Municipales : après une campagne chaotique, scrutin serré en vue à Paris

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Par Pierre DONADIEU - Paris (AFP)
Publié le 08 mars 2020 - 09:30
Mis à jour le 09 mars 2020 - 11:18
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L'Hôtel de Ville de Paris, le 4 février 2020
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© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives
Anne Hidalgo (g) et Rachida Dati (d), candidates à la mairie de Paris, avant le débat télévisé le 4 mars 2020 dans les studios de télévision de LCI à Boulogne-Billancourt
© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives

Après une campagne animée par un scandale sexuel et des divisions dans le camp du parti présidentiel, le scrutin municipal s'annonce serré et indécis à Paris, où la candidate du chef de l’État pourrait jouer les arbitres entre la droite et la gauche.

L'élection à Paris, capitale d'un pays encore très centralisé revêt une véritable dimension nationale, en France.

"Paris a une image particulière dans le monde. Son maire reçoit des personnalités étrangères et a une petite activité diplomatique", souligne à l'AFP l'analyste politique Jérôme Sainte-Marie.

A quelques jours du premier tour, le 15 mars, difficile de prédire qui s'installera dans le fauteuil de maire.

La sortante Anne Hidalgo (gauche) et sa rivale de droite Rachida Dati (LR, droite) sont en effet au coude à coude dans les sondages avec 25% d'intentions de vote.

Un peu plus loin (18%), la candidate de la majorité présidentielle (La République en Marche, LREM), Agnès Buzyn espère encore rattraper son retard.

L'ex-ministre de la Santé, a remplacé au pied levé, à un mois du scrutin, Benjamin Griveaux, contraint à la démission après la diffusion de vidéos intimes.

Avant ce scandale, le parti présidentiel avait dû faire face à la candidature de Cédric Villani, un de ses députés, qui a choisi de faire dissidence.

Une campagne délicate donc pour une formation politique arrivée largement en tête (35%) à Paris au premier tour de la présidentielle, il y a trois ans et qui rêvait donc de conquérir la capitale.

"Il y a un paradoxe. Paris c'est la ville d'En Marche par excellence: une population aisée, diplômée, qui se projette positivement dans la mondialisation. Mais la grande surprise c'est l'échec de la campagne qui s'est d'abord traduite par une division", pointe M. Sainte-Marie.

A Paris, où les manifestations des gilets jaunes ou des opposants à la réforme des retraites secouent la ville depuis plus d'un an, le camp du chef de l'Etat risque aussi d'être confronté au vote sanction.

"Les élections municipales ont toujours été un vote sanction contre le parti au pouvoir. Il y a quand même une tendance des électeurs à voter en fonction du climat général et donc de donner une sorte d'avertissement à Emmanuel Macron", décrypte Jean Garrigues, historien et enseignant à Sciences Po.

- Tous contre Hidalgo ? -

Mais la sortante, Anne Hidalgo, dont le bilan est loin de faire l'unanimité, n'est pas non plus à l'abri d'un vote sanction d'une partie des Parisiens.

"Il y a eu beaucoup de controverse dans le débat public sur les travaux importants qui ont été réalisés par Anne Hildago. La circulation a été très difficile pendant de nombreux mois et ça a cristallisé beaucoup d'opposition contre elle", rappelle l'analyste politique Bruno Cautrès.

"Dans une élection municipale, il y a un aspect concret de la vie quotidienne qui entre en jeu", renchérit Jean Garrigues.

Sécurité, propreté et environnement sont les principaux thèmes qui s'invitent dans le débat.

La saleté des rues et la prolifération de rats dans la ville touristique font notamment partie des critiques adressées à la maire sortante qui a promis un milliard d'euros par an pour corriger le tir.

"La première demande des Parisiens, c'est la tranquillité et la propreté", résume son adversaire Rachida Dati qui propose notamment de presque quadrupler le nombre de caméras de vidéosurveillance pendant son mandat.

L'enjeu pour Mme Hidalgo sera aussi de maintenir derrière elle l'électorat de gauche dans des arrondissements clés, dans le nord et l'est de la capitale et qui connaissent des problèmes de toxicomanie, campements illégaux de migrants et une hausse de la délinquance.

"Au cours des deux dernières années le nombre de délits a été en très forte augmentation à Paris, donc forcément la question de la sécurité devient un enjeu important de la campagne", note M. Cautrès

Au soir du premier tour, le 15 mars, se posera l'inévitable question des alliances. Seules les listes ayant obtenu plus de 10% des suffrages peuvent se maintenir au second tour.

Si Anne Hidalgo devrait pouvoir compter sur les voix de la gauche radicale voire des écologistes, la question d'une alliance entre la droite et LREM pourrait venir rebattre les cartes.

"Aujourd'hui, le vote à Paris est très dispersé. Il y a des incertitudes. Si les scores entretiennent l'espoir de renverser Hidalgo, ça peut ouvrir le jeu à des négociations entre LR et LREM qui prospèrent sur la même sociologie (d'électeurs) à Paris", conclut Jérôme Sainte-Marie.

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