Covid-19 : sur une île bretonne, le vaccin livré "à domicile" par hélicoptère

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Par Laurent GESLIN - Hoedic (France) (AFP)
Publié le 29 janvier 2021 - 17:26
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Des soignants du SDIS débarquent d'un hélicoptère avec deux caisses contenant des vaccins anti-Covid-19 sur l'île de Hoëdic dans le Morbihan, le 29 janvier 2021
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© Fred TANNEAU / AFP
Des soignants du SDIS débarquent d'un hélicoptère avec deux caisses contenant des vaccins anti-Covid-19 sur l'île de Hoëdic dans le Morbihan, le 29 janvier 2021
© Fred TANNEAU / AFP

"Pour nous, c'est une aubaine": isolés du continent, un tiers de la centaine d'habitants de l'île d'Hoëdic (Morbihan) ont reçu vendredi le vaccin anti-Covid, arrivé encore congelé aux aurores par hélicoptère depuis le continent.

Le soleil se lève à peine quand apparaît dans le ciel mauve de l'île, encore baignée par une lumière de pleine lune, l'hélicoptère "Dragon" de la sécurité civile.

Dans un vrombissement assourdissant l'appareil se pose doucement sur le petit carré d'herbe de l'héliport, déposant sur le sol de l'île une équipe médicale venue avec deux grandes caisses en plastique bleu contenant les doses du vaccin Pfizer-BioNTech.

"L'opération est assez exceptionnelle", glisse un des médecins qui, la veille, s'est déjà rendu sur Houat, l'île jumelle d'Hoëdic, pour y vacciner une partie de la population.

L'Autorité régionale de Santé (ARS) de Bretagne avait promis il y a dix jours des "solutions de transport adaptées" pour vacciner les îliens bretons. Depuis le début de la semaine, la vaccination des îles morbihannaises a démarré au moyen d'équipes mobiles, dont la première s'est rendue mardi sur l'île d'Arz.

Comme sur les autres îles, à Hoëdic, la mission est pilotée par le Service départemental d'incendie et de secours du Morbihan (Sdis 56). Deux médecins sont spécialement venus de Belle-Ile -Hoëdic n'ayant pas de médecin à l'année-, épaulés par deux infirmiers et une pharmacienne.

Une centaine de mètres plus bas, au port, deux pompiers arrivent en renfort à bord d'un bateau de la Société nationale de sauvetage en mer.

Après un café, l'opération peut commencer, animant les ruelles de ce "caillou" de 2,4 km2, qui avec les restrictions sanitaires, a vu ses lieux de rendez-vous, sa "Trinquette" et son "Café du Nord", baisser le rideau.

Si ce village de marins rappelle avec fierté avoir reçu son premier canot de sauvetage en 1907, Jean-Luc Chiffoleau, dont c'est le deuxième mandat de maire (SE) le reconnaît: "On n'est pas habitués à participer à un dispositif exceptionnel".

Pour l'édile de 73 ans, qui a aussi reçu une injection, cette opération est "une aubaine pour les personnes âgées, les personnes fragiles ou vulnérables".

- Dans le bureau du maire -

Pour l'occasion, la mairie s'est muée en centre de vaccination d'un jour. D'épais paravents bleus ont été installés dans le bureau du maire, situé dans la petite salle du conseil, pour créer deux espaces d'injection et une salle d'attente.

"Ça se passe un peu comme pour un don du sang", explique le commandant Philippe Coindreau du SDIS 56, il y a "une consultation médicale, l'injection et après la surveillance".

Dans une salle à côté, la pharmacienne et l'infirmière préparent les doses de vaccin qui "arrivent du centre hospitalier encore congelées", explique la pharmacienne du Sdis qui assure le suivi, le transport et le maintien au froid, à l'aide d'un traceur.

La piqûre? "C'est de la gnognotte", répond à l'AFP Bertrand Cogné, 59 ans, premier vacciné à 9H30.

"On m'a dit que je devais y aller le plus vite possible, qu'il y aura la queue", explique cet homme à la silhouette frêle qui peine à tenir sur ses jambes. Atteint d'hépatite C, il dit qu'il n'a "rien à risquer par rapport au vaccin". "Ma sœur s'est fait opérer au poumon et s'est chopé la Covid", affirme-t-il, assis dans l'entrée de la mairie.

A l'accueil, la secrétaire enchaîne les appels pour s'assurer que les personnes sur la liste pourront venir.

Une vingtaine de minutes après l'injection, Bertrand Cogné repart chez lui en ambulance, raccompagné par les pompiers.

A 10H30, dans l'espace de repos, quelques seniors qui viennent d'être vaccinés papotent derrière leur masque, ironisant sur l'heure à laquelle ils seront "libérés", espérant une collation qui se fait attendre. "Oui ça s'est bien passé, il y a pire", lâche l'un d'entre eux.

Vers 11H30, les pompiers partent chercher une dame très âgée qui réside dans l'une des maisons les plus isolées de l'île.

Les premiers vaccinés d'Hoëdic ont désormais rendez-vous dans quatre semaines, pour la 2e injection.

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