Pierre Gattaz : en économie, le FN fait "l'inverse de ce qu'il faut faire"
Après La Voix du Nord qui clame haut et fort que "les solutions du FN ne sont pas les bonnes", c'est désormais le Medef qui s'inquiète des possibles victoires du parti de Marine Le Pen aux élections régionales. Car, selon son président Pierre Gattaz, au niveau économique, l'extrême droite propose "l'inverse de ce qu'il faut faire". "Je ne m'exprime pas sur la politique mais sur le programme économique du Front national", annonce-t-il d'emblée dans une interview au Parisien publiée ce mardi 1er décembre. "Et là, je dis attention, car il me rappelle étrangement le programme commun de la gauche de 1981", poursuit-il.
Et de citer les mesures promises par le FN. "Retour de la retraite à 60 ans, augmentation de tous les salaires avec notamment une hausse du Smic de 200 euros, retour au franc, augmentation des taxes d'importation... (...): c'est exactement l'inverse de ce qu'il faut faire pour relancer la croissance économique du pays. L'économie a besoin de pragmatisme, de lucidité", détaille-t-il.
Et le programme économique du FN "n'est tourné ni vers l'avenir, ni vers la compétitivité". "On ne peut pas fermer les frontières. Le monde attend la France et ce n'est pas en nous recroquevillant sur nous-mêmes que nous allons y arriver. Il s'agit de ne pas confondre les problèmes sécuritaires avec les problèmes économiques", explique Pierre Gattaz qui affirme qu'il ne fait pas "de politique" et s'intéresse seulement au "programme économique" des partis politiques. "Or, quand je vois celui du FN, qui ressemble à celui de l'extrême gauche, je ne suis pas d'accord. Extrême droite, extrême gauche, c'est la même chose: Mélenchon-Le Pen, même combat. En 1981, ça nous a mis dans le mur pendant deux ans. Ne recommençons pas", lance le patron des patrons.
Ainsi, "ce que proposent les partis d'extrême droite et d'extrême gauche va à l'encontre de ces nécessités". "Quant à la droite et la gauche classiques, il est urgent qu'elles fassent leur révolution culturelle, l'une en arrêtant de penser que c'est l'Etat qui doit tout piloter, l'autre en mettant l'entreprise au cœur de sa logique", affirme Pierre Gattaz pour qui c'est justement parce que "depuis trente ans nous n'avons pas mis l'entreprise au centre du jeu" que le FN gagne autant de voix chez les ouvriers.
"Depuis deux ans, on vient juste de faire un virage entrepreneurial avec ce pacte de responsabilité", concède-t-il toutefois. "Il y avait 130 milliards d'euros d'écart de compétitivité entre l'Allemagne et la France. Le pacte a permis de réduire l'écart d'un tiers, le ramenant à 90 milliards. J'attends que les candidats à la présidentielle s'engagent à faire les deux tiers du chemin restants".
Car il n'y a que l'entreprise qui pourrait diminuer le taux de chômage en France, selon lui. En octobre, ce dernier a connu sa plus forte hausse depuis 2013, avec 42.000 demandeurs d'emploi supplémentaires sans aucune activité. "Il faut une multimédication. Il faut arrêter de prendre de l'aspirine et passer aux antibiotiques et à la cortisone. Il existe des mesures simples à prendre tout de suite: plafonnement des indemnités prud'homales, CDI sécurisé, simplification du travail le dimanche et en soirée", assure Pierre Gattaz.
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