"La Bonne Épouse" : être une femme libérée, c'est pas si facile (vidéo)

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France-Soir
Publié le 12 mars 2020 - 19:01
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Juliette Binoche Film La Bonne Epouse
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©Memento Films
Juliette Binoche, Yolande Moreau et Noémie Lvovsky (de gauche à droite), le trio féminin du film.
©Memento Films

SORTIE CINÉ – Dans la série des films rendant hommage à la lutte des femmes pour leur émancipation depuis des décennies, voici La Bonne Épouse, qui sort ce mercredi 11 mars. Juliette Binoche y interprète la directrice d'une "école ménagère" qui va être secouée par le vent de liberté de Mai 68.

En cette rentrée scolaire 1967, Paulette Van Der Beck (Juliette Binoche) et son mari Robert (François Berléand) accueillent comme chaque année 18 jeunes filles dans leur "école ménagère" installée dans leur grand manoir de Boersch, en Alsace. Tous deux sont aidés par la sœur de Robert, Gilberte (Yolande Moreau), et une religieuse, sœur Marie-Thérèse (Noémie Lvovsky).

Tout pour devenir une "bonne épouse"

Outre l'enseignement traditionnel et religieux, l'école apprend aux jeunes filles tout ce qu'elles doivent savoir pour tenir un foyer et devenir une "bonne épouse": ménage, repassage, couture, tricot, cuisine, jardinage, broderie, hygiène, etc. –sans oublier, discrètement, les conseils pour remplir son "devoir conjugal".

Mais à la suite de la mort accidentelle de son mari, Paulette Van Der Beck se retrouve seule aux affaires, et s'aperçoit que l'institution est au bord de la faillite. Ces difficultés vont être l'occasion, pour elle, de se libérer et d'assumer des responsabilités importantes dont elle était privée, dans l'ombre de son mari.

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Elle prend donc les choses en main, ouvre le Code du travail, achète un pantalon, conduit la DS de son défunt mari, commence à s'interroger sur la condition féminine: c'est la révolution. D'autant qu'elle rencontre son banquier (Édouard Baer), qui n'est autre que son premier amour, qu'elle n'avait pas revu depuis une vingtaine d'années et qui est toujours amoureux d'elle. Et d'autant qu'à Paris, les événements de Mai 68 annoncent une époque nouvelle…

Ce n'est pas une femme mais un homme, Martin Provost, 62 ans, qui a réalisé le film. Mais il a toute légitimité pour aborder le sujet car il a toujours évoqué, dans ses précédents longs-métrages et bien avant que cela ne soit à la mode, l'émancipation féminine: Le Ventre de Juliette (2001), sur une jeune fille de 20 ans qui tombe enceinte et décide de garder son enfant contre l'avis de tous; Séraphine (2008), biopic de Séraphine de Senlis, femme de ménage devenue peintre autodidacte au début du XXe siècle; Où va la nuit (2011), histoire d'une femme qui assassine son mari violent et alcoolique; Violette (2013), portrait de la romancière française Violette Leduc, amie de Simone de Beauvoir; et récemment Sage femme (2017), rencontre entre une femme modeste et sérieuse (Catherine Frot) et l'ancienne maîtresse excentrique de son père (Catherine Deneuve).

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"Cela vient de mon histoire sans doute, puisque je me suis violemment opposé à mon père, pour qui la domination masculine était légitime. C'est aussi cette opposition qui m'a poussé à quitter ma famille très jeune et à faire les films que je fais", explique-t-il. "La Bonne Épouse est certainement le film qui me ressemble le plus. Il réunit tous les autres. C'est mon film le plus libre, mais aussi peut-être, et contrairement aux apparences, le plus engagé".

L'intention est donc louable, mais le résultat est loin des espérances. Dès le début les acteurs surjouent –Juliette Binoche en tête–, c'est caricatural, lourd, gros sabots, avec des scènes et des dialogues sans finesse, au premier degré –y compris les allusions au climat politique de l'époque (Mai 68, De Gaulle, la CGT, la peur des "cocos", etc.). La réalisation est parfois un peu bâclée: au fil des séquences, les jeunes filles sont d'abord 18, puis parfois 12, puis parfois 16…

Une fin qui frise le ridicule

Même la romance entre Juliette Binoche et Édouard Baer, à coups de grands espaces dans les montagnes d'Alsace et de musique sirupeuse, manque de naturel et de légèreté. Et que dire de la fin du film, qui frise le ridicule: les jeunes filles et leurs trois accompagnatrices, qui finissent à pied un voyage en autocar vers Paris bloqué par les événements de Mai 68, se mettent à chanter et danser en entonnant des slogans féministes et en citant les noms de femmes célèbres. Dans cet épilogue façon comédie musicale, on est plus proche de la dernière pub pour La Poste que de Jacques Demy ou de La La Land

Lire les critiques:

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