"Gilets jaunes" : grand ménage à la tête de la préfecture de police de Paris

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Par Gregory DANEL - Paris (AFP)
Publié le 19 mars 2019 - 15:36
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Des "gilets jaunes" devant un bâtiment de la préfecture de police de Paris, le 5 janvier 2019
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© ERIC FEFERBERG / AFP
Des "gilets jaunes" devant un bâtiment de la préfecture de police de Paris, le 5 janvier 2019
© ERIC FEFERBERG / AFP

Après le nouveau saccage des Champs-Elysées lors de l'acte 18 des "gilets jaunes", la réponse sécuritaire de l'exécutif dans cette crise sans précédent s'accompagne d'un grand ménage à la tête de la puissante préfecture de police.

Les sanctions continuent de tomber au sein de la "PP", institution souvent considérée comme un "Etat dans l'Etat". Le limogeage du préfet Michel Delpuech officialisé lundi par Edouard Philippe a été suivi mardi matin d'autres sanctions, avec le départ annoncé de deux grands cadres de la préfecture de police.

Pierre Gaudin, le directeur de cabinet du préfet de police et Frédéric Dupuch, le directeur de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne, dans l'oeil du cyclone depuis les scènes de violences samedi, vont être démis de leurs fonctions, ont affirmé à l'AFP des sources gouvernementales et proches du dossier.

Le sort du premier devrait être officialisé dès mercredi à l'issue du conseil des ministres.

La haute hiérarchie de la "PP" avait été épargnée cet été lorsqu'a éclaté l'affaire Benalla. Elle a cette fois été sanctionnée par l'exécutif pour "des dysfonctionnements" qui auraient fait dérailler la nouvelle stratégie du maintien de l'ordre décidée par Beauvau après les violences du 1er décembre 2018 dans la capitale, lors de l'acte 3 des "gilets jaunes".

"Des consignes inappropriées ont été passées pour réduire l'usage" des lanceurs de balles de défense (LBD), a déploré lundi Edouard Philippe.

Parmi les griefs, le choix d'adopter une munition d'une portée réduite et de limiter le nombre de LBD, une arme controversée accusée d'avoir provoqué de graves blessures chez des manifestants, octroyés aux unités chargés d'interpeller les casseurs.

Regrettant une "inhibition" des forces de l'ordre et une stratégie du maintien de l'ordre "pas mise en œuvre", le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a également affirmé que "des décisions, des instructions ont échappé" au préfet de police.

- "Bonne chance" -

Sous le feu des critiques de l'opposition, l'exécutif a décidé d'assumer une stratégie plus musclée, symbolisée par la nomination de Didier Lallement comme préfet de police, décrit comme un homme "à poigne". Il "doit remettre de l'ordre là où c'est nécessaire", a résumé M. Castaner, lui-même visé par des appels à la démission de LR et du RN. "S'il le faut, nous interpellerons massivement", a déclaré le secrétaire d'Etat Laurent Nuñez à l'Assemblée.

En jouant la carte des "fusibles" au sein de la haute fonction publique, des sources policières font valoir que l'exécutif se donne temporairement de l'oxygène mais prend le risque de s'exposer encore davantage en cas de nouveaux débordements dans le maintien de l'ordre lors de prochaines manifestations des "gilets jaunes".

"Changer toutes les têtes en pleine crise n'est jamais bon. S'il y a eu des instructions contraires à la stratégie ministérielle, il faut que les gens assument mais je souhaite +bonne chance+ aux nouveaux qui vont avoir rapidement les mains sur les manettes", estime David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN-Unsa).

"Quels que soient les hommes, il faut donner les moyens pour être efficaces", souligne Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d'Alliance, syndicat majoritaire chez les gardiens de la paix.

Outre la future loi anti-casseurs qui va devoir passer par le Conseil constitutionnel, Matignon a renforcé l'arsenal répressif en promettant des interdictions de manifester et en "donnant une plus grande autonomie aux forces sur le terrain" et des moyens nouveaux, tels les drones ou des produits destinés à marquer physiquement les fauteurs de troubles.

Certains syndicats policiers demeurent dubitatifs sur l'efficacité des interdictions de manifester. "Tout le monde sait que si on interdit un quartier ciblé, ils vont aller ailleurs", juge ainsi M. Lagache, pas convaincu par l'augmentation du prix (à 135 euros) de la contravention sanctionnant l'infraction.

"On demande de transformer cette contravention en délit. Il faut pouvoir interpeller avant que les manifestations ne puissent grossir", estime M. Lagache.

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