Les "gilets jaunes" enregistrent leur plus faible mobilisation pour l'"acte 21"

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Par Marie GIFFARD - Paris (AFP)
Publié le 06 avril 2019 - 06:00
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Manifestation de "gilets jaunes" sur les Champs Elysées, à Paris, le 16 mars 2019
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© Zakaria ABDELKAFI / AFP/Archives
Manifestation de "gilets jaunes" sur les Champs Elysées, à Paris, le 16 mars 2019
© Zakaria ABDELKAFI / AFP/Archives

Pour leur 21ème samedi de mobilisation contre la politique sociale et fiscale du gouvernement, les "gilets jaunes" ont enregistré la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement, selon le ministère de l'Intérieur, à deux jours du compte-rendu du grand débat national.

Selon l'Intérieur, dont les chiffres sont contestés chaque semaine par le mouvement, les manifestations ont rassemblé 22.300 personnes en France, dont 3.500 à Paris. Le ministère avait comptabilisé 33.700 participants la semaine dernière, dont 4.000 à Paris.

C'est, selon la même source, le plus faible niveau de participation depuis le premier samedi de revendications, le 17 novembre. 282.000 personnes avaient alors manifesté dans toute la France, un chiffre jamais dépassé.

Sur la page Facebook du "Nombre jaune" qui décompte les manifestants, les "gilets jaunes" ont revendiqué une "première estimation basse" de 73.420 participants en France.

Partout sur le territoire, les manifestations se sont déroulées sans incident majeur.

A Paris, le principal cortège, parti de la place de la République, a rallié l'esplanade du quartier d'affaires de la Défense, à l'ouest. Les manifestants venus dénoncer "l'art de l'optimisation fiscale" se sont rassemblés sur les marches de la Grande arche avant de se disperser, dans le calme, en fin d'après-midi.

"La Défense, c'est le symbole du capitalisme à outrance, le siège des grandes entreprises qui s'en mettent plein les poches sur notre dos et grâce à nous", a résumé Valérie, 50 ans, qui souhaite "un retour de l'ISF", l'impôt sur la fortune. "C'est la fin du système capitaliste. Il est mort. Nous le célébrons", a commenté sur place le chanteur Francis Lalanne, vêtu d'un gilet jaune.

En chemin, quelques manifestants avaient brièvement tenté de descendre sur le périphérique, avant d'être rapidement repoussés par les forces de l'ordre à l'aide de tirs de gaz lacrymogène.

L'appel à cette manifestation avait été relayé notamment par Eric Drouet, l'une des figures du mouvement. Ce chauffeur routier a été verbalisé samedi matin à proximité des Champs-Elysées pour "participation à une manifestation interdite", selon une source policière. Une amende "due à ma notoriété et ma présence sur les Champs", a-t-il affirmé sur Facebook.

- 15.000 contrôles préventifs à Paris -

Les interdictions de manifester sur les Champs-Elysées, la place de l'Etoile, ainsi que dans un vaste périmètre comprenant l'Elysée et l'Assemblée nationale, avaient été reconduites après les violences du samedi 16 mars.

A 18H30, la Préfecture de police de Paris recensait 43 interpellations, 14.919 contrôles préventifs et neuf verbalisations dans le périmètre interdit.

Un autre cortège parisien, au parcours déclaré comme le premier et composé d'une centaine de personnes selon l'AFP, de 400 personnes selon une organisatrice, Sophie Tissier, a rejoint dans le calme le bassin de la Villette, au nord-est.

"On veut une démocratie un peu plus ouverte", y explique Thomas Fleury, 28 ans et auto-entrepreneur dans l'immobilier, venu en famille. Pour lui, le grand débat était "une bonne idée de Macron" mais "ça a été mal fait", "Macron était trop ambigu dans ses réponses".

A Rouen, où un appel à un rassemblement national avait été lancé, moins d'un millier de personnes ont manifesté et des échauffourées ont éclaté entre CRS et manifestants cagoulés et vêtus de noir, du mobilier urbain a notamment été dégradé.

D'autres cortèges de "gilets jaunes" ont défilé dans plusieurs villes, comme à Nice, Forbach ou Nantes, où la manifestation - environ 400 personnes, a constaté l'AFP - a été dispersée à l'aide de gaz lacrymogène au niveau d'une fête foraine dont les manèges ont momentanément fermé.

A Toulouse, où le cortège était moins fourni que les semaines précédentes, l'AFP a recensé entre 1.200 et 1.500 manifestants, qui ont défilé dans le calme. Ils étaient 1.300 à Montpellier selon la préfecture, ou entre 1.000 et 2.000 à Lille où le cortège a été émaillé d'incidents.

A Bordeaux, les manifestants étaient également moins nombreux que d'habitude, 1.500 selon une source proche du dossier. A Lyon, quelques centaines de "gilets jaunes" ont défilé dans un parcours contenu par les forces de l'ordre, qui ont tiré "quelques gaz lacrymogènes", selon la préfecture. A Dijon où des dégradations ont été constatées, "des billes d'acier" ont été tirées sur les forces de l'ordre et des "projectiles" sur le tram, a dit la préfecture.

En Corrèze, quelque 300 personnes ont manifesté dans le calme sur le barrage hydro-électrique de Bort-les-Orgues, afin de dénoncer ce qu'ils estiment être une possible privatisation des barrages français et "la vente de la France à la découpe".

A Saint-Nazaire enfin, en Loire-Atlantique, plusieurs dizaines de délégués venus de toute la France se sont retrouvés pour la seconde "Assemblée des assemblées". Ils y ont évoqué l'idée - loin de faire l'unanimité parmi eux - de construire des listes pour les municipales d'ici 2020.

Lundi est prévu le compte-rendu du grand débat national, sur la base de l'immense masse de contributions des citoyens, sur laquelle travaillent depuis des semaines plusieurs organismes.

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