L'Arabie, l'Egypte, les Emirats et Bahreïn rompent avec le Qatar

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Par AFP
Publié le 05 juin 2017 - 08:38
Mis à jour le 06 juin 2017 - 00:30
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Une vue générale de Doha le 24 novembre 2015
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© STR / AFP/Archives
Une vue générale de Doha le 24 novembre 2015.
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L'Arabie saoudite et plusieurs de ses alliés ont rompu lundi avec le Qatar accusé de soutenir le "terrorisme", la plus grave crise diplomatique à frapper le Moyen-Orient depuis des années.

Le Qatar, riche pays gazier du Golfe à la politique étrangère controversée, a réagi avec colère, en accusant à son tour ses voisins de vouloir le mettre "sous tutelle" et de l'étouffer économiquement.

Cette crise intervient deux semaines après une visite du président américain Donald Trump à Ryad où il a exhorté Arabes et musulmans à se dresser contre les groupes extrémistes et fustigé l'Iran dont le rapprochement avec le Qatar exaspère ses voisins.

Dans une apparente médiation, l'émir du Koweït Sabah al-Ahmad Al-Sabah a reçu un émissaire saoudien et s'est entretenu au téléphone avec le chef d'Etat du Qatar.

D'autres pays comme les Etats-Unis, la Russie, la Turquie et l'Iran ont appelé au dialogue pour désamorcer la crise.

L'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Yémen, l'Egypte et les Maldives ont annoncé la rupture des liens diplomatiques avec le Qatar. S'y ajoutent des mesures économiques comme la fermeture des frontières terrestres et maritimes, les interdictions de survol et des restrictions sur le déplacement des personnes.

Première conséquence: la suspension par l'Egypte et six compagnies aériennes du Golfe des vols sur Doha, dont la compagnie Qatar Airways sera obligée de rallonger ses nombreuses routes vers l'Europe et les Amériques en raison de la fermeture de l'espace aérien saoudien.

La fermeture du seul accès terrestre au Qatar, via l'Arabie saoudite, affectera les importations de biens de consommation, notamment de produits alimentaires.

- Ruée sur les supermarchés -

Affolés par le blocus de facto saoudien, des habitants de Doha ont pris d'assaut les supermarchés, où des queues se sont formées et où le lait, le riz ou le poulet ont rapidement disparu des rayons.

"C'est un cycle de panique", dit Ernest, un Libanais, poussant deux chariots pleins à craquer.

Pour tenter de rassurer les habitants, le gouvernement a affirmé qu'il prendrait "toutes les mesures nécessaires pour mettre en échec les tentatives de nuire à (sa) population et (son) économie".

La Bourse de Doha a elle aussi accusé le coup, clôturant en baisse de 7,58%.

Cette crise est la plus grave depuis la naissance en 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG -Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar). Le Koweït et Oman n'ont pas commenté cette crise.

Le Qatar a toujours poursuivi sa propre politique régionale affirmant son influence par le sport et les médias, avec l'organisation du Mondial-2022 de football et la chaîne de télévision Al-Jazeera dont les bureaux à Ryad ont été fermés.

Il est accusé par ses détracteurs de soutenir les réseaux jihadistes Al-Qaïda et groupe Etat islamique (EI), ainsi que les Frères musulmans classés "terroristes" par certains pays arabes.

Le Qatar est aussi accusé de soutenir "les activités de groupes terroristes soutenus par l'Iran dans la province (saoudienne) de Qatif" où se concentre la minorité chiite, ainsi qu'à Bahreïn.

L'Iran chiite est le grand rival régional de l'Arabie saoudite sunnite et leurs relations diplomatiques sont rompues depuis 2016.

Le Qatar a par ailleurs été exclu de la coalition militaire arabe qui combat au Yémen des rebelles pro-iraniens.

- Appels au dialogue -

Pour le Qatar, la rupture est une décision "sans fondement" dont "l'objectif clair est de placer l'Etat sous tutelle". Cela est "totalement inacceptable", ont dit les Affaires étrangères à Doha.

Le Qatar, dirigé par le jeune émir cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, "n'interfère pas dans les affaires d'autrui" et "lutte contre le terrorisme et l'extrémisme", selon elles.

Alliée à la fois de Ryad et de Doha, Washington a invité les pays du Golfe à rester "unis".

Les Etats-Unis disposent à Al-Udeid au Qatar d'une grande base aérienne où sont stationnés 10.000 soldats américains. Cette base, siège du commandement militaire américain chargé du Moyen-Orient, est utilisée pour les raids contre l'EI en Syrie et en Irak.

La Turquie a proposé son aide pour désamorcer la crise, alors que les chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif et russe Sergueï Lavrov se sont entretenus séparément par téléphone avec leur homologue qatari. Les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et russe Vladimir Poutine ont discuté au téléphone de la crise et appelé au dialogue pour "parvenir à des solutions de compromis".

L'émir du Koweït, dont le pays n'a pas rejoint le mouvement de rupture, a reçu un émissaire du roi saoudien Salmane et a ensuite appelé l'émir du Qatar pour l'"exhorter à la retenue" et lui demander de donner "leur chance aux efforts" visant à contenir la crise.

La semaine dernière, le Qatar s'était dit victime de "hackers" ayant publié sur le site de l'agence officielle QNA de faux propos attribués à l'émir Tamim.

Ces propos, considérés comme authentiques par Ryad et Abou Dhabi, rompaient avec le consensus régional sur des sujets sensibles, notamment l'Iran, vu comme un allié stratégique alors qu'il est considéré par Ryad comme "le fer de lance du terrorisme". Ils contenaient aussi des commentaires négatifs sur les relations entre l'administration Trump et le Qatar.

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