Ukraine et Occident accusent la Russie de crimes de guerre à Boutcha, Moscou dénonce une fabrication de l'Ukraine

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FranceSoir
Publié le 04 avril 2022 - 21:13
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Corps de civils Boutcha
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L'Ukraine et l'Occident accusent la Russie de crimes de guerre, Moscou dément.
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Accusée par l'Ukraine et le camp occidental de crimes de guerre à Boutcha, une ville proche de Kiev, la Russie a dénoncé une manipulation, qualifiant ces agissements de « nouvelle provocation ». De son côté, se calquant sur la position du camp occidental, Emmanuel Macron, s'est dit « à peu près » sûr de la responsabilité de la Russie dans les exactions à Boutcha et a réclamé de nouvelles sanctions occidentales contre la Russie. D’Eric Zemmour à Jean-Luc Mélenchon, en passant par Yannick Jadot, la classe politique française a unanimement condamné la Russie. D'autres voix appellent à la prudence le temps qu'une enquête pour faire la lumière sur ces évènements soit menée.

À Boutcha, ville de la région de Kiev reprise cette semaine par les forces ukrainiennes, le gouvernement ukrainien évoque plus de 300 cadavres. Dès leur publication, les images de ces corps de civils ont enflammé l’opinion internationale et soulevé un vif émoi. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de commettre un « génocide » tandis que le ministère russe de la Défense a assuré dimanche que son armée n'avait pas tué de civils à Boutcha.

La Russie dénonce une falsification

Les autorités russes ont formellement démenti toute responsabilité de l'armée russe. Pour le ministère russe de la Défense, dont le communiqué a été traduit sur le site de l'ambassade de Russie en France, ces accusations constituent une « provocation » puisque les troupes avaient quitté la ville le 30 mars le « lendemain des négociations entre la Russie et l'Ukraine en Turquie ». Moscou affirme que les «"preuves de crimes" à Boutcha ne sont apparues que quatre jours » après le départ des forces armées russes, « quand des officiers du Service de sécurité ukrainien (SBU) et des représentants de la télévision ukrainienne sont arrivés dans le village ».

Les autorités russes ont également estimé que les cadavres montrés en images ne peuvent pas être restés aussi longtemps dans la rue puisqu'« ils n'ont pas de lividités cadavériques typiques et que dans les plaies, il y a du sang qui n’a pas coagulé ». En outre, lorsque le maire de Boutcha se réjouissait dans une vidéo sur Twitter ce 31 mars de la libération de la ville par l’armée ukrainienne, celui-ci n’a pas mentionné d’exactions. Aussi, pour l'armée russe, ces images sont une mise en scène orchestrée par Kiev « pour les médias occidentaux, comme ce fut le cas avec la maternité à Marioupol, ainsi que dans d'autres villes ».

Condamnations du camp occidental

Le président français Emmanuel Macron s’est indigné sur Twitter, évoquant des images « insoutenables ». « Les autorités russes devront répondre de ces crimes », a-t-il déclaré.

Ce 4 avril, s’il a reconnu ne pas disposer de preuves concrètes, le président français a tout de même appelé à une nouvelle salve de sanctions contre la Russie. « Il y a des indices aujourd'hui très clairs de crimes de guerre », a-t-il affirmé, soulignant que la culpabilité de la Russie dans le massacre était « à peu près établi[e] ». « Ce qui s'est passé à Boutcha impose un nouveau train de sanctions et des mesures très claires », a martelé le président français sur France Inter. « Donc, nous allons nous coordonner avec nos partenaires européens, en particulier l'Allemagne [dans] les prochains jours », a-t-il assuré, en évoquant des sanctions individuelles et des mesures sur « le charbon et le pétrole ».

Ces meurtres sont « horribles », a déclaré quant à lui le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, accusant une « brutalité inédite en Europe depuis des décennies ». « Il est absolument inacceptable que des civils soient pris pour cibles et tués, et cela souligne l'importance de mettre fin à cette guerre », a-t-il dit sur la chaîne américaine CNN.

Ces images sont « un coup de poing à l'estomac », « cela doit s'arrêter », a déclaré de son côté le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. « Nous ne pouvons pas normaliser cela. C'est la réalité de ce qui se passe chaque jour, tant que la brutalité de la Russie contre l'Ukraine se poursuit », a-t-il dit sur la chaîne CNN.

La classe politique française s’est montrée unanime dans sa condamnation de la Russie. Eric Zemmour, Marine le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou encore Yannick Jadot se sont ainsi tous joints au chef de l’État français.

Des voix en France appellent à la prudence

En France, plusieurs personnalités ont appelé à la prudence.  Parmi elles, l’avocat Pierre Gentillet, qui a rappelé le 4 avril sur CNews que « les journalistes n’ont pas assisté à l’exécution. » Et de souligner : « Nous savons que dans un État de droit, avant de déclarer que tel ou tel est criminel, on fait un procès. Et ce ne sont pas les journalistes, jusqu’à preuve du contraire, qui font ce procès. N’oublions pas que dans une guerre doublée par une guerre de l’information… J’ai cette prudence de ne pas encore qualifier ». L’avocat a ensuite tenu à rappeler qu’il existait des précédents en matière de propagande de guerre, faisant valoir les exemples du massacre de Timisoara ou de la fiole d’anthrax agitée par le secrétaire d'État américain Colin Powell en 2003, qui avait servi de prétexte aux États-Unis pour envahir l’Irak.

Son de cloche similaire chez l’ancien sénateur Yves Pozzo di Borgo :

Ou encore chez le directeur de publication du Courrier des Stratèges Edouard Husson, qui a fustigé « l’irresponsabilité » d’Emmanuel Macron : « Si c'est un montage ukrainien, ce qui est possible, il aura déconsidéré la France (une fois de plus) », a-t-il déploré.

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