Canberra salue l'abandon d'un projet d'éoliennes sur un site de 1914-1918

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Par AFP
Publié le 21 novembre 2017 - 12:39
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Vue du champ de bataille de Bullecourt (nord de la France) où plus de 2.000 soldats australiens ont
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Vue du champ de bataille de Bullecourt (nord de la France) où plus de 2.000 soldats australiens ont péri en 1917 et où l'électricien Engie a renoncé à un projet d'éoliennes. Le 18
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L'Australie est soulagée: l'électricien français Engie a renoncé à un projet d'éoliennes sur un champ de bataille de 1914-1918, où des milliers d'Australiens ont péri, une décision "très touchante" pour Canberra.

Engie Green prévoyait d'ériger six éoliennes sur ce site de la Première Guerre mondiale, à Bullecourt, dans le nord de la France. Mais le projet avait suscité une vive émotion parmi les Australiens.

Maria Cameron, une Australienne de 70 ans venue dans ce village où périt son grand-oncle, le jugeait "barbare": "C'est notre sang qui repose dans ces champs", avait-elle lancé avec émotion à une journaliste de l'AFP la semaine dernière.

"C'était un long périple pour une vieille femme", avait souligné la septuagénaire de Port Fairy (sud de l'Australie) qui a affronté 24 heures de voyage pour se rendre sur les lieux où est tombé son parent, Simon Fraser, comme environ 2.000 autres soldats australiens.

Dans ce secteur, plusieurs divisions britanniques et australiennes avaient tenté en avril et mai 1917 de briser la ligne allemande Hindenburg, entre Arras et Soissons.

Environ 10.000 soldats australiens y avaient été tués ou blessés, mais aussi 7.000 Britanniques et 10.000 Allemands.

Des milliers d'entre eux reposent pour toujours dans la boue et l'anonymat sur les 200 hectares de cette nécropole naturelle où poussent aujourd'hui pommes de terre et blé.

Encore aujourd'hui, des Australiens se rendent régulièrement à Bullecourt pour rendre hommage à leurs morts.

- 'Empathie' -

Et leur émotion à l'annonce du projet initial d'Engie était partagée par de nombreux habitants locaux. Beaucoup ont en effet noué des liens d'amitié avec des Australiens venus se recueillir ces dernières décennies au mémorial de Bullecourt.

"Quand on voit le sacrifice de ces milliers de soldats, cette terre peut être considérée comme un cimetière", expliquait Géraldine Alisse, opposante locale au plan d'Engie Green.

L'affaire était montée jusqu'au niveau des gouvernements des deux pays.

Le gouvernement australien avait demandé des "clarifications" à la France au sujet de ce projet dont la mise en service était prévu au mieux en 2020.

La semaine dernière, la secrétaire d'État française auprès de la ministre des armées, Geneviève Darrieussecq, avait promis de "trouver une issue" qui respecte la mémoire de ces soldats, lors d'un entretien avec le ministre australien des Anciens combattants, Dan Tehan.

"C'est une nouvelle merveilleuse pour tous les Australiens, en particulier ceux dont la famille est liée à la bataille de Bullecourt", a déclaré ce dernier mardi dans un communiqué.

"Le groupe Engie a entendu les inquiétudes des Australiens et il a montré de l'empathie en annulant ce projet", a ajouté Dan Tehan.

Le ministre a par ailleurs dit sur Sky News sa reconnaissance envers le gouvernement français, en affirmant que cela montrait combien "les Français, 100 ans après, continuent d'estimer ce que les Australiens furent prêts à faire pour eux".

"C'est très touchant pour tous les Australiens", a-t-il dit.

Dans un communiqué reçu par l'AFP, Engie se dit "particulièrement sensible à l'émoi suscité en Australie" par son projet d'éoliennes soulignant que les réactions "ont souligné le caractère symbolique et sacré" du site.

"Respectueux de la mémoire des soldats australiens morts sur le sol français, Engie fait le choix de renoncer à ce projet", a écrit le groupe.

gd-grk-bur-jg/fz/pg

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