Boules de feu et fumée noire au-dessus du dernier réduit de l'EI en Syrie

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Par Emmanuel DUPARCQ - Baghouz (Syrie) (AFP)
Publié le 03 mars 2019 - 19:29
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De la fumée s'élève au-dessus du village syrien de Baghouz (est) après un bombardement ayant visé ce dernier réduit du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie, le 2 mars 2019
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© BULENT KILIC / AFP
De la fumée s'élève au-dessus du village syrien de Baghouz (est) après un bombardement ayant visé ce dernier réduit du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie, le 2 mars 2019
© BULENT KILIC / AFP

Rafales de tirs, bombardements, explosions et fumée noire: un déluge de feu s'est abattu dimanche sur l'ultime bastion des jihadistes du groupe Etat islamique (EI), encerclés par des forces arabo-kurdes qui ont donné l'assaut final sur le village de l'est de la Syrie.

"Attention, ça arrive!": sur la terrasse d'une haute maison qui surplombe la plaine, le commandant Hagit Qamishlo annonce la couleur aux journalistes de l'AFP, qui observent avec son unité antijihadiste le front situé à 800 mètres de là.

Quelques minutes plus tard, le ciel gronde à l'arrivée d'un avion de ses alliés de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, qui frappe aussitôt la position visée.

L'explosion secoue la plaine, enveloppe de feu et réduit en poussière plusieurs maisons ocres d'un quartier du village de Baghouz, bientôt plongé dans une épaisse fumée noire.

"Bien joué, c'était une position de sniper jihadiste", dit le commandant Qamishlo dans son talkie-walkie, avant de demander aux autres unités des Forces démocratiques syriennes (FDS) sur le terrain si elles ont des positions ennemies à signaler à la coalition internationale.

Le quartier bombardé et le terrain vague d'à côté, semé de tentes où les jihadistes se terrent depuis des semaines parmi des civils, forment un carré de 700 mètres de côté.

Une miette par rapport à l'énorme territoire conquis par l'EI en 2014 en Syrie et en Irak.

Une heure plus tôt, un bombardement de la coalition visant une autre position des jihadistes avait fait coup double en frappant un de leurs dépôts de munitions souterrains.

Le raid avait provoqué une énorme déflagration ponctuée d'un feu d'artifice pétaradant de boules de feu, saluée par les combattants arabes et kurdes des FDS qui ont lancé vendredi soir ce qui doit être le dernier assaut contre l'EI.

- "Les plus radicaux" -

Après une brève pause dans la nuit, les combats --artillerie et mortiers des FDS contre petits missiles, armes légères, snipers et mines des jihadistes-- ont repris dans la matinée de dimanche.

Mais les jihadistes résistent, ayant pu se préparer à l'assaut des FDS qui avaient suspendu leurs opérations il y a plus de deux semaines, accusant l'EI d'utiliser les civils comme "boucliers humains".

"Ils sont totalement encerclés. Mais ils ont mis des mines partout sur les routes, dans les maisons", explique à l'AFP le commandant Sefqan, un autre chef d'unité des FDS.

Plusieurs de ces mines ont fait des blessés graves chez les FDS aux premières heures de l'assaut.

"Ils avaient aussi préparé des voitures piégées, mais ils n'ont pas eu le temps de les utiliser car nous les avons neutralisées avec des tirs de drones", rapporte-t-il.

Les commandants des FDS, qui annoncent depuis des semaines la fin imminente de l'EI, parlaient dimanche de "quatre ou cinq jours de plus", en fonction du nombre de jihadistes qu'ils trouveront sur leur route.

"Avec les tunnels qu'ils ont creusé en dessous, on ne sait pas combien ils sont", souligne le commandant Sefqan.

Selon M. Qamishlo, il reste des jihadistes irakiens notamment, mais surtout des étrangers, venus de Russie ou des républiques d'Asie centrale, ainsi que des Turcs et des Tunisiens, et au moins sept Français.

Au total depuis début décembre, quelque 53.000 personnes ont fui le réduit dont de nombreuses femmes et enfants de jihadistes à qui l'EI avait donné l'autorisation de sortir et qui ont été aussitôt récupérés par les FDS, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Mais dans les tunnels bombardés, il reste toujours des femmes et des enfants de jihadistes étrangers. Pour le commandant Qamishlo, "ceux qui restent sont là pour combattre ou se faire exploser, ce sont les plus radicaux".

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