Corse-du-Sud : des parents d'élèves interdisent à deux femmes voilées de pénétrer dans une école

Nouvel exemple de la tension ambiante en Corse: deux parents d'élèves ont refusé l'accès à une école à deux femmes voilées qui venaient y déposer leurs enfants. Le motif semble bien religieux d'après les premiers témoignages.

La tension monte encore d’un cran avec ce nouveau fait divers, mineur dans l’absolu mais relativement inédit: deux mères d’élèves qui accompagnaient leurs enfants dans l’école élémentaire de Bonifacio, en Corse-du-Sud, ont été empêchées de pénétrer dans l’établissement par deux hommes, deux frères, eux aussi parents d’élèves. La cause? Les deux femmes portaient une djellaba et un voile sur les cheveux.

Selon les médias locaux qui ont rapporté l’incident, il était 8h40 ce matin-là quand les faits se sont produits. Exceptionnellement les parents étaient autorisés à pénétrer dans les murs de l’établissement, alors qu’ils doivent d’habitude laisser leurs enfants à l’entrée. Or, les deux hommes n’ont pas accepté la présence des deux femmes, visiblement du fait de leurs vêtements. Ils ont fait valoir qu’ils "ne trouvaient pas normal que leurs enfants n’aient pas le droit de porter un signe distinctif de religion dans l’école et qu’elles puissent y entrer voilées" a précisé à l’Agence France Presse Eric Bouillard le procureur de la République à Ajaccio. Il semblerait en effet que les deux hommes réagissaient à la possibilité que leurs enfants soient réprimandés s’ils portaient visiblement une croix, acceptant mal que des femmes voilées puissent alors entrer dans l’école.

Les gendarmes ont dû intervenir pour mettre fin à l’esclandre, même si les deux parents d’élèves ayant bloqué l’entrée n’ont pas été appréhendés. Les deux femmes n’ont, pour l’heure, pas porté plainte.

Jean-Charles Orsucci, le directeur de cabinet du maire de Bonifacio, présent sur les lieux, a confirmé à L’Express les faits, expliquant que le deux hommes "ne se disent pas racistes" mais que "leur modus operandi n'est pas acceptable, ils ne peuvent pas se substituer aux forces de l'ordre", critique-t-il. "La loi est claire: des mamans ont tout à fait le droit d'accompagner leurs enfants en portant le voile, tant que leurs enfants ne le portent pas".

Les faits interviennent dans un contexte où les incidents à l’encontre des personnes musulmanes se multiplient, cristallisés notamment par l’incident de Sisco, qui contribuera à lancer-de manière d'ailleurs largement exagérée- la polémique autour du burkini.