Condamnation de Merah : un verdict accueilli entre satisfaction et déception

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Par AFP
Publié le 02 novembre 2017 - 20:12
Mis à jour le 03 novembre 2017 - 00:25
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Dessin montrant Abdelkader Merah lors de son procès, le 13 octobre 2017, à la Cour d'assises de Pari
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© Benoit PEYRUCQ / AFP/Archives
Certaines parties civiles exprimaient leurs regrets que l'accusé n'ait pas été déclaré complice des assassinats
© Benoit PEYRUCQ / AFP/Archives

L'avocat d'Abdelkader Merah, Eric Dupond-Moretti, s'est félicité jeudi que la justice ait "résisté à la pression de l'opinion publique", alors que certaines parties civiles exprimaient leurs regrets que l'accusé n'ait pas été déclaré complice des assassinats perpétrés en 2012 par son frère Mohamed.

La cour d'assises spéciale de Paris a condamné Abdelkader Merah à 20 ans de réclusion criminelle pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", mais pas pour complicité des sept assassinats commis par son frère Mohamed en mars 2012 à Toulouse et Montauban.

Fettah Malki, accusé d'avoir vendu l'arme et le gilet pare-balles à Mohamed Merah en connaissant sa radicalisation, a également été reconnu coupable d'association de malfaiteurs terroriste et écopé de 14 ans de réclusion criminelle. Il a "décidé" de faire appel, selon son avocat.

"En acquittant Abdelkader Merah du crime de complicité d'assassinats, la cour d'assises a rappelé que même dans les affaires de terrorisme les plus graves, la preuve et la règle de droit n'étaient pas reléguées au rang d'accessoires", a déclaré Me Dupond-Moretti à sa sortie de l'audience, sous des huées.

"Les juges, et c'est leur honneur, ont résisté à la pression de l'opinion publique", a-t-il ajouté, adressant ses pensées "pour le désarroi et le chagrin des victimes injustement confrontées à un faux coupable que l'on a fabriqué pour étancher leur soif de justice".

Côté parties civiles, les avocats voulaient retenir la peine prononcée contre Abdelkader Merah et Fettah Malki. "Nous savions depuis le début que la complicité était délicate à qualifier et je crois que c'est une décision, aussi, qui peut avoir pour conséquence qu'il n'y ait pas d'appel de ce verdict. Les magistrats, très probablement, dans leur réflexion, se sont interrogés sur ce point", a relevé Me Olivier Morice.

"Justice a été rendue et nous respectons la justice car c'est la justice que nous attendions", a affirmé son confrère Patrick Klugman.

"Que ce procès ait été tenu, c'est une première victoire. Qu'il aboutisse à une condamnation, c'était essentiel", a-t-il estimé, tout en "regrettant" que "la cour d'assises n'ait pas été au bout de sa propre démarche, en retenant pour l'association de malfaiteurs des éléments qui auraient pu être retenus pour la complicité d'assassinats".

"Ce soir, la justice est passée. Même si la complicité n'a pas été reconnue, les faits de terrorisme ont été relevés et la condamnation à ce titre est exemplaire", a abondé Me Elie Korchia.

"C'était le procès du terrorisme et un homme a été condamné pour les liens qu'il avait avec une entreprise terroriste criminelle et cette peine de 20 ans correspond au maximum possible dans le cadre de cette incrimination", a-t-il insisté.

Mère de la première des victimes de Mohamed Merah, Latifa Ibn Ziaten s'est dite "vraiment déçue". "Je pense qu'ils (les juges) n'ont pas été jusqu'au bout", a-t-elle déclaré.

"On est trop naïf en France. Il faut qu'on se réveille pour protéger notre pays, pour protéger nos enfants", a estimé cette Franco-Marocaine de 57 ans qui, depuis l'assassinat de son fils, parcourt la France à la rencontre des jeunes dans les cités, les écoles ou les prisons pour les convaincre de ne pas tomber dans une "secte terroriste".

"C'est mieux que rien mais nos enfants, eux, ont pris perpétuité. Bien sûr que je suis déçu", a déclaré à l'AFP Samuel Sandler, père et grand-père de trois des victimes tuées à l'école juive Ozar Hatorah de Toulouse. "Il (Abdelkader Merah) aura tout oublié dans quinze ans. Nous, notre peine, notre malheur est éternel".

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