Connaissances financières, personnes âgées : le gendarme de la Bourse appelle à la vigilance

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Par Angélina BOULESTEIX - Paris (AFP)
Publié le 10 juillet 2018 - 10:22
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Siège de l'Autorité des Marchés Financiers à Paris, le 31 mai 2013
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© FRED DUFOUR / AFP/Archives
L'Autorité des marchés financiers (AMF) a appelé les acteurs bancaires à mieux évaluer les connaissances financières des épargnants, notamment des personnes âgées
© FRED DUFOUR / AFP/Archives

Les connaissances financières d'un épargnant doivent être mieux évaluées avant de lui conseiller un investissement et les personnes âgées doivent être davantage protégées, selon le gendarme de la Bourse qui a appelé mardi les acteurs bancaires à la vigilance.

L'Autorité des marchés financiers (AMF) est arrivée à ces constats après avoir mené deux opérations distinctes, dont les résultats ont été publiés mardi.

Dans les deux cas, le point noir est l'"auto-évaluation", à savoir quand le banquier demande à son client "vous vous y connaissez en actions ?" et se contente d'un "oui" de son interlocuteur, explique à l'AFP, Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants à l'AMF.

Cette démarche est "à proscrire" et des "améliorations devraient être mises en œuvre", estime également Nicolas Patel, à la tête de la direction des contrôles à l'AMF.

La première opération consistait en une campagne de visites dites "mystère", comme en organise l'Autorité des marchés financiers depuis 2010, avec des agents qui se font passer pour des clients lambda, afin d'avoir "une vision concrète des pratiques commerciales des établissements bancaires", rappelle Mme Castanet.

Le scénario retenu pour cette 19e mouture, conduite fin 2017, était celui d'un client ouvrant un compte en ligne avant de souscrire - toujours en ligne - des titres financiers plutôt simples auprès de 20 structures, des banques traditionnelles, d'autres en ligne et de nouveaux acteurs d'internet.

"Même s'il y a eu des évolutions positives depuis les dernières visites mystère similaires de 2014", en terme d'évaluation des connaissances, "il y a encore des choses incontournables qu'il faut à tout prix corriger", juge Mme Castanet, qui répète le canon indispensable au bon fonctionnement: "je connais bien mon client, je connais bien mon produit et donc je conseille bien".

- 14 jours pour un compte en ligne -

Outre la pratique trop répandue de l'auto-évaluation, cette opération a également fait apparaître que "les modalités d'ouverture d'un compte sur internet restent hétérogènes" et que seulement trois établissements ont permis l'ouverture d'un compte 100% dématérialisé, relève l'AMF.

Pour les structures en ligne, le délai moyen est de 14 jours contre quatre semaines pour les banques traditionnelles.

La deuxième opération consistait en une série de contrôles, menés auprès d'entités régionales de sept établissements bancaires, majoritairement mutualistes, afin d'"évaluer les précautions prises effectivement" à l'égard de personnes de plus de 80 ans dans la commercialisation de produits financiers, souligne M. Patel qui a supervisé cette partie.

Le choix avait été fait d'étudier trois produits, notamment des parts de Sociétés civiles de placements immobiliers (SCPI, dont l'objet est l'acquisition et la gestion de biens immobiliers locatifs), du fait de leurs échéances assez longues.

Tout en relevant des bonnes pratiques, comme "une information satisfaisante des clients par les réseaux bancaires sur les rémunérations qu'ils reçoivent des émetteurs de leur groupe", l'absence de "conflits d'intérêts (à une exception près)" et "des questionnaires de connaissance clients souvent récents", M. Patel plaide aussi pour des "améliorations".

Il met en particulier l'accent sur l'horizon d'investissement.

Car "vendre un produit à échéance 10 ans à une personne de plus de 85 ans, alors que statistiquement la probabilité qu'(elle) profite des bénéfices à la fin du contrat est faible" n'est pas sans poser problème, selon lui.

"Cela peut s'inscrire avec en tête l'idée d'une succession, mais ce choix doit absolument être fait en toute conscience par le client", insiste-t-il.

Et d'ajouter: "même s'il est difficile pour un conseiller qui connaît bien son client de lui dire non, il y a des cas où il doit pouvoir lui dire +je suis désolé, mais je ne peux pas vous conseiller ce produit".

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