Européennes : pour LREM, le centre droit en France, le centre gauche en Europe

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Par Paul AUBRIAT - Strasbourg (AFP)
Publié le 11 mai 2019 - 22:40
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Jean-Pierre Raffarin au meeting de La République en Marche, le 11 mai 2019 à Strasbourg
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© FREDERICK FLORIN / AFP
Jean-Pierre Raffarin au meeting de La République en Marche, le 11 mai 2019 à Strasbourg
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Un appel du pied au centre droit français, un clin d'œil appuyé au centre gauche européen: les troupes macronistes ont réinventé le +Et en même temps+ samedi, à Strasbourg, à quinze jours d'un scrutin européen toujours incertain.

Invité d'honneur du jour: Jean-Pierre Raffarin, toujours officiellement encarté LR mais soutien de la liste "Renaissance" portée par La République en marche, au nom du vote utile. Car, selon l'ancien Premier ministre, voter pour la liste conduite par Nathalie Loiseau, "c'est voter pour la France".

"Entre Nathalie Loiseau et Édouard Philippe, je ne me sens pas comme un étranger. J'habite à la même adresse: rue Juppé, c'est à droite sur l'avenue de l'Europe, dans le prolongement des grands boulevards Pompidou, Giscard, Chirac et Sarkozy", a lancé Jean-Pierre Raffarin.

"Où est notre ambition? Elle est dans la vision d'Emmanuel Macron", a-t-il encore asséné, en faisant valoir que "cette renaissance de l'Europe va être déterminante dans les six prochains mois". "Or, qui a l'expérience de l'Europe comme l'a Nathalie (Loiseau)?", a encore interrogé M. Raffarin, en appelant à "se rassembler en votant pour la liste Renaissance, c'est-à-dire en votant pour la France".

Édouard Philippe, dont c'était le deuxième meeting dans la campagne européenne, a parachevé l'exercice en visant la tête de liste de son ancien parti, LR, François-Xavier Bellamy, lequel a fait des "racines judéo-chrétiennes" et "gréco-romaines" du continent l'un des axes majeurs de sa campagne.

"Des racines, ça ne fait pas un projet, il faut lui rajouter des ailes", lui a sèchement répondu le locataire de Matignon.

- Discours urbi et orbi -

Dans la capitale européenne, au-delà de ces seules considérations de campagne nationale, le discours de Strasbourg avait surtout l'ambition de s'adresser à tout le continent et de dessiner les contours du futur "groupe non plus centriste, mais central" que Nathalie Loiseau et ses colistiers entendent créer au Parlement européen.

Parmi les partenaires déjà connus, Guy Verhoestadt - ancien Premier ministre belge de centre droit et président des libéraux au Parlement européen - s'est fendu d'un message vidéo en appelant au "rassemblement des démocrates, progressistes, libéraux, centristes, réformateurs".

Mais c'est désormais aussi au centre gauche européen que LREM entend consolider sa future coalition.

D'abord, avec l'ancien chef du gouvernement italien, le social-démocrate Matteo Renzi, qui a lui-aussi envoyé une vidéo pour vanter les mérites de son "ami le président de la République Emmanuel Macron" et leur lutte commune contre "les nationalistes", en nommant Marine Le Pen et Matteo Salvini, le ministre de l'Intérieur transalpin d'extrême droite.

Ensuite, avec une surprise du chef: un message de soutien du Premier ministre socialiste portugais, António Costa.

"Les forces progressistes doivent s'unir pour permettre le changement nécessaire, pour redonner confiance: cher Emmanuel, nous comptons sur ta détermination pour ces changements progressistes", a lancé l'homme fort de Lisbonne.

En stagnation dans les sondages qui les donnent désormais parfois distancées par le Rassemblement national, les troupes macronistes entendent ainsi rendre crédible l'hypothèse d'un groupe au Parlement de Strasbourg capable de concurrencer les conservateurs du Parti populaire européen (auquel appartiennent Les Républicains de Laurent Wauquiez et la CDU d'Angela Merkel) et le Parti socialiste européen, tous deux jusqu'alors ultra-majoritaires.

C'est également le "sérieux" de leur liste qui est mis en avant - "parce que l'Europe est une chose sérieuse" - terme aujourd'hui brandi par Nathalie Loiseau elle-même en réponse aux critiques en austérité qui lui sont faites.

Samedi, en clôture du meeting, l'ancienne ministre d'Emmanuel Macron a réitéré ses sévères critiques contre les populismes, en rappelant qu'"il y a cinq ans seulement, personne n'aurait imaginé" l'extrême droite au gouvernement en Italie, en Autriche, ou la percée des nostalgiques du Franquisme en Espagne.

Devant quelque 800 sympathisants, la tête de liste a prévenu: "Nous ne serons pas les somnambules de l'Europe".

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