'agirait de mettre en place un "service civique universel", qui concernerait les 16-25 ans, sous la forme de "périodes de deux à trois mois", non rémunérées, "dans les hôpitaux, les maisons de retraite, auprès de jeunes". Ce service civique universel ne serait "pas obligatoire dans un premier temps, mais on pourrait le rendre obligatoire à l'occasion d'un référendum".

Il a terminé l'émission par une dernière annonce, pour tenter de redonner une vision d'avenir à un pays qui doit "prendre confiance en lui": il s'est dit favorable à la candidature de Paris à l'accueil des Jeux olympiques de 2024 –ce qui n'enthousiasme pourtant pas l'actuelle maire socialiste de la capitale Anne Hidalgo- et à la candidature de la France à l'organisation de l'Exposition universelle de 2025.

Pressé par les journalistes, il n'a par ailleurs pas annoncé s'il avait ou non l'intention de se représenter à la présidentielle de 2017. Mais a clairement réaffirmé que ce serait non si, d'ici là, le chômage n'avait pas baissé -comme il l'avait déjà laissé entendre le 18 avril dernier, en marge d'un déplacement à Clermont-Ferrand pour visiter les usines Michelin.

A propos de la mort du militant écologiste Rémi Fraisse lors d'une manifestation près du barrage de Sivens (Tarn) le 26 octobre, le chef de l'Etat a assuré que "toute la vérité sera faite". Et, interrogé sur les otages français, il a affirmé que l'annonce de la mort de l'alpiniste Hervé Gourdel, décapité le 21 septembre par des djihadistes en Algérie, avait été "le pire jour de mon quinquennat".

Les quatre Français qui l'ont interrogé (une chômeuse senior, une chef d'entreprise, un jeune diplômé sans emploi et une assistante maternelle venue défendre le milieu rural) ont eu un dialogue direct avec le chef de l'Etat, marqué essentiellement par les questions de l'emploi, des charges des entreprises et des complications administratives de toutes sortes que rencontrent les Français tous les jours. "Vous avez cinq millions de chômeurs, la maison brûle, il faut rénover les choses", lui a assené la plus virulente des quatre, la chef d'entreprise, Karine Charbonnier, qui a plaidé pour une simplification des formalités et un abaissement des charges des entreprises.

Plus politiques, les journalistes ont donné l'occasion au chef de l'Etat de dire son inquiétude à propos de la montée du Front national et de l'éventualité de la présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017, comme cela avait été le cas pour le duel Jacques Chirac/Jean-Marie Le Pen en 2002: "j'ai une responsabilité", celle d'éviter cela, a-t-il dit, car parfois "ce qu'on croit impossible un jour devient réalité un autre jour".

Enfin, sur la dégradation de la fonction présidentielle provoquée par les révélations sur sa vie privée, il a jugé que la responsabilité en était "collective" –celle de la presse et la sienne. La photo du magazine Closer le montrant sur un scooter avec un casque avant un rendez-vous présumé avec Julie Gayet?  "Est-ce que j’ai souhaité cette photo? (…) Il y a la vie privée, et si j’ai pu faire des erreurs, je les reconnais".

Le livre de son ex-compagne Valérie Trierweiler l'accusant de traiter les pauvres de "sans-dents"? "Il y a une nécessité d'être soi-même. Je suis moi-même". Pour le reste, il s'est refusé à entrer dans les détails de "ce qui me paraît l'écume –pour ne pas dire autre chose- des choses".

 

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