De Tinder à Captain America : tout est bon pour attirer les électeurs au Brésil

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Par Rosa SULLEIRO - Sao Paulo (AFP)
Publié le 29 septembre 2018 - 08:45
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Le candidat aux élections législatives au Brésil Luiz Carlos de Paula pose en costume de Captain America lors de sa campagne électorale à Sao Paulo le 26 septembre 2018.
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© NELSON ALMEIDA / AFP
Le candidat brésilien Luiz Carlos de Paula pose en costume de Captain America à Sao Paulo le 26 septembre 2018.
© NELSON ALMEIDA / AFP

Moulé dans son costume bleu, Captain America distribue des tracts aux passants médusés. C'est un candidat au poste de député de l'État de Sao Paulo, policier brésilien de 50 ans, prêt à tout pour attirer les électeurs.

Pour se distinguer parmi les plus de 27.000 impétrants qui se présentent aux élections générales du 7 octobre, certains rivalisent de créativité.

Batman, Snoopy et plusieurs Pères Noël se présentent également, tout comme Ben Laden, qui retente sa chance après avoir échoué en 2014.

La loi électorale brésilienne autorise les candidats à se présenter sous le nom qu'ils souhaitent, à condition qu'il ne soit pas insultant. Ainsi, un candidat de l'État amazonien d'Amapa (nord) n'a pas hésité à envoyer pour l'inscription une photo de lui en costume de Spider Man.

"Si tu distribues un tract habillé normalement, les gens jettent un coup d'oeil et le jettent à la poubelle. Mais quand on voit un super-héros, ça suscite la curiosité", explique à l'AFP Captain America, brandissant son grand bouclier étoilé devant un hôpital pour enfant de Sao Paulo.

- Clowneries électorales -

De son vrai nom Luiz Carlos de Paula, Captain America considère qu'il faut aussi incorporer l'esprit du super-héros.

"Il faut avoir une histoire. Ça ne sert à rien de mettre un costume et de dire: je suis Batman", affirme celui qui s'est enregistré en tant que Captain America de Paula.

En 2012, ce policier a survécu par miracle après avoir été atteint par trois balles lors d'un vol à main armée. Depuis, il revêt régulièrement son costume pour rendre visite à des enfants malades du cancer dans les hôpitaux.

Cette initiative l'a rendu célèbre dans son quartier, et ses voisins lui ont conseillé de tenter sa chance en politique. Il s'est alors inscrit au PSL, parti du candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro, en tête des intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle.

Le modèle du genre en termes de candidatures est le clown Tiririca, qui, contrairement au Captain America de Sao Paulo, est une figure médiatique renommée, ayant participé à de nombreuses émissions de télévision.

Avec son slogan "Ça ne peut pas être pire", il avait surfé sur la vague du vote protestataire au point de devenir le député le mieux élu du pays avec 1,3 million de voix en 2010.

Réélu haut la main en 2014, il a démissionné à la surprise générale en décembre dernier, mais a finalement décidé de briguer un troisième mandat avec des phrases choc comme la prophétie: "le dollar chutera plus que Neymar". Une référence à la forte dépréciation du réal brésilien face à la monnaie américaine et aux critiques envers l'attaquant star de la Seleçao pour ses simulations pendant le Mondial-2014.

- Opération séduction -

"Il y a beaucoup de candidats et peu de temps de parole à la radio et à la télévision. Pour se distinguer, certains cherchent d'autres moyens de toucher les électeurs", explique Fernando Meireles, professeur de sciences politiques à l'Université fédérale de Minas Gerais.

Si certains misent sur les réseaux sociaux traditionnels comme Facebook ou Twitter, Felipe Oria, lui, préfère séduire les électeurs sur Tinder, célèbre application de rencontres.

Ce Brésilien de 27 ans s'est inscrit en juillet et n'a pas tardé à recevoir plus de 400 "matches" (rencontres de deux profils) par jour.

"Au début, j'ai mis une photo de moi, mais après, c'était des extraits de mon programme, en demandant aux autres usagers de 'matcher' mes idées", affirme ce professeur d'université de Pernambouc (nord-est) diplômé de Harvard, qui se présente à la députation fédérale.

Des candidats de tout le pays lui ont demandé des conseils. Hélas pour lui, Tinder a fermé son compte au bout d'un mois, considérant qu'il ne l'utilisait pas aux fins prévues.

"Tant qu'il n'y aura pas de réforme politique qui permette une meilleure distribution des fonds de campagne et du temps de parole, il y aura très peu de nouvelles têtes au Parlement", déplore le candidat, qui a obtenu 150.000 réais (près de 34.000 euros) grâce à un financement collectif sur internet.

"C'est David contre Goliath", conclut Felipe Oria, qui, contrairement à d'autres, n'est pas doté de super-pouvoirs.

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