Christine Lagarde, “mauvaise” banquière centrale et dirigeante “autocratique” selon un sondage interne de la BCE

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France-Soir
Publié le 24 janvier 2024 - 11:47
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Sondage interne BCE Lagarde
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Kirill Kudryatsev / AFP
Christine Lagarde en prend pour son grade. La moitié de ses employés ne la considère pas compétente pour diriger la BCE.
Kirill Kudryatsev / AFP

MONDE - De retour du Forum de Davos auquel elle est habituée, Christine Lagarde tombe des nues. La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) est considérée “très mauvaise”, voire “médiocre” par une majorité du personnel de l’institution. Selon une enquête interne du syndicat de fonctionnaires (IPSO), à laquelle Politico a eu accès, la performance de l’ancienne directrice du Fonds monétaire international (FMI) est considérée comme “très pauvre”, et très inférieure à ses prédécesseurs, Mario Draghi ou encore Jean-Claude Trichet. Il est non seulement reproché à Christine Lagarde, “dirigeante autocratique”, sa gestion des affaires internes et son échec à stabiliser les prix, mais d'utiliser, de surcroît, l’institution européenne à des fins politiques.  

La BCE a beau rappeler ses mesures pour lutter contre la pandémie de Covid, la guerre en Ukraine et l’inflation galopante, le personnel de l’institution européenne n’est tendre ni avec sa patronne ni avec son bilan, à la moitié de son mandat de huit ans. Selon une enquête syndicale auprès des employés de la banque européenne, consultée par plusieurs médias, dont Politico, plus de la moitié du personnel estime que Christine Lagarde n’est pas la bonne personne pour diriger la BCE.  

Plus de 50% des employés la considèrent “mauvaise” 

L’enquête, qui a été menée auprès de 1 159 sur les quelque 4.500 employés de la banque, précise que plus de la moitié, soit 50,6 % des personnes interrogées, qualifient la performance de l’ancienne directrice du FMI de “pauvre”, voire de “médiocre”.  

Le rapport est très peu élogieux, encore moins lorsque l’actuelle présidente de la BCE est comparée à ses prédécesseurs. L’Italien Mario Draghi semblait faire l’unanimité puisque moins d’une personne sur 10 l'a qualifié de “très mauvais”, tandis que 55 % ont apprécié sa “très bonne”, voire son “exceptionnelle” performance. Le Français Jean-Claude Trichet jouissait lui aussi de l'estime de ses employés puisque seulement 14,5 % des employés le considéraient “mauvais”. 

Les performances de l’actuelle présidente, première femme à la tête de la BCE, contrastent avec celles de ses prédécesseurs. L’enquête évoque un mécontentement généralisé dans les locaux de la banque, à l’idée que l’institution européenne s'enlise dans la politique et que Christine Lagarde utilise son poste actuel pour promouvoir son image. "Mario Draghi était là pour la BCE alors que la BCE semble être là pour Christine Lagarde", estime un membre du personnel. 

Plusieurs personnes interrogées souhaitent que leur employeur “se concentre sur sa principale mission”, c’est-à-dire réduire l’inflation dans la zone euro. Elles ont fait part de leur préoccupation quant à la difficulté de la BCE, qui a élevé ses taux directeurs à des niveaux jamais atteints, à stabiliser les prix pour atteindre son objectif d’une inflation au-dessous de  2 %. Les employés constatent qu’au même moment, l’institution s’engageait sur des “sujets dépassant son mandat”. Il est question, à titre d’exemple, de la prise de position de la BCE dans la guerre de Gaza ou de “voyages excessifs à des fins” sans relation avec les activités de la banque.  

Si la décision de Christine Lagarde d’inclure la protection de l'environnement dans les missions de la BCE est saluée, l’enquête précise que seulement 38  % des personnes interrogées ont soutenu sa politique monétaire.  

Une présidente “autocratique” 

Le porte-parole de la Banque européenne défend tant bien que mal les mesures de sa présidente et de son conseil d'administration, “pleinement concentrés sur leur mandat” pour “répondre aux événements sans précédent tels que la pandémie et les guerres”. Mais la gestion des affaires internes est également critiquée.   

Les personnes interrogées n’y vont pas de main morte et là encore, Christine Lagarde fait pire que Mario Draghi et Jean-Claude Trichet, y compris sur les questions de diversité. Près des trois quarts des employés critiquent sa manière de faire. Il est question des problèmes annexes comme les bureaux partagés, les restrictions sur le télétravail, les hausses de salaires qui ne s’alignent pas sur l'inflation, ou de la charge de travail excessive. Toutefois, l’enquête syndicale s’attarde sur les “doubles standards” que subissent les travailleurs, invités à s’exprimer mais réprimandés lorsqu’ils expriment leur préoccupation. "Christine Lagarde est généralement présentée comme une dirigeante autocratique qui n'agit pas nécessairement selon les valeurs qu'elle proclame", écrit-on dans le rapport.  

Le document évoque aussi un manque de transparence dans le recrutement ou encore la question des genres. Ni le personnel masculin ni le personnel féminin ne sont satisfaits des mesures “contradictoires et discriminatoires” de Christine Lagarde en matière de diversité, lui préférant Mario Draghi. “Les questions de genre ont gravement divisé le personnel”, fait-on savoir.  

La BCE, qui évoque une enquête “imparfaite”, souligne que celle-ci inclut des sujets qui ne sont pas uniquement du ressort de la présidente. Mais le syndicat IPSO (Organisation internationale des services publics européens et internationaux) précise que la même méthode a été menée durant le mandat de Draghi et de Trichet. 

Première femme à la tête du cabinet d’avocats Baker McKenzie et de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, ancienne directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), ancienne ministre et considérée comme l’une des femmes les plus influentes et puissantes du monde, a surtout fait parler d’elle pour son projet contesté d’un euro numérique et pour l’augmentation, à dix reprises, des taux directeurs de la BCE. 

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