Débuts mouvementés pour le bac nouvelle formule

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Par Anne-Sophie MOREL et Isabelle TOURNE - Paris (AFP)
Publié le 24 janvier 2020 - 08:54
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Manifestation contre le nouveau bac et notamment les nouvelles épreuves, les E3C, le 20 janvier 2020 à Montfort-sur-Meu , dans l'ouest de la France
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© Damien MEYER / AFP/Archives
Manifestation contre le nouveau bac et notamment les nouvelles épreuves, les E3C, le 20 janvier 2020 à Montfort-sur-Meu , dans l'ouest de la France
© Damien MEYER / AFP/Archives

Sujets éventés, examens perturbés, voire reportés: le nouveau bac voulu par Jean-Michel Blanquer, qui démarrait cette semaine avec les premières épreuves de contrôle continu, a connu dans certains établissements un début "chaotique".

Ces épreuves d'histoire-géo, de langues vivantes et de mathématiques pour la voie technologique, donnent le coup d'envoi du bac nouvelle formule et vont s'échelonner jusqu'en mars pour les élèves de Première.

Cette semaine, elles ont commencé dans environ 400 lycées. "Dans l'immense majorité des cas cela se passe en toute sérénité", a assuré mardi Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education.

Depuis plusieurs jours, des syndicats, des professeurs et des lycéens appelaient à diverses actions pour "faire barrage" à ce nouveau bac qui va créer des inégalités, selon eux.

En juin dernier, une grève inédite de la surveillance et de la correction du baccalauréat avait fortement entaché la précédente session d'examen.

Les perturbations annoncées ont bien eu lieu cette semaine dans environ 110 lycées, selon le ministère, et une quarantaine n'ont pas eu d'autre choix que de reporter ces épreuves, appelées "E3C" dans le jargon, qui vont au total compter pour 30% de la note finale.

Vendredi, environ 150 élèves bloquaient l'entrée d'un lycée du centre de Caen, refusant d'être des "cobayes" du nouveau bac, a constaté une journaliste de l'AFP.

"A Saint-Etienne, des élèves ont fait irruption dans la salle où se déroulait l'examen, renversé des tables, arraché des copies et en ont aspergé certaines de détergent", rapporte également Pascal Bolloré, secrétaire général adjoint du principal syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN).

"A Bordeaux, des départs de feu volontaires ont été constatés à plusieurs endroits d'un bâtiment où les élèves composaient", a-il poursuivi. A La Rochelle, certains élèves ont dû escalader des grilles d'un lycée pour accéder aux salles d'examen, a encore témoigné un représentant de la fédération de parents d'élèves FCPE.

Face à ces perturbations, le recteur de l'académie d'Aix-en-Provence a demandé aux proviseurs de sa zone, dans un courrier dont l'AFP a obtenu copie, de rappeler, "avec pédagogie mais si besoin avec fermeté", les sanctions encourues par les professeurs "entrés dans une logique de rébellion qui est la négation complète du statut de fonctionnaire".

Dans la majorité des cas, les E3C ont toutefois pu avoir lieu. Mais pas forcément selon les mêmes modalités. Si dans certaines salles d'examen, on se rapprochait des conditions de passage du bac, dans d'autres, les élèves ont planché dans un cadre bien moins strict.

- "Rupture d'égalité" -

"Lundi, 90% des profs convoqués pour surveiller les épreuves à Lavoisier étaient en grève", raconte Marc Tourret, qui enseigne l'histoire-géo dans ce lycée parisien. Conséquence: "Les élèves ont travaillé dans des conditions étranges, avec des intendants ou des laborantins en guise de surveillants".

Il décrit une session "extrêmement chaotique", avec "une alarme déclenchée au milieu de l'épreuve". "Les possibilités de triche étaient très fortes", conclut-il.

Pour le ministre de l'Education, ce désordre "provoqué" n'a pour responsables que ceux qui le créent. "Il n'y a pas d'impréparation technique de la part de l'institution", martèle-t-il.

Un autre dysfonctionnement, pointé par les opposants de ce nouveau bac, concerne les sujets eux-mêmes, massivement divulgués sur les réseaux sociaux depuis le début de la semaine.

Chaque proviseur est en charge de les sélectionner après une suggestion de l'équipe enseignante, qui pioche dans une "banque nationale".

"Depuis lundi, il y a eu une fuite assez importante, avec des captures d'écran publiées sur les réseaux sociaux", regrette Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, farouchement opposé à la réforme du bac. "C'est clairement une rupture d'égalité entre élèves".

"Tout le monde envoie les sujets dès qu'une épreuve est terminée, il y a en a partout sur Instagram, Twitter...", raconte à l'AFP Pierre, en Première dans un lycée parisien.

Ceux qui passent les épreuves en fin de période seront-ils ainsi avantagés ? "Si les élèves décident de préparer tous les sujets qu'ils voient passer, cela sera du travail utile. Et beaucoup d'efforts déployés pour une probabilité relativement faible de tomber dessus", rétorque-t-on au ministère.

asm-ito-jp-clc/jt/shu

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