Carrefour : les salariés ex-Dia à l'heure du choix face à des offres "dévoyées"

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Par Sabine PRADELLA - Paris (AFP)
Publié le 02 août 2018 - 14:24
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Les ex-salariés des supérettes Dia fermées par Carrefour ont un mois pour accepter ou non un reclassement en interne
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© PHILIPPE HUGUEN, PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives
Les ex-salariés des supérettes Dia fermées par Carrefour ont un mois pour accepter ou non un reclassement en interne
© PHILIPPE HUGUEN, PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives

Leurs magasins ont baissé définitivement le rideau mi-juillet. Les ex-salariés des supérettes Dia fermées par Carrefour ont un mois pour accepter ou non un reclassement en interne, mais une majorité n'y répondra sans doute pas favorablement, faute d'offres attractives.

Un scénario redouté dès ce printemps par les syndicats CFDT et CGT, non-signataires de l'accord sur le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), qui avaient mis en doute la capacité de reclassement du géant de la distribution.

Désormais en congés ou en dispense d'activité, les quelque 1.900 salariés concernés par le PSE lié à la fermeture de 243 magasins de l'entité Carrefour Proximité (30 autres ont été cédés) doivent être licenciés début septembre.

Et, fin juillet, les derniers chiffres fournis aux syndicats faisaient état du reclassement effectif en interne de 152 salariés et une poignée en attente d'entretien ou de validation.

"Le processus de reclassement suit son cours", a indiqué de son côté l'entreprise à l'AFP, sans donner de chiffre. "Les salariés concernés bénéficient d'une priorité à l'embauche dans les autres magasins" du groupe (supermarchés, hypermarchés...), a-t-on ajouté de même source.

Début juin, le géant de la distribution avait souligné qu'il "souhait(ait) reclasser l'ensemble" des salariés, "en leur proposant trois offres", dont deux à l'interne.

Ces dernières ont commencé à être reçues mi-juillet, "après la fermeture des magasins et la dispersion des équipes", souligne sur son site FO Carrefour Proximité. Les salariés ont un mois pour y répondre.

- "Comme une humiliation" -

"Mais il n'y aura pas des masses" d'entre eux qui "vont les prendre", estime un délégué FO, car elles "ne sont pas au niveau des attentes".

Des propositions "sans aucune prise en compte des desiderata, des statuts, des qualifications (...), des situations familiales, des préconisations impérieuses de la médecine du travail pour certains salariés, dévoyées pour ne recevoir que des refus", fustige sur son site le syndicat, en dénonçant le "mépris étalé là, en quelques lignes".

Dès juin, Sylvain Macé, pour la CFDT, avait évoqué des "propositions faites pour être refusées".

"Beaucoup de postes d'employés, des salaires toujours inférieurs... On savait que tout cela allait arriver, c'est pour cela qu'on n'a pas signé", renchérit Saliha Benzerrouk, déléguée CGT, qui parle d'une "catastrophe", de "salariés perdus".

Particularité des salariés de Carrefour Proximité, beaucoup d'agents de maîtrise et cadres parmi eux. A des chefs de magasin, "avec 30 ans de boîte", "de niveau 5 ou 5C", "on propose des postes d'employé de niveau 2A", avec "une perte de salaire mensuel de 500 à 600 euros brut", explique le délégué FO.

Alors, même si l'accord signé par les syndicats FO, CFE-CGC et CFTC prévoit que le différentiel de salaire soit compensé pendant 36 mois "dans la limite de 500 euros", les gens sont "mécontents", poursuit-il.

"Et après trois ans, ils font quoi?", reprend Mme Benzerrouk. "Des gens sont engagés sur des crédits pour leur maison, basés sur leur salaire", observe-t-elle.

"Les gens veulent garder un emploi, veulent travailler, insiste la déléguée CGT, mais à salaire équivalent".

Au-delà, le délégué FO évoque des offres "vécues comme une humiliation". Dans le flot, "quelques +anomalies+ selon Carrefour" aussi, dit-il, comme des postes "à 400 km aller-retour", ou dans des départements différents pour un couple.

Une commission de suivi, qui réunit tous les syndicats, fait le point régulièrement. "C'est en septembre qu'on verra la réalité de la casse sociale", dit la CGT.

Carrefour rappelle que le PSE prévoit, pour les salariés reclassés en interne, "trois à cinq mois de salaire selon leur ancienneté et une formation d'adaptation au nouveau poste". Pour les autres, formation, un congé de reclassement allant de 18 à 36 mois et des indemnités de départ allant de 6 à 30 mois selon l'ancienneté sont prévus.

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