Bruxelles : retour sur une manifestation anti-restrictions sous tension

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FranceSoir
Publié le 24 janvier 2022 - 17:54
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Manifestation contre les restrictions sanitaires à Bruxelles, le 23 janvier 2022.
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HATIM KAGHAT / BELGA MAG / AFP
Des affrontements entre des manifestants contre les restrictions sanitaires et la police, le 23 janvier 2022, à Bruxelles (Belgique).
HATIM KAGHAT / BELGA MAG / AFP

Des manifestants venus de toute l’Europe se sont déplacés à Bruxelles ce dimanche pour exprimer leur opposition aux restrictions sanitaires. Si le cortège s’est élancé dans le calme, le rassemblement a rapidement donné lieu à des échauffourées près du siège de l’Union européenne.

Il s’agit de la plus importante des manifestations dans la capitale belge au cours des derniers mois. Plusieurs collectifs de Gilets jaunes et des organisations venues de plusieurs pays européens se sont rendus dans la ville ce 23 janvier. Parmi les organisateurs, outre 600 associations locales européennes, World Wide Demonstration for Freedom et Europeans United for Freedom, qui attendaient près de 100 000 manifestants. S'ils ont rapporté un chiffre de 500 000 participants à l'évènement, de leur côté, les autorités ont déclaré qu'ils étaient environ 50 000 à défiler, rapporte le quotidien belge Le Soir.

« C’est incroyable, l’affluence. Mais j’ai un double sentiment à ce sujet. D’un côté, je suis heureux de voir tant de personnes réunies. D’un autre côté, je suis malheureux parce que ces personnes sont ici parce qu’elles ne sont pas entendues. Il y a un gros problème démocratique », a déclaré Tom Meert, président de Europeans United, rapporte le média belge Metro.

Des drapeaux néerlandais, polonais, français et roumains étaient aussi visibles dans le cortège.

Plus de 230 personnes ont été arrêtées en marge de la manifestation, relate Le Soir. Pour la ministre de l'Intérieur belge Annelies Verlinden, il s'agit de personnes issues de l'extrême-gauche et de l'extrême-droite. Selon la ministre, la police analyse en ce moment les images des caméras afin d’identifier d’autres contrevenants.

Retour en images sur la manifestation

Vers 14 h, de nombreux manifestants se trouvaient dans le parc du Cinquantenaire, situé à côté des institutions de l’Union européenne.

Vers 14 h 30, des premiers heurts entre manifestants et forces de l'ordre sont survenus au niveau de la rue de la Loi, derrière le parc du Cinquantenaire. Sur les images prises par le reporter de RT France Charles Baudry, il est possible de voir des jets de projectiles d'un côté et des gaz lacrymogènes de l'autre.

La mouvance de gauche radicale antifa était également présente à la manifestation, prenant à partie des policiers.

De son côté du rassemblement, la généticienne Alexandra Henrion-Caude a déploré des agressions policières contre une foule pacifique.

Un membre de notre équipe présent sur place a rapporté que les policiers ont gazé le Pr Perronne et Me Protat, les empêchant d'accéder à la scène depuis laquelle ils devaient prononcer un discours.

Certains manifestants ont également tenté d’ériger des barricades.

Les images du journaliste indépendant Amar Taoualit montrent les policiers qui essaient sans succès de procéder à l'évacuation des lieux. Certains manifestants forcent le barrage de la police.

Sur les images de Rémi Buisine, journaliste au média Brut, on peut aussi voir les manifestants se servir du mobilier urbain pour « ralentir les policiers ».

Un peu plus tard, des policiers, bombardés de barrières métalliques, ont trouvé refuge dans une station de métro.

Le siège du Service européen pour l'action extérieure (SEAE, organe de l'Union européenne) a été aussi pour cible par les manifestants, certains policiers à l'intérieur étant eux-mêmes pris à partie.

Par ailleurs, d’après la radio RTL, des protestataires masqués ont brisé une vitre à l'entrée du siège des Affaires étrangères de l'UE. Les manifestants portaient des pancartes fustigeant le Premier ministre Alexander De Croo et le passe sanitaire, obligatoire pour accéder à de nombreux lieux.

Pendant la manifestation, des personnes ont aussi brûlé et piétiné le drapeau de l’Union européenne, comme on peut le voir sur ces images :

Quelques images de la manifestation en vue aérienne ont été prises par drone :

Le quotidien belge Le Soir rapporte que « les derniers manifestants ont été dispersés » vers 18 h, mettant fin à l'après-midi d'ébullition au sein de la capitale belge. Au total, trois policiers et 12 manifestants ont été hospitalisés, mais aucun d’entre eux n’est en danger de mort, a communiqué la police bruxelloise vers 19 h 00.

Les politiques belges expriment leur indignation

Si certains participants qui ont pris part aux échauffourées ont fait valoir que la violence vient de la politique sanitaire et discriminatoire mise en œuvre par le gouvernement et si d'autres ont accusé des assauts menés par la police bruxelloise contre des blocs pacifiques de manifestants, les politiques belges ont réagi aux violences après la manifestation contre les mesures sanitaires :

« La liberté d’expression est l’un des fondements de notre société. Chacun est libre de manifester son opinion. Mais notre société n’acceptera jamais la violence aveugle, et encore moins à l’égard de nos forces de l’ordre. Les personnes impliquées ce dimanche seront poursuivies », a déclaré dimanche soir le Premier ministre Alexandre de Croo.

« C’est scandaleux. Nous devons écouter l’opinion de chacun, mais celui qui détourne une manifestation et choisit de vandaliser perd en moi un interlocuteur. Ce n’est absolument pas une façon de faire passer un message », a lancé la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden.

« Manifester, oui. S’en prendre violemment aux forces de l’ordre c’est non, mille fois non. Cette violence est injustifiable. Courage et soutien aux policiers », a réagi de son côté la coprésidente d’Ecolo, Rajae Maouane.

 

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