Brexit : vers 15 mois de négociations "intenses" entre le Royaume-Uni et l'UE
Londres et l'Union européenne n'auront que "14-15 mois" pour négocier leur divorce après le déclenchement formel de la procédure, a prévenu ce mardi 22 l'eurodéputé Guy Verhofstadt, nommé référent du Brexit pour le Parlement européen.
"Nous nous sommes mis d'accord sur la nécessité de démarrer ce processus (de séparation) dès que possible et de le terminer avant les prochaines élections européennes", prévues en mai ou juin 2019, a affirmé M. Verhofstadt, qui a eu son "premier contact formel" avec David Davis mardi à Strasbourg.
Si, comme l'a promis la Première ministre britannique Theresa May, Londres notifie sa décision de quitter l'UE d'ici à la fin mars 2017, les véritables négociations ne devraient pas commencer avant le mois de mai. Et une fois l'accord de rupture négocié, le Parlement européen devra encore donner son feu vert.
Cette dernière procédure pouvant prendre plusieurs mois, les tractations entre Londres et Bruxelles devront être achevées fin 2018, selon les calculs de l'ancien Premier ministre belge. "La fenêtre de négociations est donc plus ou moins de 14-15 mois", a-t-il estimé, tablant sur "une période très intense".
Président du groupe Alde (libéraux) et chantre du fédéralisme européen, il a prévenu qu'il serait "impossible de trouver des solutions mettant en péril les quatre libertés" de circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services, principes intangibles de l'Union, alors que le gouvernement britannique veut restreindre le nombre de migrants européens tout en voulant rester dans le marché unique.
Qualifiant son interlocuteur d'"homme très gentil", M. Davis a estimé que leur conversation avait été "utile et constructive", dans une interview à la BBC. "Mon opinion est que nous pouvons obtenir un résultat qui sera dans l'intérêt de l'Union européenne et de la Grande-Bretagne et qui répondra aux obligations du référendum", a espéré le ministre britannique.
Les Européens sont dans l'attente de l'initiative du gouvernement britannique, qui doit déclencher la clause de retrait volontaire et unilatéral de l'UE du Traité de Lisbonne (l'article 50), encore jamais utilisée.
"Malheureusement, je n'ai rien entendu de nouveau de la part de David Davis aujourd'hui. Pour nous, c'est clair: les quatre libertés fondamentales (de l'UE) sont non négociables", a insisté le chef du groupe conservateur PPE au Parlement, l'Allemand Manfred Weber.
"Brexit signifie Brexit, donc il faudra bien réduire notre relation, il ne s'agit pas du tout de choisir ce que l'on préfère", a tranché M. Weber.
Lundi, M. Davis avait rencontré pour la première fois à Bruxelles le négociateur en chef du Brexit pour la Commission européenne, Michel Barnier, qui lui discutera directement avec Londres.
Ces visites, les premières de M. Davis depuis le vote en faveur d'une sortie de l'UE, "ne servent pas à ouvrir les négociations qui commenceront seulement après l'activation de l'article 50, mais pour déblayer le terrain en vue d'un dialogue constructif et d'une sortie calme et ordonnée dans l'intérêt de tous", selon Londres.
S'efforçant de rassurer les entrepreneurs britanniques inquiets du Brexit, Theresa May a estimé lundi que "la bonne approche est de ne pas nous précipiter avant d'entamer le gros du travail, de prendre le temps de clarifier notre position avant de nous lancer".
La procédure de divorce pourrait être encore retardée par la récente décision de la Haute Cour de justice de Londres selon laquelle les députés britanniques devraient voter sur ce processus de sortie de l'UE.
Le gouvernement britannique, qui ne juge pas ce vote utile, a fait appel devant la Cour Suprême, qui devrait se prononcer début décembre.
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