Meurtre d'Aurélie Châtelain : reconstitution en présence de Ghlam et sous haute surveillance
Près d'un an après le meurtre d'Aurélie Châtelain, une reconstitution a débuté dimanche à Villejuif, en présence du principal suspect, Sid Ahmed Ghlam, soupçonné d'avoir tué la jeune femme alors qu'il projetait un attentat dans une église.
Peu avant 8h, deux véhicules, dont celui de la victime, ont été transportés sur les lieux. La rue, proche de l'institut de cancérologie Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne), où la jeune femme avait été retrouvée, a été bouclée, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des membres de la famille d'Aurélie Châtelain étaient présents, a indiqué leur avocat, Me Antoine Casubolo Ferro. "Ils veulent comprendre pourquoi on l'a tuée et comment. L'objet est de vérifier tout ce que Ghlam a pu dire et si cela tient la route", a-t-il déclaré aux journalistes.
Le 19 avril au matin, Aurélie Châtelain, 32 ans, professeur de fitness dans le nord de la France, était retrouvée morte, tuée par balle, sur le siège passager de son véhicule.
Peu après, un étudiant franco-algérien connu des services de renseignements comme islamiste radical, Sid Ahmed Ghlam, 24 ans était arrêté à Paris après avoir lui-même appelé les secours: il venait de se blesser avec une arme à feu.
La police allait retrouver un véritable arsenal dans son véhicule et sa chambre d'étudiant, notamment quatre kalachnikovs, deux pistolets, des munitions et des gilets pare-balles.
De nombreux indices le confondent dans ce meurtre et dans le projet d'attentat avorté: son arsenal, son ADN retrouvé dans le véhicule de la jeune femme, du matériel informatique et téléphonique laissant supposer une attaque imminente, notamment un message lui disant de trouver "une église avec du monde".
De l'ADN d'Aurélie Châtelain avait été également mis en évidence sur la parka que portait Ghlam et les expertises balistiques ont montré que la balle avait été très probablement tirée depuis son pistolet Sphinx.
Cette reconstitution est importante, d'autant que Sid Ahmed Ghlam a varié dans ses déclarations depuis son arrestation. En garde à vue, il a livré aux enquêteurs une thèse rocambolesque: il aurait trouvé les armes par hasard et voulu s'en débarrasser dans la Seine, avant de se blesser accidentellement. Puis, il garde le silence.
Deux mois plus tard, il se présente comme un jeune naïf embrigadé par le groupe État islamique et missionné pour commettre un attentat depuis la Turquie, où il s'était rendu à deux reprises, en 2014 et début 2015. Il a accusé un complice, Abou Hamza, jamais retrouvé depuis, d'avoir volé la voiture d'Aurélie Châtelain et de l'avoir tuée alors qu'ils devaient se rendre dans l'église de Villejuif, mais seulement pour faire peur aux fidèles.
Récemment, il a affirmé que ce complice était l'un des kamikazes du Bataclan, Samy Amimour, qu'il aurait reconnu à la télévision après les attentats parisiens du 13 novembre. La thèse d'un second tueur paraît "inenvisageable", selon une source proche de l'enquête.
Des témoins ont évoqué la présence de deux véhicules au moment des faits, mais leur témoignage ne concordent pas et ne sont pas corroborés: aucune trace ADN, sinon celle de Ghlam, n'a été retrouvée dans le véhicule d'Aurélie Châtelain. En revanche deux traces de sang contenant l'empreinte génétique de Ghlam ont été mises en évidence sur le parking de l'Institut Gustave-Roussy, situé à une cinquantaine de mètres, et où le djihadiste présumé dit avoir retrouvé Abou Hamza.
L'enquête sur le soutien logistique dont a pu bénéficier Sid Ahmed Ghlam progresse: outre Ghlam, quatre personnes ont été mises en examen, soupçonnées notamment d'avoir joué un rôle dans la livraison des armes ou des gilets pare-balles.
Aurélie Châtelain a été décorée le 18 mars, à titre posthume, de la Légion d'honneur, tout comme Hervé Cornara, le chef d'entreprise décapité en juin à Saint-Quentin-Fallavier par un employé radicalisé, Yassin Salhi.
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