A Clichy, les prières de rue symptôme d'un conflit mairie-associations

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Par AFP
Publié le 21 novembre 2017 - 19:29
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Une manifestation d'élus pour mettre fin aux prières de rue à Clichy-la-Garenne a braqué les projecteurs sur un conflit ouvert depuis des mois entre la mairie et des associations musulmanes, elles-mêmes divisées dans cette ville tranquille des Hauts-de-Seine.

D'un côté, l'Union des associations musulmanes de Clichy (UAMC), présidée par Hamid Kazed, expulsée le 22 mars d'un local servant de lieu de culte que voulait récupérer le maire pour en faire une grande médiathèque. C'est cette association qui est à l'origine des prières de rue ayant suscité la mobilisation d'élus le 10 novembre.

De l'autre, la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), présidée par Mohamed Bechari, en charge d'une autre salle de prière de la ville, dite des Trois-Pavillons.

Au milieu, la mairie dirigée depuis 2015 par Rémi Muzeau (LR), qui refuse d'allouer un terrain à l'UAMC pour qu'elle construise un nouveau lieu de culte, l'invitant à aller prier aux Trois-Pavillons, "seule solution" envisagée pour le moment.

Une solution jusqu'à présent refusée par les responsables de l'UAMC qui considèrent ce lieu de prière, situé à 1,5 km du centre-ville, comme trop excentré, mal desservi et exigu.

Cet ancien bâtiment administratif ne serait pas non plus aux normes de sécurité, selon l'association et Samia Idri-Bayol, une élue d'opposition PS. Selon cette dernière, "s'il y a un incendie là-dedans, on est mort". La mairie réfute ces accusations.

Deux jours après avoir été délogée, l'UAMC avait organisé une première prière de rue, réunissant entre 1.200 et 2.000 fidèles sur le boulevard devant l'Hôtel de ville.

Hamid Kazed prévenait alors: "On va continuer à faire ça (des prières dans la rue, NDLR) jusqu'à ce que le maire trouve une solution digne". Pendant huit mois, aucun dialogue n'étant renoué avec le maire, les prières de rue s'enchaînent tous les vendredis, sans heurts.

- 'La seule arme qui restait' -

Jusqu'à la manifestation des élus le 10 novembre, point d'orgue des tensions, au cours de laquelle ils essaient d'empêcher les fidèles de prier. Rémi Muzeau réussit à rassembler autour de lui près de 100 élus LR, UDI, MoDem et FN. Parmi eux Valérie Pécresse, présidente (LR) du conseil régional d'Ile-de-France

Pour l'UAMC et son avocat Arié Alimi, cette manifestation est "une manipulation de la droite et de l'extrême droite visant à stigmatiser les musulmans". L'association dépose plainte contre X pour violence aggravée.

La manifestation était "la seule arme qui restait" à Rémi Muzeau, estime pour sa part Mohamed Bechari. "Je salue son courage et refuse qu'on le taxe d'anti-musulmans", poursuit-il.

L'UAMC porte néanmoins plainte contre l'édile pour incitation à la haine raciale et diffamation. Le jour de la manifestation des élus, le maire avait en effet affirmé sur LCI qu'il y avait eu "des prêches avec des appels au meurtre" et que des tracts "où on disait +si vous voyez un juif, tuez-le+" avaient été distribués.

Une réunion de conciliation est organisée entre la mairie et l'UAMC la semaine suivante, sous l'égide de la préfecture. Là encore, la solution de la salle des Trois-Pavillons est la seule avancée.

Parallèlement, le préfet prend l'engagement de mettre un terme aux prières de rue. Engagement rappelé dimanche par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.

Depuis, la situation s'est normalisée. L'UAMC dit étudier la possibilité d'un déménagement vers la salle des Trois-Pavillons, à la seule condition que des travaux d'extension et de rénovation soient réalisés.

Les responsables des Trois-Pavillons se disent de leur côté prêts à accueillir tous les fidèles qui le souhaitent. "C'est un lieu de culte ouvert à tout le monde, assure Mohamed Bechari, on est juste anti-Frères musulmans et anti-salafistes".

Au sein de l'UAMC, "on ne parle plus de prière de rue. On est pour l'islam de la République", a indiqué M. Kazed à l'AFP mardi. Pour autant, l'association a déposé une demande en préfecture pour organiser un "rassemblement citoyen", samedi, devant l'Hôtel de ville.

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