Colombie : l'ELN prête à respecter le cessez-le-feu jusqu'en janvier

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Par AFP
Publié le 08 novembre 2017 - 09:44
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Le commandant Pablo Beltran, chef négociateur de la guérilla colombienne ELN, le 7 novembre 2017 à S
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© Rodrigo BUENDIA / AFP
Le commandant Pablo Beltran, chef négociateur de la guérilla colombienne ELN, le 7 novembre 2017 à Sangolqui, en Equateur
© Rodrigo BUENDIA / AFP

Bien que jugeant le cessez-le-feu bilatéral en péril, la guérilla de l'ELN est disposée à respecter cette trêve en Colombie jusqu'au 9 janvier, comme convenu avec le gouvernement, a assuré son chef négociateur à Quito, siège des pourparlers de paix.

Lors d'un entretien exclusif avec l'AFP, le commandant Pablo Beltran a reproché au gouvernement de ne pas assumer ses responsabilités face aux attaques contre des leaders communautaires et défenseurs de droits, dont 200 ont été tués depuis janvier 2016, selon l'entité publique du Défenseur du Peuple.

Il a donné sa version du meurtre par des guérilleros d'un leader indigène, alors que le cessez-le-feu était déjà en vigueur depuis le 1er octobre, et a nié que l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste) soit divisée.

Dans l'élégante hacienda des environs de Quito, où il négocie un accord similaire à celui signé en 2016 avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), il a estimé que le gouvernement ne respecte pas ce qui a été conclu avec l'ex-guérilla, convertie en parti politique.

Et il a proposé une "alternative" de gauche pour la présidentielle de mai -où le chef des Farc Rodrigo Londoño veut être candidat- afin d'en finir avec la polarisation entre le président centriste Juan Manuel Santos et son ennemi et prédécesseur de droite Alvaro Uribe, qui légalement ne peuvent se représenter.

- Maintiendrez-vous le cessez-le-feu jusqu'en janvier?

"Oui. S'il y a des difficultés, il y a aussi des avancées. Et l'objectif commun que nous nous sommes fixé c'est que ce deuxième mois (du cessez-le-feu), novembre, nous ayons de meilleurs résultats, et que nous trouvions une solution aux failles et aux problèmes."

- Et après le 9 janvier?

"Nous pensons qu'en ce moment, la tâche consiste à résoudre les problèmes du cessez-le-feu et à le mener à bien. Si nous en sommes capables, nous serons déjà satisfaits, et nous verrons ensuite ce qui se passe après le 9 janvier."

- Quels sont les problèmes?

"Il y a eu un accroissement important de morts et de menaces visant des leaders, et de répression des mouvements sociaux. En Colombie, il existe un débat très intense sur la substitution forcée des cultures d'usage illicite (...) Cette situation a suscité de nombreuses protestations, et leur a été opposé un traitement guerrier."

- Le gouvernement accepte ce que vous lui reprochez?

"Même mis devant le fait accompli, il ne l'admet pas (...) Eux considèrent que ce n'est pas le problème, que cela ne viole pas le cessez-le-feu (...) Des instances internationales exigent du gouvernement qu'il assume ses responsabilités (par exemple, dans la mort d'une journaliste indigène lors d'une manifestation de revendication de terres: ndlr)."

- L'ELN pose de nouvelles conditions au cessez-le-feu?

"Non, aucune. Nous avons seulement demandé que l'allègement sur le plan humanitaire (...) soit effectif. Quant aux opérations offensives, s'il y a une volonté (...) de ne pas chercher l'affrontement (...) pourquoi faire des contrôles à proximité de troupes de l'ELN? C'est chercher la confrontation."

- Pourquoi l'ELN a-t-elle tué un gouverneur indigène?

"Dans cette zone, il y a des dirigeants indigènes qui servent de guides aux patrouilles de l'armée. Comme ce monsieur était gouverneur, l'unité de l'ELN qui était là, de sa propre initiative, personne ne le lui a ordonné, est allée lui parler et l'a détenu.

Alors qu'ils allaient le détenir, l'homme s'est jeté sur eux, a tenté de désarmer un guérillero et dans la bagarre, le monsieur est mort. Nous avons reconnu que c'était un accident (...) Notre front là-bas dans le Choco (ouest) a demandé pardon.

Il ne s'agit pas d'un acte délibéré, encore moins d'une dissidence des camarades du Choco, d'un refus du cessez-le-feu."

- Vos négociations dépendent de l'application de l'accord avec les Farc?

"Non. Mais si les engagements envers les Farc ne sont pas respectés, que pouvons nous espérer? Ils avancent, nous regardons ce qui se passe. Si à un moment sur le chemin, les guêpes les attaquent, nous devrons chercher une autre voie afin qu'elles ne nous piquent pas."

- Les Farc ont un parti et un candidat présidentiel. Qu'en pensez-vous?

"Le pays a besoin d'une troisième option, que tous les groupes critiques, alternatifs, de gauche, révolutionnaires se rassemblent et offrent une alternative qui implique la continuité du processus de paix, ainsi que des changements.

Si cette troisième option se structure, nous aiderons à ce que cela fonctionne et nous aimerions que les Farc soient là. Parce qu'il est temps de tourner la page selon laquelle les Colombiens et les Colombiennes ne peuvent voter que pour les amis d'Uribe ou les amis de Santos. Il faut en sortir."

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