Le Bahreïn mis sous pression par l'Iran après la déchéance de nationalité d'un chef chiite
Les tensions communautaires entre sunnites et chiites continuent à alimenter les tensions au Moyen-Orient. Le royaume de Bahreïn était mardi 21 sous le feu des critiques au lendemain de sa décision de retirer la nationalité au plus haut dignitaire chiite du pays, le Cheikh Issa Qassem.
C'est en champion de la cause chiite dans la région que l’Iran a été le premier pays à réagir pour exprimer ses critiques contre cette décision. La République des mollahs, par la voix général Qassem Soleimani, haut responsable des Gardiens de la révolution, a prévenu que le Bahreïn "sait sûrement que l'agression contre l'ayatollah Issa Qassem est une ligne rouge qui, une fois franchie, va enflammer Bahreïn et toute la région".
Le régime de Manama, affilié à l'Arabie saouditre, "devrait (aussi) savoir qu'insulter l'ayatollah Issa Qassem et poursuivre une pression intense sur le peuple de Bahreïn va marquer le début d'une sanglante intifada (insurrection)", a ajouté l'officier iranien. "Ses répercussions seront de la responsabilité de ceux qui légitiment l'insolence des dirigeants de Bahreïn", a-t-il prévenu.
Cheikh Issa Qassem, 75 ans, chef spirituel de la majorité chiite et critique du pouvoir sunnite à Bahreïn, a été déchu lundi 20 de sa nationalité par le ministère de l'Intérieur qui l'a accusé d'"encourager le confessionnalisme" et de "servir des intérêts étrangers". Une allusion a peine voilée à l'Iran qui soutient les communautés chiites dans toute la région.
La colère de l'Iran a également été reprise par le Hezbollah, parti chiite libanais, qui a exhorté les Bahreïnis à exprimer "leur colère et leur mécontentement" contre un régime "parvenu à une impasse" dans la répression de la contestation.
De son côté, l’Arabie Saoudite, a aussitôt assuré le royaume du Bahreïn de sa solidarité et de son soutien à la préservation de "sa sécurité et sa stabilité", rappelant ainsi son rôle de fer der lance dans la lutte politique et religieuse contre l'Iran. Evoquant "une décision arbitraire" d'un pays allié où mouille la Ve flotte américaine, Washington s’est dit "profondément troublé par cette pratique du gouvernement bahreïni". Le département d’Etat a même rappelé que la diplomatie américaine prônait "la réforme et la réconciliation" pour résoudre les différends politiques du royaume.
Pour mémoire, en 2013; le Bahreïn a été également touché par le Printemps arabe, lors duquel le peuple s'était soulevé contre leur monarque en réclamant plus de liberté. Le régime avait fait alors fait appel à l'Arabie saoudite qui avait écrasé le soulèvement dans le sang, déclenchant une vague de répression féroce dans les pays.
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