Chaleur et Covid : vigilance dans les Ehpad

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Par Jessica LOPEZ - Paris (AFP)
Publié le 31 juillet 2020 - 14:51
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L'Ehpad Camille Saint-Saens, en Seine Saint-Denis, le 6 mai 2020
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© JOEL SAGET / AFP/Archives
L'Ehpad Camille Saint-Saens, en Seine Saint-Denis, le 6 mai 2020
© JOEL SAGET / AFP/Archives

Les fortes chaleurs qui s'abattent sur une partie de la France compliquent la gestion du risque de Covid-19 dans les établissements pour personnes âgées, qui ont payé un lourd tribut à la crise sanitaire et ont fait face en juillet à un léger rebond du virus.

"Il faut faire coïncider les protocoles canicule et ceux liés à l'évolution du Covid, ce qui n'est pas évident", dit à l'AFP Eric Fregona, directeur adjoint de l'association des directeurs d'établissements AD-PA.

Pour lui, il n'est pas aisé de cumuler "l'hydratation et l'humidification des corps aux gestes barrières". En outre, les espaces communs ayant des capacités d'accueil plus limitées, "il faut être beaucoup plus présent auprès des personnes âgées, leur proposer des douches ou des linges frais plus régulièrement, autant de temps humain et de bras de personnels déjà épuisés par cinq mois de crise", poursuit-il.

Selon les chiffres publiés jeudi soir par Santé publique France, au cours des deux dernières semaines, 70 établissements (sur près de 7.000 en France) ont déclaré au moins un nouveau cas confirmé de Covid-19 parmi les résidents ou le personnel.

"En augmentation depuis début juillet", le nombre de signalements semble toutefois "se stabiliser durant cette dernière semaine" avec 80 signalements de personnes contaminées contre 108 la semaine précédente, précise l'organisme.

Pour éviter une nouvelle propagation du virus - près de la moitié des quelque 30.000 morts du Covid-19 en France étaient des résidents d'Ehpad (décédés dans leur établissement ou à l'hôpital) - plusieurs maisons de retraites ont préféré remettre en place un confinement, notamment en Bretagne ou dans les Alpes-Maritimes.

A l'Ehpad Alexis Julien de Ploudalmézeau (Finistère), où les visites de personnes extérieures sont à nouveau interdites depuis le 16 juillet, le reconfinement était la décision "la plus raisonnable et la plus rationnelle à faire", plaidait la semaine dernière auprès de l'AFP son directeur David Guével, indiquant qu'il y avait une centaine de cas de Covid dans un rayon de 30 km autour de Brest.

- Mettre la clim ou pas ? -

"Il y a certains établissements où les portes se sont refermées. Mais la situation reste très locale, selon les foyers épidémiques", confirme à l'AFP Annabelle Vêques, directrice de la Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa), qui regroupe un millier de professionnels.

Pour elle, "la vigilance reste forte dans les Ehpad car le virus circule à bas bruit".

Toutefois, la situation est "moins tendue" qu'en mars-avril. "A la moindre suspicion, une campagne de tests est menée, le masque est toujours obligatoire, les gestes barrières sont appliqués", poursuit-elle.

Mme Vêques en appelle "à la responsabilité des visiteurs": "on a tous très envie de serrer ses proches dans les bras mais face à des personnes vulnérables, ce n'est pas raisonnable. Si une autre vague arrive, en plus de la chaleur, ce sera difficile à gérer pour les personnels et pour les résidents également".

Vendredi, la chaleur sera très intense en France et 32 départements ont été placés en alerte orange canicule. Cet épisode sera durable localement de la vallée du Rhône aux Savoies, selon Météo France.

Et l'utilisation des climatiseurs est rendue compliquée car ils peuvent faire circuler le virus. Ainsi, selon le protocole du ministère de la Santé, seule la ventilation permettant d'apporter de l'air "neuf" venant de l'extérieur est autorisée.

"Le problème c'est le brassage d'air", précisait jeudi soir sur RTL la déléguée générale du Synerpa (Ehpad privés) Florence Arnaiz-Maumé, appelant à être vigilant aux "climatiseurs à air recyclé" qui "doivent être utilisés avec précaution et plutôt dans des salles vides: on refroidit la pièce d'abord et puis ensuite on fait revenir les résidents".

Mais "c'est un pic de chaleur, pas une canicule, donc c'est tout à fait gérable", nuançait-elle, rappelant que les établissements ont développé "un arsenal anti-canicule" depuis l'épisode meurtrier de 2003 qui avait fait 15.000 morts.

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