Convention Climat : l'aventure "hors-norme" d'un Citoyen qui ne "lâchera rien"

Auteur:
 
Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS - Paris (AFP)
Publié le 08 février 2021 - 08:00
Image
Pierre Fraimbault, aide-soignant parmi les 150 citoyens de la Convention climat, pose à Madrid lors de la COP25 en novembre 2019
Crédits
© CRISTINA QUICLER / AFP/Archives
Pierre Fraimbault, aide-soignant parmi les 150 citoyens de la Convention climat, pose à Madrid lors de la COP25 en novembre 2019
© CRISTINA QUICLER / AFP/Archives

A l'approche du terme de son aventure "hors-norme" au sein de la Convention climat, l'aide-soignant Pierre Fraimbault a toujours "la flamme": malgré les craintes de dénaturation des propositions des 150 Citoyens, pour lui, il n'y a "pas le choix", "il ne faut pas lâcher".

En septembre 2019, le quinquagénaire était tiré au sort pour participer à cette expérience inédite en France: charger 150 citoyens lambda de proposer une série de mesures visant à réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre de la France d'ici 2030 par rapport à 1990.

Dix-huit mois plus tard, il ne regrette pas une seconde d'avoir dit oui.

"Moi je suis dans la +vraie vie+, je suis aide-soignant (...). Là on nous a demandé un travail qui va normalement influencer la vie quotidienne de chaque Français dans les 10 ans qui viennent. C'est hors norme", explique-t-il à l'AFP.

A quelques jours de la présentation en Conseil des ministres du projet de loi Climat issu des propositions de la Convention, il refuse de se dire déçu, malgré les critiques des défenseurs de la planète qui accusent le gouvernement d'avoir détricoté ces mesures.

"Je ne suis pas surpris en fait", lance-t-il. "Je comprends que changer complètement la façon de consommer, la façon de se loger, de se déplacer, ça ne peut pas se faire du jour au lendemain, c'est extrêmement compliqué".

Mais pour autant, il rejette l'argument faisant porter à la crise liée à la pandémie de Covid-19 la responsabilité des reports de certaines réformes.

"Dès qu'on n'avance pas, on dit +c'est dur avec la Covid+. La Covid, elle a bon dos !", insiste-t-il.

- "Je vais vous montrer" -

Au contraire, "c'est notre façon de vivre, de consommer, de vivre et de produire qui a ramené cette zoonose. On ne peut plus continuer comme ça", estime ce père de deux enfants qui roule en hybride et vit en Moselle. "Ce virus, là justement, il nous dit: +vous avez toujours pas compris et bien je vais vous montrer+".

Fin février, les 150 Citoyens doivent se réunir une dernière fois pour formellement donner leur avis sur la réponse de l’exécutif à leurs propositions. Soit quelques jours après la présentation du projet de loi qui selon le gouvernement doit reprendre 40% des mesures, du "CO2-Score" pour afficher l'impact climatique des produits à la fin de la location des logements "passoires thermiques" en 2028.

Mais après cette dernière session, "je ne pense pas que la porte sera définitivement fermée", insiste Pierre Fraimbault, pensant notamment au travail des parlementaires qui examineront ensuite le texte.

"Parmi les citoyens, il y en a qui sont blasés", note-t-il. Mais pas lui: "il n'y a pas le choix, je ne lâche pas facilement".

Après la présentation des 149 mesures en juin, Emmanuel Macron en avait écarté trois, s'engageant à reprendre les 146 autres. Et "ces 146 là, on veut les retrouver, pas trop dénaturées, même si c'est dans cinq ans", réclame Pierre Fraimbault.

"Déjà ce qu'on a proposé n'est pas suffisant, donc vous vous rendez compte s'ils n'appliquent même pas ce qu'on demande !", lance-t-il.

- "Une claque" -

Mais il sait bien que l'ampleur des réformes proposées rencontre de la "résistance": "renoncer à son confort, à sa façon de consommer, de vivre et se déplacer... les gens ne sont pas près".

Alors qu'au fil des sessions, les 149 autres citoyens et lui ont pu se rendre compte de la réalité dramatique du changement climatique: "On nous a bombardé de chiffres, on a pris une claque".

Au plan personnel, l'aide-soignant ne pense pas pour l'instant prolonger son engagement en se lançant en politique, comme certains de ses collègues Citoyens. Il s'interroge en revanche sur un "virage" professionnel, dans un secteur plus lié à l'environnement.

En attendant, il tente de convaincre autour de lui, à son travail, défendant et expliquant sans cesse les propositions de la Convention.

"Je ne me lasse pas d'en parler, d'essayer", indique-t-il, même si ses interlocuteurs sont parfois plus curieux des détails de ses rencontres avec le président Emmanuel Macron.

"Je veux garder encore un petit peu cette flamme, j'y crois encore", martèle-t-il.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.