Une sénatrice du parti Farc à l'ONU pour alerter sur le "désespoir" en Colombie

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Par Agnès PEDRERO - Genève (AFP)
Publié le 21 septembre 2018 - 13:17
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Victoria Sandino, ex-commandante guérilla et sénatrice du parti Farc, le 13 juillet 2018 à Bogota, en Colombie
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© Diana Sanchez / AFP/Archives
Victoria Sandino, ex-commandante guérilla et sénatrice du parti Farc, le 13 juillet 2018 à Bogota, en Colombie
© Diana Sanchez / AFP/Archives

L'ex-commandante guérillera des Farc, Victoria Sandino, devenue sénatrice du parti ayant le même acronyme, était cette semaine à l'ONU à Genève pour alerter sur le "désespoir" en Colombie face aux manquements dans l'application de l'accord de paix.

"Je tenais à souligner que des progrès ont été réalisés en matière de paix en Colombie en ce qui concerne l'arrêt des affrontements armés. L'effusion de sang (...) a cessé", a déclaré Mme Sandino, dans un entretien à l'AFP.

"Mais nous sommes dans une phase très complexe, très difficile, quant à la mise en oeuvre" de l'accord signé fin 2016 avec le gouvernement colombien, a relevé celle qui est devenue sénatrice en juillet.

C'est une phase "de fort scepticisme, de désespoir même pour les gens qui ont traversé le conflit", les "victimes du conflit", les "millions de personnes (...) qui ont été déplacées de leur territoire, dépossédées de leurs terres", a insisté celle qui fut négociatrice de l'accord de paix pendant les pourparlers à Cuba.

Après l'accord de paix, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) se sont transformées en parti politique. Ce parti a dénoncé des manquements des autorités dans l'application du pacte, notamment dans les ressources promises pour la réincorporation des ex-guérilleros et leur sécurité.

L'arrivée début août à la présidence colombienne de Ivan Duque, qui a promis de modifier l'accord de paix selon lui trop indulgent envers les ex-chefs guérilleros, a renforcé les inquiétudes, a expliqué Mme Sandino. "Notre préoccupation est énorme", a-t-elle ajouté.

Arrivée mardi soir à Genève, Mme Sandino, 53 ans, a expliqué qu'elle avait rencontré cette semaine divers Rapporteurs spéciaux de l'ONU, dont le Rapporteur spécial sur la torture et celui sur les exécutions extrajudiciaires.

Elle devait également avoir un entretien vendredi avec la Haut-Commissaire adjointe des Nations unies aux droits de l'Homme, Kate Gilmore.

- Pression sur Bogota -

Mme Sandino a également profité de la session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU pour avoir des réunions bilatérales "avec plusieurs pays qui ont accompagné le processus de paix".

"Pourquoi? Pour dénoncer et rendre visible en premier lieu la situation des droits de l'Homme qui existe dans notre pays", a-t-elle dit, dénonçant les violences exercées contre les militants des droits humaines et les leaders communautaires et sociaux.

Selon Mme Sandino, 76 ex-guérilleros des Farc ont été assassinés depuis la signature de l'accord de paix. En outre, 20 personnes, des proches de l'ancienne rébellion ont aussi été assassinés, et 6 ex-combattants ont disparu.

Si l'accord avec les Farc a diminué l'intensité du conflit en Colombie, la violence continue, notamment dans les zones frontalières, épicentres de divers trafics, en particulier celui de la cocaïne, dont la Colombie est le premier producteur mondial.

La sénatrice du parti Farc a expliqué être venue aussi "pour lancer un appel à l'ensemble de la communauté internationale pour qu'elle continue d'accompagner ce processus" de paix.

"Le fait que les délégations internationales (...) exhortent ou invitent le gouvernement colombien à respecter ce qui a été convenu et qu'il respecte les droits de l'Homme est fondamental", a-t-elle insisté.

En plus d'un demi-siècle, le conflit colombien a vu s'affronter guérillas, paramilitaires d'extrême droite et forces armées, faisant plus de huit millions de victimes entre morts, disparus et déplacés.

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