Un an après, un banquet symbolique des "assassins de la maternité" du Blanc

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Par Pierre BRIAND - Le Blanc (France) (AFP)
Publié le 15 novembre 2019 - 08:56
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Les habitants du Blanc (Indre) se dissimulent derrière des masques de personnalités politiques, le 14 novembre 2019 pour dénoncer la fermeture de leur maternité, il y a un an
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© GUILLAUME SOUVANT / AFP
Les habitants du Blanc (Indre) se dissimulent derrière des masques de personnalités politiques, le 14 novembre 2019 pour dénoncer la fermeture de leur maternité, il y a un an
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Un an après la fermeture définitive de leur maternité, les habitants du Blanc (Indre) ne décolèrent pas et ont organisé jeudi, jour de mobilisation nationale de l'hôpital public, un banquet symbolique "des assassins des hôpitaux publics et de la maternité".

Autour d'une table dressée devant l'hôpital pour "fêter la destruction de l'hôpital" et "la privatisation de la santé" au son d'un pipeau, les convives se sont dissimulés derrière des masques à l'effigie d'Emmanuel Macron, du Premier ministre Édouard Philippe, de la ministre de la Santé Agnès Buzyn ou encore du préfet.

Au menu, un "plat de destruction" en guise de plat de résistance et des desserts destinés "aux hôpitaux privés et à la privatisation des services de santé" ont été servis par un élu.

"Pour se soigner il suffit de traverser la rue", a lancé ironiquement Bertrand Coly, membre du collectif de défense de la maternité, en référence à une phrase adressée en septembre 2018 par le chef de l’État à un jeune homme qui cherchait du travail.

"Buzyn m'a tuée", pouvait-on lire sur des panneaux tenus tout autour par une dizaine de manifestantes.

La maternité du Blanc où naissaient environ 300 enfants chaque année, a été fermée en juin 2018 par décision de l'agence régionale de santé (ARS) en raison de risques liés au faible nombre d'accouchements. Cette décision est devenu définitive en octobre 2018. Depuis un audit a été demandé par l'ARS sur la périnatalité mais ses conclusions n'ont pas été communiquées.

"On nous avait vendu une maternité sans accouchement mais il n'y a eu aucune mesure d'accompagnement local", dénonce Bertrand Coly.

Depuis la fermeture de l'établissement, quarante enfants de cette petite ville du Berry sont nés dont six "sur le bord de la route ou aux urgences", selon Bertrand Coly.

- "l’Etat n'a pas de parole" -

Venue apporter son soutien, la maire de cette ville de 7.000 habitants Jacqueline Gombert, a déclaré qu'elle était "scandalisée" par la situation. Interrogée sur un éventuel regroupement des élus des villes touchées par les fermetures d'établissements, elle a évoqué "une telle bérézina qu'il est difficile de se regrouper".

"L’Etat n'a pas de parole (...) la logique qui a conduit à cette fermeture est la même que celle qui met en grève des centaines de service des hôpitaux publics: la réduction des moyens publics de la santé", a affirmé François Mignet, membre du collectif "C'est pas demain la veille".

"Pour l'instant, ils ont eu du bol" qu'il n'y ait pas eu d'accident de naissance, explique Hélène Yaouane-Lapalle, pédiatre qui a exercé 34 ans au Blanc et craint "un drame".

Avançant fièrement sa poussette au milieu des participants, Christelle Guillebaud explique avoir accouché d'une petite Lily vendredi dernier aux urgences de l’hôpital du Blanc.

"La sage-femme a dit: je la garde", explique-t-elle, racontant que tout s'était accéléré dans la matinée, que le Samu était arrivé au bout de trois quarts d'heure pour l'emmener à une heure de route. "Ils avaient choisi le CHU de Poitiers mais je ne le sentais pas, ça tombait bien, c'était un vendredi et la sage-femme était là" ajoute-t-elle.

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