"Baby Phone" : petites vacheries entre amis (VIDÉO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 01 mars 2017 - 23:23
Mis à jour le 07 mars 2017 - 11:41
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Film Baby Phone Medi Sadoun Pascal Demolon
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©La Belle Company
Un dîner dévastateur pour Ben (Medi Sadoun, à droite) et son ami Simon (Pascal Demolon).
©La Belle Company
Des amis réunis pour un dîner, et deux d'entre eux qui se font des confidences secrètes qu'entendent les autres via le baby phone de la chambre du bébé: c'est l'idée de départ de la comédie "Baby Phone", premier film du réalisateur Olivier Casas, qui sort ce mercredi dans les salles.

Le mensonge fait souvent des ravages mais a parfois ses vertus. Au théâtre comme au cinéma, c'est en tout cas un formidable déclencheur d'humour, comme le montre Baby Phone, premier long métrage du réalisateur Olivier Casas, qui sort sur les écrans ce mercredi 8.

Parfois on ment pour la bonne cause, par amitié, pour faire plaisir ou pour ne pas faire de mal. Ou pour donner un petit coup de pouce au destin. Ainsi grâce à un premier mensonge, le jeune couple formé par Ben et Charlotte parviennent à inviter un ami, Simon, pour un dîner chez eux auquel ils ont convié un autre ami commun, Nathan. Simon (Pascal Demolon), impresario hâbleur et égoïste qui travaille dans la musique, est important pour la carrière de Ben (Medi Sadoun), musicien qui a du mal à percer et à faire reconnaître son talent.

Ben et Charlotte (Anne Marivin) ont une petite fille de 5 mois, et la jeune maman est en plein burn-out post-accouchement, lassée d'avoir à assumer seule des tâches que Ben, qui pense en priorité à sa musique, ne veut pas partager. Depuis la naissance du bébé, elle a repris son travail de kiné et éducatrice pour enfants dans l'hôpital dans lequel travaille aussi Nathan (Lannick Gautry), chirurgien et coureur de femmes maladif. Et c'est elle qui a fait la cuisine pour ce dîner, auquel participent aussi les parents de Ben, Hubert (Michel Jonasz) et Monique (Marie-Christine Adam).

La soirée commence bien, jusqu'à un incident qui va faire tout déraper. Alors qu'ils sont montés voir le bébé dans sa chambre au premier étage, Nathan et Simon se livrent à quelques confidences et échangent quelques secrets sans savoir que, via le baby phone ouvert, ils sont entendus en bas par les quatre autres.

C'est le début d'une série de scènes de ménage, de nouveaux mensonges et d'explications gênées entre amis, de vraies-fausses révélations, de jeu de la vérité dans lequel les parents de Ben ne seront pas en reste, et qui va être relancé par l'arrivée, en cours de repas, d'une chanteuse connue, Juliette (Barbara Schulz), invitée par Simon, importante pour la carrière de Ben, et ex de Nathan…

L'idée de départ du scénario (le baby phone qui transmet des propos présumés secrets) n'est pas sans rappeler celle du film Les meilleurs amis du monde, réalisé par Julien Rambaldi et sorti en 2010, lui-même adapté d'une pièce de café-théâtre. En se rendant en week-end chez des amis de 20 ans, un couple (Pierre-François Martin-Laval et Léa Drucker) téléphonait à l'autre couple (Marc Lavoine et Pascale Arbillot) à bord de leur voiture, mais chacun de son côté oubliait de raccrocher le téléphone. Le couple dans la voiture entendait alors pendant quelques minutes leurs amis débiter quelques vacheries (sans que ceux-ci sachent qu'ils étaient entendus) et, au lieu de rebrousser chemin, décidait de les rejoindre quand même avec l'idée de pourrir le week-end…

Pour Baby Phone, Olivier Casas a choisi le principe du huis-clos avec sept personnages, dont il avait déjà fait un court métrage en 2014, avant de décider de passer le cap du long métrage. Cela donne un film à la dynamique et au fonctionnement proche du théâtre de boulevard, où les situations, les quiproquos et les dialogues s'enchaînent à un rythme soutenu: "un mensonge en entraîne d’autres, et c’est un formidable levier de comédie. Tragique et donc potentiellement extrêmement drôle", explique-t-il.

Certains personnages (Simon l'impresario, Juliette la chanteuse) sont un peu forcés et moins crédibles que d'autres, certaines dialogues parfois trop lourds (la tirade de Charlotte sur sa condition de femme délaissée), mais dans l'ensemble beaucoup de répliques et de rebondissements ont bien fait rire les spectateurs qui ont vu le film au récent Festival du film de comédie de l'Alpe d'Huez et dans les avant-premières. Et on se régale, dans ce film choral, de ces sept acteurs habitués aux seconds rôles qui font la richesse du cinéma français.

La base du scénario est évidemment le mensonge, ici démasqué par le baby phone, et c'est ce qui a séduit le réalisateur Olivier Casas. "Parce que le mensonge fait partie de la vie, même chez les gens les plus honnêtes", dit-il. "On ment tout le temps et pour mille raisons, pour séduire, pour ne pas faire de peine, pour ne pas vexer, pour arriver à ses fins, etc. Le mensonge n‘est pas qu’un déclencheur de conflit ou de rupture. Il peut être un instrument de gentillesse et de bienveillance".

Mais il a ajouté à cela, dans le scénario et la définition des personnages, un autre thème, celui de la réussite au sein d'un groupe et des dangers qu'elle fait courir à l'amitié: "J’ai juste voulu montrer, j’espère avec humour, ce qui me fascine dans le lien d’amitié, un lien capable de résister aux trahisons et aux années de manière étonnante, et montrer comment, parfois, pourtant noyé dans la médiocrité, ce lien indéfectible peut s’exprimer".

Au-delà du rire, c'est ce qui donne au film un petit côté sérieux et grave, à l'image d'une des répliques de Michel Jonasz en fin de film: "Ce qui est le plus dur, c'est de se réjouir de la réussite de ses amis –surtout quand ça ne va pas fort pour vous. C'est ça, l'amitié". A méditer, entre deux éclats de rire.

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film): 

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