Assurance chômage : accord finalisé, mais les syndicats veulent des garanties de l'Etat

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Par Déborah CLAUDE, Jean-Philippe CHOGNOT - Paris (AFP)
Publié le 22 février 2018 - 12:28
Mis à jour le 23 février 2018 - 00:44
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Chat échaudé craint l'eau froide: les syndicats, qui ont finalisé jeudi avec le patronat un accord sur l'assurance chômage, ont demandé au gouvernement de s'engager à respecter l'intégralité de leur texte, avant d'y apposer eux-mêmes leur signature.

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a "jeté un froid" sur les négociations, selon Eric Courpotin, le négociateur CFTC. Alors que les partenaires sociaux venaient de boucler dans la nuit de mercredi à jeudi un premier accord sur la formation professionnelle, la ministre annonçait déjà qu'il ne serait pas repris dans sa totalité.

Très irrités, les négociateurs ont pris leurs précautions au moment de finaliser le deuxième accord de la journée, celui sur l'assurance chômage.

"On ne pourra être signataire du texte que si l'Etat s'engage à respecter tous ses termes", a prévenu Véronique Descacq (CFDT) à l'issue de la réunion. Le gouvernement "ne peut pas mépriser la démocratie sociale comme il le fait actuellement", s'est-elle emportée.

La CFTC non plus "ne peut pas signer sans avoir certaines assurances, certaines garanties du gouvernement", a abondé Eric Courpotin.

Quant à Michel Beaugas (FO), il a réclamé un changement de pied du gouvernement sur la formation avant de se prononcer sur l'assurance chômage. "Si l'accord +formation professionnelle+ est étendu sur l'ensemble des nouveaux droits, ça me donnera confiance sur la bonne retranscription de l'accord +assurance chômage+", a-t-il indiqué.

Pour le Medef, qui a tenu la plume, la question de sa signature ne se pose pas. Mais son chef de file Alexandre Saubot a insisté, lui aussi, sur l'importance de respecter "l'équilibre" global de l'accord.

Les deux accords doivent servir de base au projet de loi que le gouvernement doit présenter mi-avril et qui portera aussi sur l'apprentissage. Complétant les ordonnances sur le Code du travail, censées apporter plus de souplesse aux entreprises, les réformes en construction doivent apporter plus de sécurité aux travailleurs, selon le gouvernement.

- accord 'a minima' -

Sur le fond, l'accord trouvé jeudi est "équilibré", mais "a minima", a estimé Michel Beaugas, résumant une opinion partagée par l'ensemble des syndicats à l'exception de la CGT, qui a fait part, par la voix de Denis Gravouil, de son "appréciation assez négative" du texte.

Sur l'épineuse question de la lutte contre les contrats courts, il prévoit que toutes les branches négocient sur la précarité. Il mentionne, par ailleurs, la menace du gouvernement d'instaurer un bonus-malus s'il juge insuffisantes les mesures prises par les branches. Cette épée de Damoclès fait partie intégrante de "l'équilibre" de l'accord, précise le texte.

C'est notamment sur ce sujet que les syndicats veulent des engagements du gouvernement.

Le nombre d'embauches en CDD de moins d'un mois a presque triplé depuis le début des années 2000, une recrudescence qui coûte cher à l'Unédic.

Concernant l'indemnisation des démissionnaires, les partenaires sociaux l'ont limitée aux salariés ayant travaillé de manière ininterrompue au cours des sept années précédentes, alors que la promesse de campagne d'Emmanuel Macron mentionnait un droit mobilisable "tous les cinq ans".

Ce critère ouvrirait le nouveau droit à "entre 14 000 et 23 000 salariés", en plus des 70 000 démissionnaires déjà indemnisés aujourd'hui, pour un surcoût "compris entre 180 et 330 millions d'euros" en année pleine. Le texte précise toutefois que le coût réel de la mesure "devrait être plus proche de la borne basse".

L'accord "crée un nouveau droit, c'est toujours ça de pris", a commenté M. Beaugas.

Les syndicats ont veillé à l'articulation entre cette mesure et une disposition contenue dans l'accord sur la formation professionnelle: la suppression du congé individuel de formation (CIF), notamment dédié aux reconversion professionnelle, et la création au sein du compte personnel de formation (CPF) d'un droit similaire, mais moins financé.

Pour la CGT, le compte n'y est pas. Selon la centrale, les salariés risquent, si les deux accords sont mis en application, de devoir démissionner pour pouvoir se reconvertir.

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