Hollande avertit May que la négociation sera "dure" si elle veut un "Brexit dur"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 20 octobre 2016 - 22:00
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Theresa May et François Hollandeà l'Elysée en juillet 2016.
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©Stéphane de Sakutin/AFP
Ce jeudi, Mme May s'est surtout employée à rassurer ses partenaires européens.
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Entre fermeté et diplomatie, les dirigeant européens étaient réunis ce jeudi à Bruxelles pour évoquer le Brexit. L'occasion d'évoquer notamment la question sensible d'un contrôle aux frontières britanniques des citoyens de l'Union européenne. Une idée qui irrite l'UE, d'autant plus que le Royaume-Uni cherche à rester son partenaire sur certains points.

Le président François Hollande a prévenu jeudi la Première ministre Theresa May qu'elle devait s'attendre à une "négociation dure" si elle s'orientait vers un Brexit "dur". "Je l'ai dit très fermement: Mme Theresa May veut un Brexit dur? La négociation sera dure", a lancé le président français en arrivant à Bruxelles, le premier sommet auquel la dirigeante conservatrice britannique assiste depuis que les Britanniques ont décidé le 23 juin de quitter l'Union européenne.

Mme May avait provoqué des froncements de sourcils auprès des 27 en insistant sur l'idée d'appliquer un contrôle de l'immigration des citoyens de l'UE, s'orientant ainsi vers un Brexit "dur", sans concessions. Pour les Européens, cette proposition va à l'encontre du principe de libre circulation et s'avère incompatible avec un accès sans conditions au marché unique.

Ce jeudi, Mme May s'est surtout employée à rassurer ses partenaires européens, s'engageant à ce que Londres assume pleinement son rôle jusqu'au Brexit puis reste un "partenaire fiable". "Je suis ici avec un message très clair: le Royaume-Uni quitte l'UE mais nous allons continuer à jouer pleinement notre rôle jusqu'à ce que nous partions", a assuré Mme May aux journalistes.

"Et après notre départ, nous serons un partenaire fort et fiable", a promis la Première ministre britannique. "C'est dans l'intérêt aussi bien du Royaume-Uni que de l'UE de continuer à travailler étroitement ensemble", a-t-elle plaidé.

Comme Mme May, le président du conseil européen Donald Tusk s'est efforcé d'arrondir les angles, se disant "très heureux d'accueillir Theresa May aujourd'hui" dans la capitale européenne. "Certains médias décrivent son premier sommet comme une arrivée dans la fosse aux lions. Ce n'est pas vrai, c'est plutôt un nid de colombes", a-t-il ironisé. "Vous pouvez être sûrs qu'elle sera absolument saine et sauve et j'espère qu'elle réalisera que l'UE est la meilleure compagnie qu'on puisse avoir au monde".

M. Tusk a réitéré qu'il n'y aurait "pas de négociations" sur la sortie du Royaume-Uni avant l'activation par Londres de l'article 50 du traité de Lisbonne. Theresa May a récemment indiqué que ce lancement officiel de la procédure de divorce avec l'Union interviendrait d'ici fin mars 2017.

Ce calendrier, qui ouvre la voie à un départ effectif du Royaume-Uni de l'UE début 2019, a été salué par les dirigeants européens, qui poussent pour un divorce rapide depuis le résultat du référendum du 23 juin.

Mme May, qui n'avait pas été invitée au dernier sommet de l'UE à Bratislava en septembre, devrait profiter du rendez-vous de Bruxelles pour sonder des alliés potentiels. Elle s'est déjà rendue en France, en Allemagne, au Danemark, aux Pays-Bas et en Espagne. A Bruxelles, elle aura des apartés avec les dirigeants de l'Estonie et de la Roumanie.

"Le Royaume-Uni est impatient de savoir ce que d'autres Etats membres sont prêts à accepter dans les négociations sur le Brexit", note Iain Begg, professeur de sciences politiques à la London School of Economics.

Preuve de la complexité des négociations à venir, Mme May a indiqué mercredi devant le Parlement que les négociations allaient durer "deux ans, ou plus", n'excluant donc pas la possibilité d'une prolongation de la période prévue.

Une des difficultés vient des divisions du gouvernement britannique, qui peine à s'accorder sur une stratégie claire. Le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, insiste sur le nécessaire contrôle de l'immigration. Celui des Finances, Philip Hammond, cherche d'abord à protéger l'économie.

Ces divergences de vue ne sont "un secret pour personne", a reconnu M. Hammond, qui insiste sur l'impératif pour le secteur financier de ne pas être entravé par des restrictions sur le mouvement des travailleurs qualifiés. Jeudi matin, le ministre du Brexit, David Davis, a assuré que le Royaume-Uni allait maintenir "la libre circulation des cerveaux".

L'Ecosse, qui menace d'un nouveau référendum d’indépendance et a publié un projet de loi en ce sens ce jeudi, constitue un autre casse-tête. Plusieurs recours en justice risquent également de freiner le processus.

 

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