Élections en Israël et réouverture de l’économie : réelle éclaircie ou bluff politique pré-électoral ?

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Dahlia Perez, journaliste pour FranceSoir
Publié le 23 mars 2021 - 20:38
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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'une conférence de presse sur la campagne électorale, le 1er avril 2019 à Jérusalem
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© GALI TIBBON / AFP
Netanyahou : un nouveau tour de passe-passe ?
© GALI TIBBON / AFP

6,6 millions d’électeurs israéliens sont appelés à voter ce mardi pour le quatrième scrutin législatif en deux ans. Les pro-Netanyahou et leurs opposants s'affrontent dans les urnes mais « Bibi », en fin politicien et sur fond de politique vaccinale, a plus d'un tour dans son sac.

Alors que les Israéliens ont repris le chemin des urnes pour la quatrième fois en moins de deux ans dans un climat de division lié notamment à la campagne de vaccination, un dernier sondage publié par i24NEWS en partenariat avec Israel Hayom révèlerait que les blocs pro et anti-Netanyahou seraient au coude à coude. La nouvelle Knesset ne sera-t-elle qu’une énième variation de celle qui est appelée à se dissoudre ? Rappelons que le parti Likoud du Premier ministre fait face à deux principaux rivaux, la formation centriste Yesh Atid, dirigé par le chef de l'opposition Yair Lapid qui arriverait en deuxième position et le parti Tikva Hadasha dont le leader, Gideon Saar, se pose comme la seule alternative crédible face à l’indéboulonnable "Bibi". D’autres sondages envisagent la possibilité d’une coalition qui serait dirigée par l’actuel Premier ministre, les pronostics étant toujours favorables au parti historique de droite. Ainsi donc, en dépit de la forte contestation qui a agité le pays depuis un an sur le thème de la double crise sociale et sanitaire, Israël pourrait se diriger vers un scénario ressemblant aux précédents scrutins. Sauf que, cette fois, une nouvelle victoire de Netanyahu aurait une résonnance inédite. Elle pourrait en effet sonner le glas d’une démocratie fortement fragilisée par les mesures portant atteinte aux droits fondamentaux des citoyens non vaccinés, sous couvert de politique sanitaire et, ce, avec la bénédiction d’une grande partie de la classe politique que de nombreux électeurs désavouent. En outre, une partie de la population concernée par les nouvelles lois discriminatoires ne se reconnaît plus dans les grands partis traditionnels ni dans le « système ». Lassés ou indignés par une politique qu’ils considèrent comme incompatible avec les principes démocratiques, ces électeurs en colère sont tentés de donner leur voix à de petits partis prêts à défendre des valeurs. Les plus remontés encouragent à voter pour le parti Rappeh créé récemment pour « lutter contre la vaccination forcée, la destruction de l'économie et les violations des droits de l'homme ». Le vote contestataire fera-t-il le poids face à un bloc de droite déjà prêt à se fédérer ? Rien n’est moins sûr.

Alors qu’Israël a relancé la plupart de ses activités économiques et que le gouvernement a approuvé la réouverture (sous certaines conditions) de l'espace aérien, des restaurants, des cafés, salles de réception, hôtels et lieux de loisirs après des mois de fermeture, certains indicateurs révèlent que cette « reprise » pourrait se conjuguer au conditionnel.

Tout d’abord, la mise en place du passeport vert destinée à être une mesure transitoire permettant de faciliter dans un premier temps le retour à la vie normale se pérennise. Elle dévoile même une volonté de durcir les décrets visant les citoyens réticents à la vaccination, alors que le pays a mené une vaste campagne d’immunisation et qu’une majorité d’Israéliens sont en principe protégés. Autre signal d’alerte, les récentes déclarations de la cheffe de la santé publique Sharon Alroy-Preis qui a averti qu’Israël pourrait très bien assister à l’apparition de nouveaux variants du virus, résistants aux vaccins. Une mise en garde à peine voilée qui suggère qu’une telle évolution ne serait « pas surprenante ». De quoi laisser songeur, surtout si cela devrait justifier, à plus ou moins long terme, un quatrième confinement…

Évoquons également les nombreux médecins sceptiques quant à la possibilité pour Israël d’atteindre une immunité collective complète dans un avenir proche. En cause, l’indisponibilité des vaccins pour les moins de 16 ans. Cette prise de position qui insinuerait qu’une nouvelle campagne à destination des enfants serait nécessaire n’est pas à prendre à la légère. Prétextant l’absence de données sur la durée d'efficacité du vaccin contre le Coronavirus, le Premier ministre israélien a également, dans une ambiance de « reprise », fait part de son projet d'importer 36 millions de doses supplémentaires dans l’année. Après avoir déclaré à la station de radio Galgalatz que le vaccin n’était efficace que pour une période limitée, il a enfoncé le clou :

« Nous nous préparons au scénario pessimiste, selon lequel il faudra renouveler les vaccins tous les six mois ».

Alors que plus de cinq millions d’Israéliens ont déjà reçu une première dose du vaccin Pfizer-Biotech et qu’une large partie de la population s’estime tirée d’affaire, le Premier ministre israélien continue à semer le doute et à provoquer la défiance de nombreux Israéliens sceptiques. Doit-on comprendre que la réouverture actuelle de l’économie n’est qu’un sursis, surtout quand il affirme que le vaccin n'a pas éradiqué le virus, qu’il sera de retour et qu’il faudra « rebooster » ses anticorps ? Sacré programme en perspective…

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