Corse : reçu par Philippe, l'exécutif nationaliste attend que Macron donne "le la"

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Par Marc PREEL, avec Maureen COFFLARD à Ajaccio - Paris (AFP)
Publié le 22 janvier 2018 - 19:36
Mis à jour le 23 janvier 2018 - 00:04
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Les dirigeants nationalistes corses Jean-Guy Talamoni (g) et Gilles Simeoni (d) lors d'une rencontre avec le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, le Premier ministre Edouard Philippe, et la ministr
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© JACQUES DEMARTHON / POOL/AFP
Les dirigeants nationalistes corses Jean-Guy Talamoni (g) et Gilles Simeoni (d) lors d'une rencontre avec le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, le Premier ministre Edouard P
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Reçus par Edouard Philippe pour une "prise de contact" après leur large victoire aux élections territoriales, les dirigeants nationalistes corses Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni ont dit lundi attendre qu'Emmanuel Macron "donne le la" lors de sa visite début février dans l'île de Beauté.

Le déplacement du chef de l'Etat, prévu le 6 février à l'occasion du 20e anniversaire de l'assassinat du préfet Erignac, sera "très certainement" l'occasion pour M. Macron "de s'exprimer et de donner +le la+ sur ce que sera la position, non seulement du gouvernement, mais de l'Etat" sur la Corse, a indiqué M. Simeoni à la sortie de leur entretien avec le Premier ministre à Matignon.

La visite présidentielle devrait ainsi être plus longue que la seule journée du 6 février et "donner lieu à une séquence politique en plus de la séquence mémorielle" de l'hommage à Claude Erignac, a-t-il indiqué. L'Elysée n'a pas fait de commentaires.

Quant à la rencontre de plus de deux heures avec le Premier ministre, c'était "un point d'étape", selon M. Simeoni, qui a permis de faire état des revendications du camp nationaliste mais n'a pas débouché sur un changement de position du gouvernement.

Les élus nationalistes veulent mettre sur la table leurs "points fondamentaux" historiquement rejetés à Paris: coofficialité de la langue corse avec le français, statut de résident corse permettant de protéger les insulaires de la spéculation immobilière, amnistie des prisonniers dits "politiques", reconnaissance de la Corse voire du "peuple corse" dans la Constitution, statut d'autonomie "de plein droit" de l'île de Beauté...

"Le Premier ministre a enregistré ces positions" mais "le gouvernement n'est pas allé plus loin dans la prise en compte de nos demandes et revendications, ce qui peut représenter une forme de déception", a souligné M. Simeoni.

- premier rendez-vous -

Sur la question constitutionnelle, "la porte n'a pas été fermée concernant notre demande forte de l'inscription d'une reconnaissance de la spécificité de la Corse", selon l'élu corse.

L'exécutif veut que la naissance de la collectivité de Corse, et l'accompagnement de ses compétences, soit le premier sujet.

Selon Matignon, le Premier ministre a émis "une proposition de méthode": d'une part une proposition sur l'investissement et le développement alors que le programme exceptionnel d'investissement touche à sa fin à la fin de l'année.

Et d'autre part "une offre d'ingénierie", c'est-à-dire une mobilisation des services de l'Etat pour apporter de l'expertise à la nouvelle collectivité.

C'était le premier rendez-vous avec le Premier ministre depuis l'écrasante victoire de la liste commune nationaliste Pè a Corsica (Pour la Corse) aux élections territoriales de décembre, avec 56,5% des suffrages.

La visite sur l'île le 5 janvier de la ministre Jacqueline Gourault, désignée "Madame Corse" du gouvernement, avait donné lieu à un dialogue qualifié de "constructif" de part et d'autre.

Si elle avait repoussé clairement certaines revendications, comme la coofficialité, la ministre MoDem avait fait un pas, en indiquant que le projet de réforme constitutionnelle pourrait "débloquer un certain nombre de sujets concernant la Corse", citant notamment la question foncière, la loi littoral, la gestion des déchets, via l'extension du droit d'expérimentation des collectivités.

De nouveaux rapprochements de certains prisonniers corses dans l'île sont également envisageables, au cas par cas, avait-elle dit.

MM. Simeoni et Talamoni doivent également être reçus mardi après-midi par le président du Sénat Gérard Larcher (LR) et mercredi par celui de l'Assemblée nationale François de Rugy (LREM), deux acteurs clés de la future réforme constitutionnelle.

"Un des sujets, c'est +est-ce qu'on met le mot Corse dans la Constitution ?+. On réfléchit", explique une source gouvernementale.

La visite d'Emmanuel Macron en Corse dans deux semaines s'annonçait initialement avant tout commémorative.

Jean-Guy Talamoni, qui réclame l'amnistie y compris pour le +commando Erignac+, a annoncé qu'il ne participerait pas à l'hommage, notamment pour ne pas heurter la famille. Dimanche, dans une tribune publiée dans Corse-Matin, l'élu indépendantiste a proposé un "hommage commun" religieux à "l'ensemble de ceux qui ont perdu la vie" lors du "conflit corse".

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