Yann Moix antisémite ? Nouvelles révélations troublantes

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PP.
Publié le 26 août 2019 - 19:01
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L'écrivain français Yann Moix devant le restaurant Drouant après avoir reçu le prix Renaudot, le 4 novembre 2013 à Paris
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© ERIC FEFERBERG / AFP/Archives
Yann Moix a reconnu être l'auteur des dessins antisémites.
© ERIC FEFERBERG / AFP/Archives

Au cœur d'une polémique sur la réalité des violences familiales qu'il aurait subies, ou infligées, Yann Moix est de nouveau éclaboussé par un scandale. Ce lundi 26, L'Express publie des dessins négationnistes que Yann Moix reconnait avoir réalisés pour une feuille de chou estudiantine il y a près de 30 ans. Ce n'est pas la première fois que l'écrivain est accusé d'antisémitisme.

L'Express publie ce lundi une enquête signée par Jérôme Dupuis sur la participation de l'écrivain Yann Moix à une sulfureuse publication négationniste, dont l'hebdomadaire publie des extraits. Une feuille de chou amateur d'étudiants dans laquelle l'auteur d'Orléans, son nouveau roman, reconnaît avoir publié des dessins à l'antisémitisme crasse il y a une trentaine d'années. Mais si Yann Moix nie farouchement toute haine des Juifs en réponse à L'Express, ce n'est pas la première fois qu'il est la cible de telles accusations.

"Chacun sait que les camps n'ont jamais existé"; Bernard-Henri Lévy qualifié de "philosopheux coprophage et sodomite sioniste au nez long, dont le crâne n'a pas été rasé par les amis d'Adolf, etc."; "les six millions de Juifs soi-disant morts dans les camps en carton-pâte que la Metro Goldwyn Mayer a fait construire pour le compte de quelques Juifs avides de pognon...": la violence antisémite et négationniste des écrits de cette publication dont trois numéros sont parus en 1989-1990, n'a d'égal que celle des dessins qui les accompagnent et que révèle L'Express (voir ici). Jusqu'à son nom, "Ushoahia", affublé d'une étoile de david sur le "i", tout y respire la haine.

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Or, Yann Moix reconnaît avoir été l'auteur de ces dessins (mais pas des textes, malgré des indices troublants), mais se retranche derrière une tentative d'humour raté, expliquant que le jeune homme "mal dans (sa) peau" qu'il était cherchait à choquer, se "rêv(ant) en Reiser, en Vuillemin, en dessinateur satirique, choquant".

"Ce sont des dessins ratés, parce qu'ils sont méchants sans être drôles. Et que je pense être gentil et avoir de l'humour. J'aurais pu dessiner de belles choses, avoir de l'ambition. Mais à l'époque, je broyais du noir. Je me suis fourvoyé dans un humour gras, inadmissible, que je condamne fermement aujourd'hui. L'humour pas drôle peut blesser", se défend Yann Moix dans L'Express. N'oubliant pas au passage d'égratigner son frère (qui l'accuse de maltraitance lorsqu'ils étaient enfants), affirmant qu'il savait que celui-ci "finirait par contacter des journalistes pour leur refiler ces pages". "L'Express laisse évidemment à Yann Moix la responsabilité de ces propos", précise à ce sujet l'hebdomadaire…

Si Yann Moix se défend avec force de tout antisémitisme, ce n'est pourtant pas la première fois qu'il est accusé de négationnisme. Un "secret de polichinelle", réel ou supposé, dont bruissent les cercles parisiens, s'appuyant sur ces clichés de l'auteur avec des personnages de l'extrême droite la plus radicale, comme le blogueur et ancien cadre du FN Alain Soral (ex-proche de Marine Le Pen et ami de Dieudonné notamment) ou l'ancien leader du GUD devenu prestataire du parti lepéniste Frédéric Chatillon.

En compagnie de Yann Moix: Paul-Eric Blanrue (en haut à gauche), Frédéric Chatillon (en haut à droite), Alain Soral (en bas à gauche, mimant semble-t-il un salut nazi).

Surtout, Yann Moix a déjà accolé son nom à une initiative menée par des antisémites. Il s'agit d'une pétition contre la loi Gayssot, réprimant les actes racistes, antisémites ou xénophobes, en 2010 qualifiée à l'époque de "véritable Bottin mondain négationniste, Greciste et/ou nationaliste révolutionnaire, le tout complété par quelques «plumes» de Riposte Laïque (blog d'extrême droite, NDLR)" par les journalistes du Monde Caroline Monnot, Abel Mestre et Olivier Faye (source). Ainsi au premier rang de ces signataires sulfureux figure feu Robert Faurisson, l'illustre négationniste, ainsi que sa galaxie de proches et adeptes. Mais aussi des amis de la famille Le Pen tel les gudards Frédéric Chatillon et Axel Loustau, des proches de Dieudonné et Serge Ayoub (dit "Batskin", figure tutélaire du mouvement skinhead raciste français) et des identitaires de la Ligue du Midi (de la famille Roudier) ou de Nissa Rebella (qu'a dirigé Philippe Vardon, désormais candidat RN à la mairie de Nice pour les municipales de 2020)...

Or, parmi cet aéropage apparaissait le nom de Yann Moix, rangé dans la catégorie des "idiots utiles" par Le Monde, aux côtés de Robert Ménard, déjà ex-président de RSF mais pas encore élu apparenté RN, ou encore du philosophe libertaire américain Noam Chomsky.

Le romancier avait dénoncé un "piège" sur son blog de l'époque. "J’ai été contacté il y a quelques jours au sujet d’une pétition contre la loi Gayssot dont Robert Badinter devait être le signataire vedette. On m’a promis un Robert (Badinter) mais, hélas, j’ai découvert un tout autre Robert, in fine, sur la liste: Faurisson!", écrivait-il.

Une version mise à mal quelques années plus tard par l'initiateur de la pétition en personne, l'écrivain négationniste Paul-Eric Blanrue. Les deux hommes ont entretenu une proximité que Yann Moix a reconnue après des révélations de presse (Blanrue a par exemple joué dans le film Podium de Moix). Une amitié enterrée depuis plusieurs années semble-t-il, mais qui reposait selon Blanrue sur un amour commun des femmes et de la fête, mais aussi des diatribes privées "transgressives"…

Paul-Eric Blanrue n'a "jamais été un ami" a pour sa part répondu Yann Moix, affirmant avoir découvert plus tard "un type devenu complotiste, révisionniste, négationniste".

Edit: La proximité entre Yann Moix et Frédéric Chatillon est elle aussi niée par le romancier. La photo des deux hommes serait ainsi un "visqueux piège" tendu par l'ancien chef du GUD, avait dénoncé l'auteur sur son compte Facebook en 2016, juste après la publication de la photo par Chatillon.

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