En pleine chasse aux fugitifs, la Chine accueille Interpol

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 26 septembre 2017 - 10:21
Image
Le président chinois Xi Jinping à l'assemblée générale d'Interpol, le 26 septembre 2017 à Pékin.
Crédits
© Lintao Zhang / POOL/AFP
Le président chinois Xi Jinping à l'assemblée générale d'Interpol, le 26 septembre 2017 à Pékin.
© Lintao Zhang / POOL/AFP

Interpol a ouvert mardi à Pékin sa grand-messe annuelle, à l'heure où la Chine poursuit une intense campagne de rapatriement d'escrocs et de fraudeurs présumés, parfois accusée de servir ses intérêts politiques.

Lors de cette assemblée générale, quelque 1.000 dirigeants policiers et politiques vont discuter pendant quatre jours à huis clos de terrorisme, de crime organisé ou encore de cybercriminalité.

Interpol, qui permet des échanges d'informations entre les polices de 190 pays, est un outil crucial pour la Chine, à l'heure où le président Xi Jinping a fait de la lutte contre la corruption des cadres du régime un de ses chevaux de bataille.

Dans ce contexte, Pékin a lancé une opération "Chasse aux renards" qui a déjà permis de rapatrier au moins 2.500 ressortissants suspectés de crimes économiques, selon les autorités.

Si l'organisation policière basée à Lyon (France) n'émet pas de mandats d'arrêt, elle peut publier, sur demande d'un Etat membre, des "notices rouges", c'est-à-dire des avis de recherche internationaux.

De nombreux pays occidentaux restent cependant prudents, face à une Chine où la justice est soumise au Parti communiste (PCC). La France avait toutefois accepté d'extrader l'an passé un citoyen chinois, une première depuis l'application en 2015 d'un accord bilatéral d'extradition, selon Pékin.

"Les pays, tout en assurant leur propre sécurité, doivent également prendre en compte celle des autres", a plaidé le président chinois Xi Jinping mardi en ouverture de l'assemblée générale, selon l'agence officielle Chine nouvelle.

Il a exhorté les pays riches à épauler ceux en développement en matière de sécurité et appelé à soutenir le rôle d'Interpol au niveau international.

- 'Sans fondement' -

"Avec l'augmentation des investissements et du nombre de citoyens chinois à l'étranger, il est inévitable que la Chine adopte une posture plus active au sein de la communauté internationale pour protéger ses intérêts", déclare à l'AFP Stefanie Kam, de l'Université de technologie de Nanyang à Singapour.

"Son engagement dans Interpol est un signal clair qu'elle prend au sérieux les menaces nationales ou transnationales susceptibles de saper ses intérêts", souligne-t-elle.

Mais depuis l'élection fin 2016 du vice-ministre chinois de la Sécurité publique Meng Hongwei comme président de l'organisation internationale policière, les critiques de défenseurs des droits de l'homme s'accumulent.

Le père de la dissidence chinoise, Wei Jingcheng, exilé aux Etats-Unis depuis 1997, a dit craindre que Pékin utilise ainsi l'institution policière internationale pour "rapatrier des opposants politiques".

"En tant que numéro deux de la police chinoise -- connue pour sa détention, sa torture et son harcèlement de militants -- nous craignons que M. Meng ne soit peut-être pas en mesure d'assumer sa responsabilité de défense de la constitution d'Interpol", a indiqué à l'AFP Maya Wang, de l'organisation Human Rights Watch.

Des craintes jugées "sans fondement" la semaine dernière par le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lu Kang.

- La Palestine candidate -

Ces accusations interviennent alors que l'un des fugitifs les plus recherchés de Chine, le milliardaire Guo Wengui, exilé à New York, est visé depuis avril par une "notice rouge". Cet ancien homme d'affaires, accusé de malversation par Pékin, assure détenir des preuves de la corruption de hauts dirigeants chinois. Les Etats-Unis n'ont pas indiqué s'ils comptaient ou non procéder à son extradition.

Face aux accusations de partialité, Interpol réfute fermement et rappelle l'article 3 de ses statuts, selon lequel il "s'interdit absolument toute intervention ou activité à caractère politique, militaire, religieux ou racial".

Une autre dossier agitera cette assemblée générale: la candidature de l'Autorité palestinienne, à laquelle s'oppose fermement la diplomatie israélienne.

La Palestine, en quête de reconnaissance par les institutions internationales, dispose d'un statut d'observateur à l'ONU depuis 2012 et a déjà rejoint la Cour pénale internationale et l'Unesco.

Elle tentera à nouveau d'intégrer Interpol après un échec l'an passé et devra obtenir pour cela une majorité des deux-tiers.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.