Attentats déjoués à Paris : le point sur l'enquête

L'arrestation chanceuse de Sid Ahmed Ghlam, suspecté d'avoir voulu commettre des attentats contre des églises de Villejuif dimanche 19, a permis d'éviter le drame. Mais les autorités tentent à présent de retrouver ses probables complices.

L'enquête se poursuit au lendemain de l'annonce par Bernard Cazeneuve qu'un attentat avait été évité en Ile-de-France dimanche 19. Le suspect, blessé, est toujours en garde à vue ce jeudi à l'hôpital de l'Hotel-Dieu (Paris). Malgré la présomption d'innocence et son mutisme, son implication dans ce projet d'attentat et le meurtre d'Aurélie Châtelain semble évident. Le déroulé des faits a été en grande partie résolu par les enquêteurs, mais plusieurs zones d'ombre restent à éclaircir.

 

>Ce que l'on sait

Sid Ahmed Ghlam, 24 ans, étudiant en informatique d'origine algérienne, a été arrêté dimanche 19 près de son domicile, une résidence étudiante du 13^e arrondissement de Paris. Blessé par balle, il a prétendu avoir été agressé. Mais les policiers ont vite découvert dans sa voiture et son appartement l'arsenal du parfait djihadiste: plusieurs kalachnikovs et armes de poing, un gilet pare-balles, des brassards de police, du matériel informatique et des documents liés à Al-Qaïda et l'Etat islamique.

L'ADN du suspect et l'analyse de ses armes ont permis de le lier au meurtre d'Aurélie Châtelain, 32 ans, dont le corps avait été retrouvé dans sa voiture le même jour à Villejuif (Val-de-Marne).

Le scénario établi par les autorités est encore provisoire. Mais selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, il est probable que Sid Ahmed Ghlam avait l'intention de s'en prendre dimanche 19 à une ou plusieurs églises de Villejuif.

Pour "dissimuler ce crime" il aurait essayé de voler la voiture d'Aurélie Châtelain. Au cours de cette tentative, la jeune femme est tuée d'une balle. Son agresseur en reçoit une dans la jambe. Il tente de rentrer chez lui mais fini par appeler les secours qui préviennent les forces de l'ordre.

On ne sait pas encore si Sid Ahmed Ghlam s'est infligé cette blessure par accident ou si Aurélie Châtelain a lutté avant de succomber. Le maire de sa commune d'origine, Caudry (Nord), a annoncé qu'il demanderait que la légion d'honneur lui soit remise à titre posthume.

>Ce qui reste à éclaircir

L'attentat a donc été évité par chance. Mais plusieurs éléments semblent démontrer que Sid Ahmed Ghlam n'a pas agit seul. L'enquête a révélé l'existence d'un commanditaire "pouvant se trouver en Syrie", selon le procureur de Paris, François Molins.

De plus, l'homme avait amassé plus d'armes que nécessaire pour une seule personne. . Ils auraient analysé l'ordinateur de Sid Ahmed Ghlam. Celui-ci aurait selon M6 échangé des messages avec un ou plusieurs complices la veille de l'attentat. Sa petite amie aurait également pu jouer un rôle. Selon RTL, des clés de chiffrement manuscrites, permettant de coder et décoder des messages a priori incompréhensibles, auraient été retrouvées chez elle. Selon Le Parisien, la police serait à le recherche de deux complices. Il s'agirait du propriétaire de la voiture dans laquelle une partie de l'arsenal a été découvert et de la personne avec laquelle Sid Ahmed Ghlam avait discuté sur Facebook samedi 18, déclarant: "je ne me sens pas prêt".

Des doutes subsistent également sur la personnalité de Sid Ahmed Ghlam. Il avait été entendu et fiché par les services de renseignement, notamment après avoir voulu rejoindre les djihadistes en Syrie ou en Irak.

Sa sœur dresse le portrait d'un jeune homme pratiquant mais qui n'était ni radical ni violent. Elle pense qu'il a pu être manipulé, voire menacé par les véritables terroristes. Contrairement aux frères Kouachi ou à Amedy Coulibaly, Sid Ahmed Ghlam avait un casier judiciaire vierge. Seule une plainte pour violences volontaires, classée sans suite, avait été déposée contre lui en 2013.