Mort de la petite Fiona : la mère n'a pas tué son enfant pour le tribunal, l'ex-concubin écope de 20 ans

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 26 novembre 2016 - 11:51
Image
Cécile Bourgeois, la mère de la petite Fiona
Crédits
©Thierry Zoccolan/AFP
Si le parquet ne fait pas appel, la mère devrait prochainement sortir de prison.
©Thierry Zoccolan/AFP
Les jurés ont rendu un verdict qui a surpris les observateurs: ils ont jugé que la mère de Fiona n'a pas participé à la mort de son enfant, contrairement à son ex-concubin. Elle n'écope "que" de cinq ans pour ne pas avoir signalé la mort de son enfant et avoir d'essayer de la maquiller en disparition.

Coup de théâtre dans l'affaire Fiona: les assises du Puy-de-Dôme ont condamné vendredi la mère de la fillette à cinq ans de prison et son ex-compagnon, seul reconnu coupable des coups mortels, à 20 ans de réclusion.

Contre l'avis de l'avocat général, qui avait requis 30 ans de réclusion pour le couple, avec une période de sûreté des deux-tiers, Cécile Bourgeon a été acquittée partiellement du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

Contre toute attente, elle n'a été condamnée que pour quatre délits, notamment "non-assistance à personne en danger" et "dénonciation de crime imaginaire" pour avoir monté le scénario de sa disparition dans un parc de Clermont-Ferrand, le 12 mai 2013. Elle s'est toutefois vu infliger un retrait total de l'autorité parentale pour ses deux autres enfants.

La cour a estimé qu'"il n'y avait contre elle qu'un seul élément à charge: la parole tardive et variable de Berkane Makhlouf".

Ce dernier a écopé de 20 ans de réclusion criminelle, assortis d'une période de sûreté des deux tiers.

"C'est une immense satisfaction! Le droit l'a emporté sur la rue", s'est félicité Me Renaud Portejoie, l'avocat de Cécile Bourgeon pour qui "la cour, avec courage, a su se départir de l'émotion et rendre la justice sereinement".

"Si le parquet général décide de ne pas relever appel, (...), elle sortira d'ici les prochaines semaines", a-t-il estimé.

"Ce verdict est surprenant! La cour s'est montrée aveugle sur une partie des faits", a déclaré de son côté Me Mohamed Khanifar, conseil de Berkane Makhlouf, qui envisage de faire appel.

Dans sa plaidoirie, il avait mis en garde la cour contre un "risque d'erreur judiciaire", en faisant allusion à l'affaire d'Outreau.

A l'énoncé du verdict, Nicolas Chafoulais, le père de Fiona, a précipitamment quitté la salle. Pour son avocat, Me Charles Fribourg, "la manipulation et le mensonge ont triomphé sur la vérité".

"On a un tabou en France: une mère ne peut pas mettre fin aux jours de son enfant", a estimé pour sa part Me Marie Grimaud, avocate de l'association Enfance et Partage qui s'était portée partie civile.

Dans un réquisitoire particulièrement incisif à l'encontre de Cécile Bourgeon, l'avocat général avait pourtant renvoyé dos à dos les deux accusés, estimant qu'ils étaient "unis dans la violence".

"Il n'est pas nécessaire que je puisse identifier qui a fait quoi. Peu importe si l'un a mis trois coups et l'autre un seul", avait estimé Raphaël Sanesi de Gentile.

Il avait réclamé une "peine exemplaire" pour ce "couple infernal".

Les ex-concubins, jugés depuis deux semaines, avaient fait croire à un enlèvement pendant des mois en 2013, avant d'avouer la mort de la fillette de cinq ans dont le corps n'a jamais été retrouvé.

Faute d'autopsie, la cause de la mort de Fiona n'a pas été éclaircie-coups, absorption de médicaments voire de drogues, le couple étant toxicomane. La défense n'a eu de cesse de plaider l'accident domestique.

Et le sort réservé à la dépouille de l'enfant, enterrée en lisière d'une forêt ou jetée aux ordures, reste toujours une énigme.

Durant ce procès à rebondissements, au cours duquel une médium a été appelée à la barre, Cécile Bourgeon est restée insaisissable et inconstante dans ses versions. Parfois touchant et volubile, Berkane Makhlouf avait persisté à nier les violences sur Fiona dont l'accuse son ex-concubine.

Ce verdict a été accueilli avec colère par une cinquantaine de personnes, qui attendaient la sortie du fourgon pénitentiaire et ont injurié copieusement la mère de Fiona. 

 

À LIRE AUSSI

Image
Au procès.
Fiona : le père de la fillette veut savoir où est son corps
Le père de Fiona veut croire que le procès de la mère de la fillette de cinq ans permettra de savoir où se trouve le corps de sa fille disparue en 2013."Je veux savoir...
07 novembre 2016 - 14:44
Société
Image
Une allégorie de la Justice.
Meurtre de la petite Fiona : un témoin fragilise l'argumentaire de l'accusation
Au cinquième jour du procès pour le meurtre de la petite Fiona, un témoin a fragilisé ce vendredi la thèse de l'accusation selon laquelle l'enfant avait subi un long c...
18 novembre 2016 - 16:21
Société
Image
Au procès.
Meurtre de la petite Fiona : pour le père de la fillette, la mère ne dit pas la vérité
Le père de Fiona s'est dit convaincu lundi que la mère de l'enfant et son ex-concubin, jugés devant les assises du Puy-de-Dôme pour la mort de la fillette, faisaient o...
22 novembre 2016 - 12:14
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.