Aubervilliers : l'homme qui a agressé un enseignant activement recherché
Un instituteur a été agressé ce lundi 14 décembre au cutter dans sa classe en Seine-Saint-Denis par un homme qui a invoqué l'organisation Etat islamique, un mois après les attentats de Paris revendiqués par ce groupe djihadiste qui a désigné récemment l'école française comme cible.
Cet "acte d'une grande gravité" s'est produit "dans un contexte où, oui, l'école se sent menacée", a déclaré la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, qui s'est rendue dans cette école d'Aubervilliers, en proche banlieue parisienne.
Le pronostic vital de l'instituteur de 45 ans, blessé superficiellement au flanc et à la gorge avant l'arrivée des élèves, n'est pas engagé.
L'agresseur, qui portait des chaussures militaires de type rangers, en combinaison de peintre, ganté et cagoulé, est actuellement recherché après avoir pris la fuite, vraisemblablement à pied, a-t-on appris de sources policières.
L'agression s'est déroulée dans l'école maternelle Jean-Perrin à Aubervilliers peu après 07h. L'école, située dans une rue bordée de petits immeubles, est entourée de grilles à hauteur d'homme.
Selon les premiers éléments de l'enquête, l'agresseur, arrivé sans arme, s'est saisi d'un cutter et d'une paire de ciseaux qui se trouvaient dans la salle de classe pour blesser l'enseignant, en train de préparer sa classe.
Le parquet de Bobigny précise que l'homme a lancé: "c'est Daech, c'est un avertissement".
Daech, acronyme arabe de l'organisation Etat islamique (EI), a revendiqué les attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis, les plus sanglants jamais commis en France avec 130 morts et des centaines de blessés.
Ces propos ont été rapportés par l'enseignant lui-même, qui a assuré n'avoir pas "reconnu la voix" de son agresseur. Hospitalisé, il n'a pas encore pu être entendu par les enquêteurs.
Bien que les sources policières se montrent prudentes sur l'hypothèse islamiste, la section antiterroriste du parquet de Paris s'est, au vu de la menace toujours très élevée en France, aussitôt saisie de l'enquête ouverte pour tentative d'assassinat sur un enseignant en relation avec une entreprise terroriste, selon des sources judiciaires.
Elle a été confiée à la section antiterroriste de la Brigade criminelle de la police judiciaire parisienne.
Le gouvernement va "continuer à renforcer" les mesures de sécurité dans les écoles, a affirmé la ministre de l'Education, accompagnée notamment du préfet et du maire de la ville.
L'école visée, fermée lundi, ouvrira mardi, a précisé la ministre, ajoutant qu'une réunion se tiendrait au sein de l'école pour expliquer aux familles ce qui s'est passé, "afin que l'anxiété ne l'emporte pas".
L'instituteur agressé, qui enseigne depuis 20 ans dans cet établissement en zone d'éducation prioritaire, est "apprécié", "connu de tous les parents", a déclaré le maire PCF d'Aubervilliers Pascal Beaudet.
Dans son numéro de fin novembre, la revue francophone de propagande de l'EI, Dar-al-Islam, s'en prend violemment aux enseignants, accusés d'être "en guerre ouverte contre la famille musulmane".
Le groupe djihadiste actif en Irak et en Syrie appelle à les "combattre" et les "tuer", ainsi que les fonctionnaires des services sociaux.
Depuis lundi matin, "nous recevons beaucoup d'appels de collègues du département, très inquiets. Les collègues ne pensent pas forcément qu'il y aura un attentat organisé, mais ils craignent que ce message de folie meurtrière suscite des passages à l'acte de la part de personnes déséquilibrées", a réagi Rachel Schneider, secrétaire départemental du SNUipp, premier syndicat des enseignants dans le primaire.
Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp, a appelé "à ne pas tomber dans les amalgames envers les enfants et les familles de confession musulmane".
Depuis la mi-novembre, la sécurité des écoles a été renforcée, avec notamment une interdiction de s'attrouper et, pour l'Ile-de-France, de se garer devant un établissement scolaire, un renforcement des patrouilles aux abords des établissements et une remise à jour des plans particuliers de mise en sécurité (PPMS, propres à chaque école).
En mars 2012, le tueur au scooter Mohamed Merah, après avoir tué au nom du jihad trois militaires dont deux musulmans, avait attaqué une école juive à Toulouse, assassinant trois enfants et un enseignant.
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