Yémen : inhumation de civils tués par des frappes lors d'un soulèvement tribal

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Par AFP - Sanaa
Publié le 14 mars 2019 - 16:09
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Les funérailles de civils tués lors de frappes aériennes, le 14 mars 2019 à Sanaa, au Yémen
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© Mohammed HUWAIS / AFP
Les funérailles de civils tués lors de frappes aériennes, le 14 mars 2019 à Sanaa, au Yémen
© Mohammed HUWAIS / AFP

Les rebelles Houthis du Yémen ont organisé jeudi dans la capitale Sanaa qu'ils contrôlent des funérailles pour des civils tués, selon eux, lors de frappes aériennes de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite dans une zone secouée par un soulèvement tribal.

Les violences qui se sont déroulées dans cette région située au nord-ouest de la capitale sont intervenues alors que l'ONU tente désespérément de maintenir en vie un processus de dialogue interyéménite, né en décembre en Suède, dans l'espoir de mettre fin à la guerre ravageant le Yémen depuis quatre ans.

Les funérailles, suivies par des milliers de personnes, ont donné l'occasion aux Houthis, soutenus par l'Iran, de scander des slogans dénonçant "les massacres commis par les ennemis".

La guerre au Yémen oppose les Houthis, issus d'une minorité du nord du pays, aux forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi appuyées militairement par une coalition conduite par Ryad.

Selon l'agence de presse Saba contrôlée par les rebelles, 17 civils, dont des femmes et des enfants, ont été enterrés après une cérémonie funéraire dans une mosquée de la capitale.

Selon l'ONU, dix enfants et douze femmes ont trouvé la mort dans des bombardements, les 9 et 10 mars, dans la zone de Kouchar relevant de la province de Hajjah, au nord-ouest de Sanaa.

L'organisation internationale n'a pas désigné l'auteur de ces attaques, mais les Houthis affirment qu'ils sont le fait de l'aviation de la coalition sous commandement saoudien.

"Le crime de Kouchar a suivi l'échec de la tentative de l'ennemi de fomenter la discorde" au nord-ouest de Sanaa, a déclaré, selon Saba, Taha Moutawakal qui fait office de ministre de la Santé dans l'administration rebelle.

Il faisait référence à un soulèvement tribal contre les Houthis qui a donné lieu ces dernières semaines à des combats meurtriers et entraîné, selon l'ONU, le déplacement de milliers de civils.

Ces tribus apparentées aux Hached avaient conclu en 2014 une entente tacite avec les rebelles en vertu de laquelle ces derniers s'étaient engagés à ne pas entrer dans leurs territoires et à ne pas s'ingérer dans leurs affaires.

Mais, estimant que les Houthis ne respectaient plus cet accord, elles ont pris récemment les armes contre eux, selon des sources tribales.

- Soutien saoudien -

Ces tribus ont reçu le soutien de la coalition menée par l'Arabie saoudite qui leur a fourni un soutien aérien et leur a parachuté à plusieurs reprises des armes et des vivres.

Cela n'a pas empêché les rebelles d'écraser ce soulèvement après avoir envoyé d'importants renforts dans cette zone.

La direction politique des Houthis, appelée "Conseil politique suprême", a officiellement félicité ses branches armées d'avoir réussi à mater le soulèvement, a rapporté mercredi l'agence Saba.

Le chef militaire des rebelles Ahmed al-Zaakari a été tué au combat mardi, ont affirmé des sources tribales.

Selon elles, les Houthis ont décidé de renforcer leur présence dans cette zone car elle commande l'accès à la mer Rouge au nord de Hodeida, ville portuaire aux mains des rebelles et âprement disputée avec les forces progouvernementales.

La perte de cette région aurait signifié un encerclement par des forces anti-Houthis de Hodeida, point d'entrée essentiel pour les importations et l'aide humanitaire.

- "Les Houthis accusés" -

Or, les Houthis ne semblent pas pressés de quitter la ville de Hodeida et de céder le contrôle de ses ports comme l'y oblige l'accord conclu en décembre sous l'égide de l'ONU en Suède.

Le gouvernement du président Hadi a accusé les rebelles d'avoir provoqué la mort de nombreux civils dans les combats pour réprimer ce soulèvement tribal qui a duré plusieurs semaines.

Dans une déclaration à Amman mercredi, le ministre de l'Information yéménite Mouammar al-Iryani a évoqué une centaine de civils tués et parlé de "génocide commis par les Houthis".

Le conflit au Yémen, le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, a fait quelque 10.000 morts, en majorité des civils, depuis qu'une coalition militaire menée par Ryad est intervenue en mars 2015 pour soutenir le gouvernement, selon un bilan partiel de l'Organisation mondiale de la santé.

Le bilan réel des victimes est nettement plus élevé, selon des ONG, dont certaines citent un chiffre cinq fois supérieur. En août 2018, un groupe d'experts de l'ONU a conclu que toutes les parties avaient potentiellement commis des "crimes de guerre" au Yémen.

Selon des estimations de l'ONU, 80% de la population yéménite, soit 24 millions de personnes, a besoin d'une forme d'aide humanitaire ou de protection, dont 14,3 millions de manière urgente.

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