Plan épargne logement : comment le gouvernement et ses députés veulent sanctionner un placement qu'ils jugent "toxique"
Les débats ont été houleux à l'Assemblée nationale et la déclaration d'Amélie de Montchalin, la députée LREM de l'Essonne et référente de la majorité à la Commission sonnent comme un aveu. La majorité ne souhaitait déjà pas favoriser l'immobilier comme le montre la mutation de l'ISF en IFI (impôt sur la fortune immobilière). Mais le Plan épargne logement (PEL) ne sera pas mieux loti. Et une fois encore pour la même raison: l'investissement dans l'immobilier est de l'argent "perdu" pour l'économie. Amélie de Montchalin a ainsi expliqué que le PEL est un "produit toxique (...) qui bloque l'épargne des Français à 1% pendant dix ans alors que nous savons tous que les taux vont remonter".
Conséquence: mercredi 11 au soir, après de longues heures de débats, les députés ont confirmé la mise en place de la "flat tax", ce prélèvement uniformisé de 30% sur certains revenus du capital, en confirmant que le PEL ne ferait pas partie de la liste des rares produits d'épargne qui y échapperont (à savoir le livret A, le livret d'épargne populaire, livret de développement durable et solidaire).
Si la mesure ne devrait pas marquer la mort du PEL, c'est en tout cas un gros coup pour ce produit d'épargne qui pourrait voir sa rentabilité plonger dès 2018. En effet, la mise en place de la "flat tax" dont la dénomination officielle est d'ailleurs "prélèvement forfaitaire unique" (PFU) va faire du produit d'épargne l'un des moins rémunérateurs du marché.
Avec actuellement un taux d'intérêt de 1%, un niveau déjà faible, le taux réel (après prélèvement) avec le PFU va tomber à 0,7%. Ce sera moins que le livret A qui n'a qu'un taux de 0,75% mais n'est pas concerné par la flat tax. Et avec la promesse, certes relative, du gouvernement de conserver ce taux (il pourrait d'ailleurs difficilement aller plus bas), il ne devrait pas récupérer la dernière place que va lui ravir bien malgré lui le PEL.
A cela se rajoute les risques de remontée de l'inflation qui va dépasser les 1% en 2017, sauf surprise, et le PEL devient même un placement au taux réel (soit le taux nominal moins l'inflation) négatif. Et si les taux d'emprunt immobilier n'amorcent qu'une modeste remontée, le PEL n'apporterait même plus son avantage traditionnel au moment de négocier un financement immobilier bancaire. L'exécutif voudrait mettre fin à un "produit toxique" qu'il ne s'y prendrait pas autrement.
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