Chine : une révolte de petits épargnants ruinés réprimée dans la violence

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FranceSoir
Publié le 13 juillet 2022 - 15:50
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Manifestation à Henan (Chine) réprimée
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AFP
Depuis trois mois, des milliers d'épargnants chinois n'ont plus accès à leurs économies.
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Depuis le mois d’avril, des milliers d’épargnants chinois n’ont plus accès à leurs économies, car leurs avoirs ont été gelés par quatre banques régionales à cause de la crise économique. Ils se sont mobilisés à Zhengzhou (capitale du Henan) devant l'une des banques centrales afin de faire valoir leurs droits. Et le 10 juillet dernier, la situation a rapidement tourné au chaos.

Des milliers d’épargnants ruinés depuis des mois

Affaiblies par la crise économique, quatre banques rurales dans la province du Henan ont gelé des millions de dollars de dépôts. Cette situation a rapidement menacé la vie de centaines de milliers de clients, déjà sous tension à cause des mesures draconiennes liées aux confinements.

Lire aussi : Shanghai: après onze jours de confinement, les habitants crient leur désespoir

En colère, les épargnants en question ont décidé de se rendre à Zhengzhou (la capitale du Henan) à plusieurs reprises pour se faire entendre… en vain. Selon CNN, le 10 juillet, près de 1 000 manifestants "venus de toute la Chine" se sont rendus devant La Banque du Peuple (la banque centrale de Henan) afin de défendre leurs droits.

Faisant face à l’une des plus grandes manifestations du mouvement chinois, les autorités sanitaires ont tenté par tous les moyens de restreindre les rassemblements. Le mois dernier, les autorités de Zhengzhou ont même eu recours à la falsification du passe sanitaire pour ralentir l’avancée des contestataires qui souhaitant réclamer leur argent. "Des Chinois ayant indiqué ces dernières semaines vouloir se rendre à Zhengzhou ont vu leur code passer au rouge une fois arrivés à la gare de cette ville, voire avant leur départ", a rapporté Le Monde. Ceci indique qu'ils doivent s’isoler immédiatement pour se confiner et qu'ils ont interdiction de manifester. Utiliser la santé à des fins politiques : une stratégie qui n’a pas manqué de susciter l’indignation des Chinois. 

Lire aussi : Covid-19: des Chinois prêts à manifester ont vu leur passe sanitaire virer au rouge

Mobilisés pour lutter contre la "corruption et la violence du gouvernement de Henan", les manifestants se sont retrouvés à l’aube "afin d’éviter d’être interceptés par les autorités", selon CNN. À l’unisson, ils crient "Banques du Henan, rendez-moi mes économies !"

Pour éviter d'être réprimés, les protestants, dont des enfants et des personnes âgées, ont brandi des drapeaux nationaux. Cette tactique patriote est généralement utilisée pour montrer que les griefs concernent seulement les gouvernements locaux, et qu'un soutien de la part du gouvernement de Xi Jinping est nécessaire. "Ce qui est étonnant, c’est que la Banque centrale ne soit pas intervenue : en Chine, les dépôts sont garantis jusqu’à 500 000 yuans", a déclaré Dan Wang dans Le Monde.

Hélas, l’élan patriote n’a pas séduit les autorités locales, qui n’ont pas hésité à réprimer violemment les manifestants. 

Violence des autorités du Henan : une manifestation qui vire au drame

Vers 11 h, les forces de l'ordre et des centaines d'hommes en civil ont encerclé le site. Des hommes vêtus de blanc non identifiés ont rapidement bondi sur le tas de manifestants, les brutalisant. La scène a rapidement tourné au chaos, cependant que des officiers ont violemment poussé les protestants dans les escaliers, les frappant s’ils résistaient — même tarif pour les femmes et les personnes âgées. Toujours selon CNN, une femme s’est fait tordre le bras par des agents de sécurité, et un homme âgé de 27 ans a déclaré avoir été frappé au sol par huit gardes.

Voir aussi : "On demandait justice pacifiquement, ils nous ont gazés en retour": des Gilets jaunes témoignent

"Pourquoi les employés du gouvernement nous frappent ? Nous ne sommes que des citoyens normaux, nous demandons simplement remboursement de nos économies", a rapporté une femme de Shandong. Peu après les scènes de violence publiées sur le Twitter chinois Weibo, des manifestants ont déclaré avoir été jetés dans des bus et emmenés en centre de détention improvisés, dont des écoles, des hôtels et des usines. En ce qui concerne les blessés, certains ont été emmenés dans des hôpitaux. Pour les autres, d’aucuns ont été libérés en fin d’après-midi.

D'autre part, selon France Inter, si la stratégie zéro covid plombe les clients ruinés, le Parti communiste chinois a quant à lui dévoilé avoir arrêté un mystérieux réseau criminel, soupçonné d’être à l’origine de pratiques douteuses vis-à-vis des banques. 

La situation pourrait s'étendre à l'échelle nationale ; Libération rapporte que la New Oriental Country Bank of Kaifeng a récemment supprimé les fonctions de retrait d'argent sur mobile "par le biais d'une mise à jour obligatoire sur son mobile". D'autres banques ont également stoppé leur retrait… À l'heure où la bulle immobilière est sur le point d'exploser.

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