Colonie inondée : les deux responsables allemands mis en examen

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Par Estelle EMONET - Marseille (AFP)
Publié le 11 août 2018 - 15:01
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La canicule a laissé la place à des orages et des fortes pluies qui frappaient jeudi l'Est et le centre de l'Hexagone, avec 27 départements placés sous vigilance orange.
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© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives
Les deux responsables allemands de la colonie de vacances installée sans autorisation dans une zone inondable du Gard, ont été mis en examen samedi.
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Les deux responsables allemands de la colonie de vacances installée sans autorisation dans une zone inondable du Gard, ont été mis en examen samedi pour "blessures involontaires aggravées par la mise en danger d'autrui". Neuf enfants y ont été légèrement blessés lors d'intempéries jeudi et un homme y a disparu.

Le président et le vice-président de l'association Jugendförderung Saint-Antonius, âgés d'une cinquantaine d'années, ont été également mis en examen pour "création de camping sans permis d'aménager" et placés sous contrôle judiciaire.

Ils ont interdiction de séjourner dans le Gard, sauf pour se rendre aux convocations de la justice et rencontrer leur avocat, a précisé à l'AFP le procureur de la République de Nîmes, Eric Maurel. Ils ont aussi l'obligation de procéder à l'enlèvement de leurs biens et matériels du terrain de camping, sous 15 jours.

Ils avaient été placés en garde à vue dès jeudi soir, le jour où avaient éclaté de violents orages dans le nord du Gard, provoquant des inondations. Plus d'une centaine d'enfants allemands de la colonie avaient alors été évacués en urgence et neuf d'entre eux légèrement blessés. Certains avaient été récupérés dans les arbres, où ils s'étaient accrochés pour échapper à la crue de la rivière.

L'association avait installé cette colonie sur un terrain qu'elle possède à Saint-Julien-de-Peyrolas, sans autorisation de la préfecture, et avait été avertis par le maire du danger encouru.

Les recherches se poursuivaient samedi pour retrouver un Allemand de 66 ans, disparu lors de l'inondation. Des gendarmes en treillis exploraient les alentours parsemés de matelas encore accrochés aux arbres, de caravanes éventrées et de nombreux détritus jonchant le sol, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Nous n'avons rien trouvé pour l'instant. Plusieurs dizaines de kilomètres ont été fouillés par les gendarmes et survolés par des hélicoptères", a indiqué le colonel Laurent Haas en début d'après-midi. "Les importants moyens de recherche qui ont été déployés depuis jeudi sur la zone, vont être allégés", a poursuivi le commandant de groupement de la gendarmerie du Gard.

Jeudi, 180 personnes avaient été évacuées d'urgence à Saint-Julien-de-Peyrolas où deux autres campings jouxtaient le terrain de la colonie. Tentes, caravanes et installations avaient été dévastées par le ruisseau du Valat d'Aiguèze, proche de la rivière Ardèche, transformé en torrent. L'eau, arrivée en vague brutale, était montée au moins jusqu'à la taille d'un adulte, sous des orages exceptionnellement violents.

Les jeunes Allemands ont quitté dans la nuit de vendredi à samedi la salle communale qui les avait accueillis, pour rejoindre l'Allemagne en bus, a précisé la gendarmerie.

- Les responsables informés du danger -

Selon le procureur, les deux responsables ont reconnu au cours de l'enquête avoir été informés du danger. "Il est désormais établi que l’endroit où se trouvait la colonie était dans une zone à risque inondable et que les responsables du camping le savaient", a indiqué samedi Eric Maurel.

Le maire de Saint-Julien-de-Peyrolas, René Fabrègue, "avait alerté les responsables de l'association. Il avait même saisi le tribunal administratif et, dans les 48 heures avant le drame, les autorités municipales avaient alerté les responsables de l'association sur le danger à rester là, en raison de la montée éventuelle des eaux", avait rapporté au lendemain des inondations le procureur Maurel.

"Tout au long de l'année, le procureur de la République, en lien avec les services de la préfecture, les différentes administrations concernées et l'ensemble des élus du Gard, travaillent sur la question du risque inondation, qui est un sujet extrêmement sensible pour le Gard", a-t-il souligné samedi.

Depuis 2017, la commune de Saint-Julien-de-Peyrolas est en conflit avec l’association allemande installée sur ce terrain depuis 2006 et qu'elle accuse de ne pas respecter le plan d’urbanisme.

Fondée dans les années 1950 par un prêtre catholique à Leverkusen (ouest de l'Allemagne), l’association explique sur son site internet avoir peu à peu aménagé et agrandi le terrain, qui accueille entre 150 et 185 enfants en vacances.

Jeudi, les fortes pluies avaient conduit à l'évacuation de 750 personnes dans le Gard, classé en vigilance orange pour des orages-pluies-inondations.

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