Pringy, pilier "made in France" des recettes anti-âge d'Allergan

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Par AFP
Publié le 27 septembre 2017 - 12:14
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Des employés de l'entreprise Allergan travaillent dans l'unité de rempissage et de finition du site
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© JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
Des employés de l'entreprise Allergan travaillent dans l'unité de rempissage et de finition du site de Pringy, le 25 septembre 2017 près d'Annecy
© JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

Si son fameux Botox est fabriqué en Irlande, c'est en Haute-Savoie qu'Allergan, numéro un mondial de l'esthétique médicale, développe et produit son autre atout majeur dans le secteur: sa gamme d'acide hyaluronique Juvéderm, un gel injectable pour combler les rides.

Dans l'unité de remplissage et de finition de son site de Pringy, près d'Annecy, des bras robotisés d'un blanc immaculé assemblent puis contrôlent sans relâche des seringues remplies d'acide hyaluronique (AH), un sucre présent naturellement sous la peau, mais dont la concentration s'étiole avec le temps.

Allergan fabrique son gel à partir de filaments d'acide hyaluronique sécrétés par une bactérie cultivée in vitro par un prestataire, également basé en France. Ces polymères sont ensuite reliés entre eux, purifiés puis mélangés avec de la lidocaïne, un anesthésique local, pour faciliter l'injection.

Découvert dans les années 1930, l'AH a d'abord été utilisé comme "lubrifiant" pour les articulations de chevaux de course, puis dans l'ophtalmologie à partir des années 80, et dans l'esthétique médicale à partir des années 90, rappelle à l'AFP Pierre Lebreton, directeur recherche-développement du site, qui compte 322 salariés, dont 40 chercheurs.

La demande d'AH en esthétique a explosé dans le monde ces dernières années, surfant sur la tendance à aller vers des technologies moins invasives et plus abordables que la chirurgie. "Notre production progresse de 20% par an depuis 2008, et on n'en est qu'aux balbutiements en Asie", explique Pascal Brice, directeur du site de Pringy, qui écoule sa production dans 101 pays.

Les injections de toxines (type Botox, pour relaxer les muscles) et d'AH captaient l'an dernier 38% d'un marché mondial de l'esthétique médicale estimé à 8,5 milliards d'euros, et font partie de ses segments les plus dynamiques, selon la dernière étude du congrès professionnel du secteur IMCAS, publiée en début d'année.

Le Botox demeure le produit roi d'Allergan, avec 1,2 milliard de dollars de ventes mondiales générées en 2016 par son application cosmétique.

Mais il est talonné par ses produits de comblement de rides fabriqués en Haute-Savoie, qui ont généré 867 millions de dollars de ventes l'an dernier, et qui devraient dépasser le milliard de dollars cette année.

- Un "joyau" qui reste un pion -

Allergan a débarqué fin 2006 à Pringy, en rachetant pour 170 millions d'euros le laboratoire français Cornéal et son savoir-faire en matière d'acide hyaluronique. Le groupe a injecté 100 millions d'euros ces dix dernières années pour doubler la superficie du site, muscler ses effectifs et décupler ses capacités de production.

Les capacités actuelles du site devant arriver à saturation "fin 2020", un nouvel investissement "de l'ordre de 60 à 90 millions d'euros" sur la période 2018-2023 est actuellement à l'étude, a précisé à l'AFP M. Brice.

Pringy est un "joyau" d'Allergan, a loué le PDG du groupe, Brent Saunders, lors d'un passage éclair à Pringy en début de semaine, où il a vanté la "qualité" des produits, le "savoir-faire" et la "force d'innovation" des chercheurs.

Cependant rien n'est encore joué: le groupe d'origine américaine, mais dont le siège fiscal est à Dublin, évalue aussi la possibilité de diversifier sa production d'AH, "aux Etats-Unis ou en Asie", a prévenu le PDG.

Tout "joyau" qu'il soit, Pringy reste un pion sur l'échiquier géant d'Allergan, dont seulement 20% environ du chiffre d'affaires global est issu de l'esthétique médicale, le reste provenant de ses activités pharmaceutiques: ophtalmologie, neurosciences, gastro-intestinal ou encore gynécologie.

Racheté par Actavis en 2014 pour 66 milliards de dollars, le nouvel ensemble a cédé en 2015 son activité génériques à Teva pour 40 milliards de dollars, avant de caresser un méga-projet de fusion à 160 milliards de dollars avec le géant américain de la pharmacie Pfizer, qui a finalement avorté devant l'opposition de Washington.

Cette ère de grands chambardements serait aujourd'hui révolue, à en croire M. Saunders: "Nous ne prévoyons pas de larges acquisitions ou de cessions", mais des "acquisitions ciblées" dans des segments porteurs, a-t-il assuré. Comme celle de Zeltiq en début d'année, entreprise américaine spécialisée dans une technologie d'amincissement par le froid, pour 2,5 milliards de dollars.

Le groupe vise cette année un chiffre d'affaires global d'environ 16 milliards de dollars, soit une hausse de près de 10% sur un an, grâce notamment à l'esthétique médicale.

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