Assassinat du père Hamel en 2016 : le parquet demande les assises pour 4 personnes

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Par Guillaume DAUDIN - Paris (AFP)
Publié le 23 octobre 2020 - 19:52
Mis à jour le 24 octobre 2020 - 01:46
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Une photographie du père Jacques Hamel, dans l'église San Luigi dei Francesi à Rome, le 17 août 2016
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© MARCO ZEPPETELLA / AFP/Archives
Une photographie du père Jacques Hamel, dans l'église San Luigi dei Francesi à Rome, le 17 août 2016
© MARCO ZEPPETELLA / AFP/Archives

Quatre accusés dont un grand absent: le parquet national antiterroriste demande un procès aux assises pour trois personnes dans l'entourage des jihadistes qui ont assassiné le père Hamel dans son église en juillet 2016, et contre le propagandiste Rachid Kassim, présumé mort en Irak.

L'assassinat à Saint-Etienne-du-Rouvray de ce prêtre, cible hautement symbolique, avait eu un retentissement international, douze jours après l'attentat terroriste de Nice.

Devant trois religieuses et un couple de paroissiens, le prêtre Jacques Hamel, 85 ans, venait d'achever sa messe matinale le 26 juillet 2016 de ces mots habituels : "Allez, passez une bonne journée."

Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, 19 ans, tous deux fichés S et qui se sont réclamés de l'organisation État islamique, entrent alors par la sacristie, le premier faisant s'agenouiller le prêtre.

Kermiche lui porte deux coups de couteau à la gorge pendant qu'un paroissien de 86 ans est obligé de filmer l'assassinat avec un téléphone avant d'être poignardé à son tour. Blessé à la gorge, au bras et dans le dos, il a toutefois survécu.

A leur sortie de l'église, les deux assaillants sont abattus par la police dans cette petite ville de la banlieue industrielle de Rouen.

Quelques heures après, le président François Hollande évoque un '"ignoble attentat terroriste".

-- "Extrêmement déterminés" --

Si le juge suit les réquisitions, au moins trois hommes pourraient se retrouver dans le box pour répondre d'"association de malfaiteurs terroriste criminelle". Ils sont soupçonnés de s'être associés aux assaillants en étant informés de leurs intentions terroristes, mais pas forcément de leur projet précis.

Le premier, Farid K., arrêté au lendemain de l'attaque, est un cousin d'Abdel Malik Petitjean. Âgé de 35 ans, il est notamment accusé d'avoir voulu se rendre en Syrie, d'avoir voulu commettre une action violente en France et d'avoir soutenu son cousin quand il a su que celui-ci initiait un projet terroriste. "Il conteste les faits", a réagi son avocat, Me Simon Clemenceau.

Le second, Yassine S., avait été interpellé quelques jours après l'attaque. Ce jeune homme de la banlieue toulousaine, 26 ans désormais, avait rejoint les deux jihadistes à Saint-Étienne-du-Rouvray deux jours avant l'attaque.

Il a déclaré au magistrat instructeur avoir fait ce périple de 1.000 km pensant "être entre jeunes, comme une colonie de vacances pour apprendre la religion", et les avait finalement quittés 24 heures avant l'attaque, imputant ce départ aux remarques des futurs assaillants sur sa pratique "laxiste" de l'islam.

"ll est apparu très rapidement l'absence du moindre élément d'une participation quelconque de Yassine à l'assassinat du père Hamel ou à sa préparation", a défendu auprès de l'AFP un de ses avocats, Me Hubert Vigier.

"Ce jeune garçon est néanmoins détenu depuis plus de quatre ans de façon absolument injustifiée", s'insurge l'avocat, estimant que la justice française, en matière terroriste, "a déjà perdu son combat quand elle oublie, sinon méprise, nos principes".

Enfin, Jean-Philippe Steven Jean Louis, 24 ans, a été mis en cause en 2018. Le Pnat l'accuse d'avoir soutenu et aidé à financer les velléités terroristes d'Abdel Malik Petitjean, d'avoir tenté de se rendre avec lui "à de multiples reprises en Syrie" auprès de l'EI.

L'instigateur probable et recruteur français notoire de l'EI, Rachid Kassim, 33 ans, a lui peu de chances d'être présent. Visé par un mandat d'arrêt pour "complicité", ce jihadiste, également accusé d'avoir téléguidé l'attentat de Magnanville et plusieurs projets d'attaques en France, aurait été tué en 2017 dans la zone irako-syrienne.

Selon le Pnat, il a "incité" Adel Kermiche, Abdel Malik Petitjean et Farid K. à "commettre de multiples actions violentes" en France et il a notamment apporté une "aide ou une assistance" sur l'attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray.

L'enquête, de plus de quatre ans, a permis aussi de cerner le profil des assaillants, "candidats malheureux au jihad", "évoluant tous les deux au sein de la jihadosphère" et "entrés en relation via Telegram quatre jours" avant l'attentat.

Selon le Pnat, cet attentat était, pour eux, "un projet jihadiste parmi d'autres", "encore discuté quelques heures seulement avant leur passage à l'acte". Les deux hommes étaient par ailleurs "extrêmement déterminés" et adhéraient "totalement aux thèses jihadistes".

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