Agression sexuelle et violences : du sursis requis contre deux rugbymen fidjiens

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 29 novembre 2017 - 17:16
Image
Les rugbymen fidjiens Josaia Raisuqe (c) et Waisea Nayacalevu (d), à la sortie du tribunal, le 29 no
Crédits
© Thomas SAMSON / AFP
Les rugbymen fidjiens Josaia Raisuqe (c) et Waisea Nayacalevu (d), à la sortie du tribunal, le 29 novembre 2017 à Paris
© Thomas SAMSON / AFP

D'une soirée parisienne trop arrosée en juillet au tribunal correctionnel: un an de prison avec sursis a été requis mercredi contre un rugbyman fidjien jugé pour agression sexuelle et violences, et 6 mois de sursis contre son compatriote, un ailier vedette du Stade français.

Le 23 juillet, Josaia Raisuqe du Stade Français fêtait ses 23 ans, avec un autre joueur du club, Waisea Nayacalevu, meilleur marqueur d'essais du championnat de France pour la saison 2016-17. L'alcool a coulé à flot: le premier, qui depuis a été licencié du club de Top 14, a reconnu avoir bu "douze pintes de bière et beaucoup de vodka".

Ces colosses ont terminé la nuit au commissariat en cellule de dégrisement après avoir été interpellés vers 03h00 du matin. Josaia Raisuqe est accusé d'agression sexuelle par Jessica, une femme de 35 ans, qui affirme qu'il lui a "saisi les seins violemment".

Des violences ont suivi, impliquant elles, les deux rugbymen et deux amis de la jeune femme. Ces derniers se sont vu prescrire deux et trois jours d'incapacité totale de travail après avoir reçu des coups de poing. Jessica et ses deux amis, Camille et Lyès, étaient mercredi sur le banc des parties civiles.

"On était très ivres ce soir là", a raconté Waisea Nayacalevu. Il reconnaît avoir donné un coup de poing, mais ne se souvient pas bien de cette nuit. Ce géant d'1,95m pour 107 kilos a oublié qu'il avait baissé son pantalon.

Josaia Raisuqe affirme, par l'intermédiaire d'un interprète, lui qu'"il y avait beaucoup de monde ce soir-là". "Pendant que je poussais les gens" en quittant le nightclub "j'ai peut-être donné des coups à quelqu'un. Je m'en excuse", a-t-il dit, voix basse, tête baissée.

Mais le procès s'est rapidement concentré sur les faits, plus graves, d'agression sexuelle, que Josaia Raisuqe nie catégoriquement. "Je n'ai jamais fait cela de ma vie. (...) Dans ma culture, la femme est très respectée", a-t-il affirmé. Il nie avoir touché le sein de Jessica, mais cette mère de 4 enfants, qui "n'avait pas bu une goutte d'alcool", livre une description détaillée de la scène.

- Sentiment d'impuissance -

"Il a vraiment appuyé sa main sur mes seins", raconte-t-elle. Le sportif aurait utilisé ses deux mains, puis serait descendu au niveau du ventre et des cuisses. "C'était intentionnel, pas une bousculade comme il l'a dit". Elle aurait lâché: "Dégage!" mais il restait devant elle "en titubant", avec "un sourire aux lèvres".

Elle a décrit au tribunal son sentiment d'"impuissance", sa "sidération": elle se sentait "à la merci" de cet homme d'1,89m. "J'avais l'impression qu'il faisait ce qu'il voulait". Elle a depuis perdu 7 kg, et souffre de troubles du sommeil.

Mais comme dans beaucoup de dossiers d'agressions sexuelles, des déclarations divergentes, voire contradictoires, se font face.

"J'ai bien vu l'attouchement", affirme son amie Camille. Lyès, lui, a seulement vu "la grande agitation "de Jessica, un "mouvement de son corps". Waisea Nayacalevu, lui, affirme n'avoir "rien vu".

"Les choses me semblent parfaitement établies", a déclaré pour sa part le procureur, avant de requérir 12 mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve pendant 18 mois pour Josaia Raisuqe. "Ce n'est pas une petite agression sexuelle. C'est une agression sexuelle", a déclaré le procureur.

"Ce type de délinquance occasionne de lourds préjudices comme on le voit en ce moment à travers la libération de la parole" des victimes.

L'avocat de la défense, Thomas Klotz, a demandé la relaxe sur les faits d'agression sexuelle, soulevant des "incohérences". "Le dossier est extrêmement fragile. Ce qui s'est passé exactement, nous ne le saurons jamais". Il a critiqué les policiers qui n'ont pas cherché de témoin.

Licencié après cette affaire du Stade Français, Josaia Raisuqe a rejoint le club de Nevers (Pro D2).

Le tribunal rendra son jugement le 30 janvier.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.