Assassinat du père Hamel en 2016 : les juges renvoient quatre personnes aux assises

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Par Benjamin LEGENDRE, Guillaume DAUDIN - Paris (AFP)
Publié le 27 novembre 2020 - 18:25
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La photo du père Jacques Hamel, un prêtre de 85 ans assassiné par deux jihadistes lors de ses funéraille à la cathédrale de Rouen le 2 Aout 2016.
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© CHARLY TRIBALLEAU / POOL/AFP/Archives
La photo du père Jacques Hamel, un prêtre de 85 ans assassiné par deux jihadistes lors de ses funéraille à la cathédrale de Rouen le 2 Aout 2016.
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Trois compagnons de route et un grand absent présumé mort en Irak: quatre personnes suspectées de responsabilités dans l'assassinat en juillet 2016 du père Hamel dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray sont renvoyées devant la cour d'assises spéciale.

Les deux assaillants ont été abattus par la police à leur sortie de l'église dans cette petite ville de la banlieue industrielle de Rouen.

Selon l'ordonnance de mise en accusation dont l'AFP a pu prendre connaissance, les juges d'instruction en charge du dossier renvoient l'un de quatre accusés pour "complicité d'assassinat" terroriste.

Il s'agit du propagandiste et instigateur probable de l'attentat, Rachid Kassim. Visé par un mandat d'arrêt, ce jihadiste, également accusé d'avoir téléguidé l'attentat de Magnanville en région parisienne et plusieurs projets d'attaques en France, aurait été tué en 2017 dans la zone irako-syrienne.

Selon les juges, il a "sciemment encouragé et facilité le passage à l'acte" des deux assaillants, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, avec des "conseils opérationnels et des instructions en vue de commettre l'attentat" par le système de messagerie Telegram.

Trois autres personnes, Farid K., Yassine S. et Jean-Philippe Steven Jean-Louis, sont renvoyées aux assises pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Ils sont soupçonnés de s'être associés aux assaillants en étant informés de leurs intentions terroristes, mais pas forcément de leur projet précis.

Farid K. a été arrêté au lendemain de l'attaque. Ce cousin d'Abdel Malik Petitjean, âgé de 35 ans, est notamment accusé d'avoir voulu se rendre en Syrie, d'avoir voulu commettre une action violente en France et d'avoir soutenu son cousin quand il a su que celui-ci initiait un projet terroriste.

Selon son avocat Me Simon Clémenceau, Farid K. "conteste les charges retenues contre lui" : "Il n'a jamais exprimé le souhait de commettre une action violente".

Yassine S., originaire de la banlieue toulousaine, est quant à lui âgé de 26 ans. Interpellé quelques jours après l'attaque, il avait rejoint les deux jihadistes dans cette petite commune de Seine-Maritime l'avant-veille de l'attaque.

Il a déclaré au magistrat instructeur avoir fait ce périple de 1.000 km pensant "être entre jeunes, comme une colonie de vacances pour apprendre la religion", et les avait finalement quittés 24 heures avant l'attaque, imputant ce départ aux remarques des futurs assaillants sur sa pratique "laxiste" de l'islam.

Enfin, Jean-Philippe Steven Jean-Louis, 24 ans, a été mis en cause plus tard, en 2018. Les juges le soupçonnent d'avoir soutenu et "prodigué des conseils à Abdel Malik Petitjean quant à ses velléités terroristes" et d'avoir tenté de se rendre avec lui "à de multiples reprises en Syrie" auprès de l'EI.

-Projet mouvant-

L'assassinat à Saint-Etienne-du-Rouvray du père Hamel, cible hautement symbolique, avait eu un retentissement international, douze jours après l'attentat terroriste sur la Promenade des Anglais à Nice (86 morts le 14 juillet 2016).

Devant trois religieuses et un couple de paroissiens, le prêtre Jacques Hamel, 85 ans, venait d'achever sa messe matinale le 26 juillet 2016 de ces mots habituels: "Allez, passez une bonne journée."

Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, 19 ans, tous deux fichés S et qui se sont réclamés de l'organisation Etat islamique, sont alors entrés par la sacristie, le premier faisant s'agenouiller le prêtre.

Kermiche lui porta alors deux coups de couteau à la gorge pendant qu'un paroissien de 86 ans fut obligé de filmer l'assassinat avec un téléphone avant d'être poignardé à son tour. Blessé à la gorge, au bras et dans le dos, ce dernier a toutefois survécu.

Quelques heures après, le président François Hollande évoqua un "ignoble attentat terroriste".

L'enquête, de plus de quatre ans, a permis de cerner le profil des assaillants, "candidats malheureux au jihad", "évoluant tous les deux au sein de la jihadosphère" et "entrés en relation via Telegram quatre jours" avant l'attentat.

Le parquet national antiterroriste avait estimé que cet attentat était pour les assaillants "un projet jihadiste parmi d'autres", "encore discuté quelques heures seulement avant leur passage à l'acte". Les deux hommes étaient par ailleurs "extrêmement déterminés" et adhéraient "totalement aux thèses jihadistes".

La mémoire de cet attentat a été ravivée fin octobre par l'attaque dans une basilique de Nice qui a fait trois morts. "Après l'assassinat du père Hamel à l'été 2016, c'est une nouvelle fois les catholiques qui sont attaqués dans notre pays, menacés", avait déclaré le président Emmanuel Macron à Nice.

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