Loi travail 2017 : une réforme contre le chômage qui oublie l'essentiel

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Victor Lefebvre
Publié le 31 août 2017 - 17:04
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La ministre du Travail Muriel Pénicaud et le Premier ministre Edouard Philippe, le 24 juillet 2017 à
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© bertrand GUAY / AFP/Archives
Le gouvernement souhaite "lever les freins à l'embauche", mais en oublierait presque le problème de la croissance.
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La fameuse réforme du code du travail voulue par le gouvernement a été présentée ce jeudi. Mais alors qu'elle est censée lutter contre le chômage en redonnant aux entrepreneurs l'envie d'embaucher, elle semble avoir omis un détail: le besoin d'embaucher dans la situation économique actuelle.

Le gouvernement a dévoilé ce jeudi 31 le contenu des cinq ordonnances réformant le code du travail. Une mesure censée permettre de lutter contre le chômage. Ou plutôt  à "favoriser l'embauche", à en "lever les freins", à "rassurer les entreprises", formules régulièrement utilisées par l'exécutif, et pour cause.

Car, sans même s'interroger sur sa portée sociale, cet ensemble de mesures -"qui peuvent paraître techniques" a reconnu Edouard Philippe- semble méconnaître l'élément principal de la lutte contre le chômage: la demande.

Même dans un monde dans lequel rien ne serait plus facile et bon marché qu'embaucher, aucun employeur ne le ferait par plaisir. Il apparaît incontestable qu'il doit avoir besoin de main-d'œuvre, besoin de développer son activité en raison de carnets de commandes remplis ou d'un marché porteur, et pas seulement la seule possibilité d'embaucher. L'offre de travail n'a pas seulement besoin d'être abordable, elle doit répondre à une demande. Cette même demande en berne dans un pays à la croissance encore molle (0,5% au deuxième trimestre, pour 1,4% d'acquis de croissance).

De même, la partie de la réforme destinée à limiter l'inquiétude au moment de l'embauche (plafonnement des indemnités prud'homal, exception de bonne foi pour le vice de forme) ne rend pas celle-ci nécessaire. "Aucun employeur n'embauche un salarié dans le but de le licencier", a justement rappelé Muriel Pénicaud ce jeudi.

Certes, ces mesures peuvent rassurer les chefs d'entreprises, notamment des plus petites pour qui l'administratif peut vite être un poids, et peut-être aussi casser l'image technocratique et contestataire de la France auprès des investisseurs étrangers comme l'ont défendu Edouard Philippe et sa ministre du Travail.

Mais encore une fois, faciliter n'est pas rendre nécessaire. Les jurisprudence de la baisse de la TVA dans la restauration et l'efficacité mitigée (ou du moins contestée) du CICE de François Hollande le montrent bien.

Cette réforme largement mise en avant en ce début de quinquennat apparaît donc bien maigre vue sous cet angle. Et maintenant que l'effet d'annonce est passé, le gouvernement semble le reconnaître: "le droit du travail n'est pas la première cause de chômage en France", a précisé le Premier ministre, tout en jugeant qu'il ne favorise pas non plus les embauches. Il a rappelé la nécessité de "traiter toutes les causes" pour "avancer sur l'emploi". Et d'évoquer après les ordonnances les autres mesures à venir sur la baisse du coût du travail (cotisations salariales) et la formation. Reste à voir l'impact que cela aura.

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