Double attentat au Nigeria : le bilan s'alourdit à 86 morts

Auteur:
 
Par AFP - Kano
Publié le 02 mai 2018 - 21:25
Image
Carte du Nigeria localisant Mubi où des dizaines de personnes ont trouvé la mort dans un double attentat
Crédits
© Laurence SAUBADU / AFP
Carte du Nigeria localisant Mubi où des dizaines de personnes ont trouvé la mort dans un double attentat
© Laurence SAUBADU / AFP

Des employés du cimetière de Mubi, ville du nord-est du Nigeria théâtre d'un double attentat mardi, ont affirmé mercredi à l'AFP avoir enterré 86 personnes tuées dans l'attaque, contredisant les bilans des autorités, bien inférieurs.

"En tout, 86 morts ont été enterrés entre hier et aujourd'hui", a affirmé un employé du cimetière. "Nous n'avons reçu aucun autre corps depuis 14H30 et nous espérons avoir terminé désormais", a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat.

L'un de ses collègues avance le même chiffre, expliquant qu'ils avaient "enterré 76 corps jusqu'à 21H00 (20H00 GMT)" mardi et "10 ce matin (mercredi), vraisemblablement des personnes blessées qui ont succombé à leurs blessures pendant la nuit. (...) J'étais choqué en entendant" le bilan donné par les autorités, a-t-il confié à l'AFP.

Le porte-parole local de l'Agence nationale de gestion des urgences, Imam Garki, affirme de son côté que ce double attentat attribué au groupe jihadiste nigérian Boko Haram a fait "30 morts", et que les personnes grièvement blessées, "évacuées à Yola", la capitale de l'Etat de l'Adamawa, "répondaient bien au traitement".

Interrogé sur la disparité entre les chiffres officiels et les déclarations des témoins sur place, le ministre local de l'Information, Ahmed Sajo, a reconnu qu'il était "possible que des proches des victimes aient emmené les corps directement pour être enterrés, sans passer par l'hôpital", où ils ont procédé au comptage.

Dans la tradition musulmane, les corps des victimes doivent être rapidement enterrés, ce qui complique le comptage, dans une région très difficile d'accès.

Mardi, à 13H30 (heure locale), un kamikaze s'est fait exploser dans une mosquée de Mubi, dans l'Etat d'Adamawa, puis un second, dans un marché qui se trouve à proximité, au moment où les fidèles s'enfuyaient.

"C'est le chaos ici", avait rapporté à l'AFP un secouriste volontaire, Habu Saleh, peu après l'explosion. Un autre habitant avait parlé de "la pire attaque sur Mubi".

La ville de Mubi a été régulièrement visée par les attaques du groupe jihadiste nigérian Boko Haram, qui sévit dans le nord-est du Nigeria.

- 'Choqué et révolté' -

Dès mercredi, le vice-président Yemi Osinbajo, se disant "choqué et révolté" par cet attentat, a ordonné le renforcement des mesures de sécurité à Mubi.

"La profanation d'un lieu de prière par des criminels est tragique et condamnable", a déclaré M. Osinbajo dans un communiqué.

"Les services de sécurité ont reçu des instructions pour prendre immédiatement des mesures pour renforcer la sécurité à Mubi et ses environs, et tout particulièrement près des marchés et lieux de prière", a-t-il ajouté.

Le président Muhammadu Buhari, qui veut briguer en deuxième mandat lors de la présidentielle de février 2019, a fait de la lutte antijihadiste une des priorités, mais les attaques régulières et l'enlèvement d'une centaine de lycéennes par le groupe jihadiste en février, mettent au jour les graves failles sécuritaires dans le nord-est du pays.

En visite à la Maison Blanche, où il était reçu lundi par Donald Trump, le président nigérian a remercié les Etats Unis pour leur "soutien dans la lutte contre le +terrorisme+" et d'avoir accepté la vente d'avions militaire et d'armement au Nigeria pour une somme de quelque 500 millions de dollars.

La semaine dernière, des combattants lourdement armés ont lancé une attaque contre la capitale de l'Etat du Borno, Maiduguri, bastion de la région qui abrite plusieurs millions de personnes et fortement sécurisée par l'armée nigériane.

Le conflit qui ravage les contours du Lac Tchad a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés au Nigeria depuis 2009.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.