Réseaux sans souci

Auteur(s)
Lauriane Bernard, France-Soir
Publié le 20 octobre 2023 - 16:31
Image
Réseaux émeutes
Crédits
F. Froger / Z9 pour France-Soir
Le gouvernement doit bien être obligé de constater que les réseaux sociaux n’ont pas été le vecteur de haine que beaucoup prétendent.
F. Froger / Z9 pour France-Soir

FRANCE - Le 5 octobre dernier, alors que la loi sur la régulation de l'espace numérique (SREN) était à l’étude à l’Assemblée nationale, le ministre Jean-Noël Barrot a avoué, après avoir mené l’enquête, que “parmi les contenus liés aux émeutes publiés sur les réseaux sociaux, les dénonciations des violences et les appels au calme étaient huit fois plus importants en volume que les incitations à la violence et à la haine”. 

Que n’avons-nous pas entendu à propos du rôle joué par les réseaux sociaux dans les émeutes après la mort du jeune Nahel ? Emmanuel Macron lui-même n’avait pas de mots assez durs. Dans un discours remarqué donné le 4 juillet, le chef de l‘Etat avait évoqué l’idée de pouvoir mettre en place des mesures de blocage des réseaux en cas de violences urbaines. Dans le viseur d’Emmanuel Macron : Snapchat et TikTok où s'organisaient, d’après lui, « des rassemblements violents”, et où serait encouragé “une forme de mimétisme de la violence”. Seulement, après enquête, le gouvernement doit bien être obligé de constater que les réseaux sociaux n’ont pas été le vecteur de haine que beaucoup prétendent. 

Un groupe de travail parlementaire constitué

Ce constat a été dressé lors de l’examen de la loi SREN à l’Assemblée nationale ce mois d’octobre. Le 5 du mois, le député Victor Habert-Dassault a déposé un amendement afin de forcer les plateformes à retirer des contenus "incitant de manière manifeste à l’émeute, à l’atteinte aux bâtiments publics ou à l’atteinte aux personnes“ en seulement deux heures. Il reprenait là la proposition du sénateur Patrick Chaize faite le 5 juillet lors du premier examen du texte en chambre haute. 

A ce moment, le ministre avait incité le sénateur à retirer son amendement en avançant le risque d’inconstitutionnalité. Le dispositif ressemblait effectivement à la loi Avia, censurée le 24 juin 2020 par le Conseil constitutionnel. Le parlementaire avait cependant lourdement insisté et refusé de “lâcher” son texte, à tel point que le ministre avait dû demander une suspension de séance. De retour dans l’hémicycle, Patrick Chaize avait retiré sa proposition mais exigé qu’un groupe de travail se penche sur l’impact des réseaux sociaux sur les émeutes.

“15 % des contenus diffusés sur les réseaux durant cette semaine étaient liés aux violences urbaines”

Ainsi, pour écarter à nouveau l’amendement, cette fois porté par le député Victor Habert-Dassault, le ministre du numérique n’a eu d’autre choix que de mentionner les conclusions observées par ce fameux groupe de travail. “Nous avons tous le sentiment que les réseaux sociaux ont, d’une manière ou d’une autre, joué un rôle lors des épisodes de violences urbaines de juin et juillet derniers, qui ont motivé le dépôt de cet amendement » argue-t-il, avant de poursuivre : “Nous manquions d’éléments tangibles permettant de mesurer le rôle des réseaux sociaux lors de la semaine de la fin du mois de juin et du début du mois de juillet (…). Nous avons obtenu des données montrant que 15 % des contenus diffusés sur les principaux réseaux sociaux durant cette semaine étaient liés aux violences urbaines : c’est considérable, mais ce n’est pas 100 %. Nous avons ensuite affiné ces données et constaté que, parmi les contenus liés aux émeutes, les dénonciations des violences et les appels au calme étaient huit fois plus importants en volume que les incitations à la violence et à la haine.” 

À LIRE AUSSI

Image
info
Médiatisation de la mort de Nahel, liberté d'expression et complotistes "dernier échelon"
ÉDITO - Comme annoncé dans un édito précédent, “Dans une ‘démocratie défaillante’, que peut signifier ‘Justice pour Nahel’ ?”, jetons un regard critique sur ce que dis...
09 juillet 2023 - 19:45
Opinions
Image
TP Loi et Politique
La majorité insiste pour mettre fin à l'anonymat sur les réseaux sociaux
La majorité revient à la charge pour tenter de mettre un terme à l'anonymat sur les réseaux sociaux, un sujet qui s'inscrit dans le besoin de plus en plus prégnant de ...
02 octobre 2023 - 21:30
Politique
Image
Macron
Émeutes : Macron songe à une coupure des réseaux sociaux, "comme la Chine, l'Iran et la Corée du Nord" ?
CENSURE - Emmanuel Macron en remet une couche. À peine une semaine après avoir réuni les responsables en France des réseaux sociaux, le président de la République a ou...
06 juillet 2023 - 09:30
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.